Critique de Lost River, premier film de Ryan Gosling

Premier film écrit et réalisé par Ryan Gosling lui-même, Lost River est très attendu par un public qui se demande quel style le chouchou du public va embrasser. Mais justement, de quel type de public parle-t-on ?

Synopsis

Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.

Critique

Pour un premier film, Ryan Gosling a décidé de torturer les critiques de films… On aime, on aime pas, voire on déteste. Qu’on se le dise, Lost River est très loin du film grand public, sauf à avoir une sensibilité particulière au cinéma de Terrence Malick. Les autres cinéphiles se battront entre dire que “c’est un grand film ambitieux, avec une forte charge émotionnelle et une réelle beauté” ou entre “grand patchwork décousu souhaitant raconter une histoire interminable“. Lost River est définitivement beau, bien réalisé et ambitieux. Il est aussi décousu, étrangement monté et très long. A chaque cinéphile d’y trouver son compte, ses références. Pour ce qui est du grand public, l’affaire est plus délicate…

Tout cinéphile que je suis, j’avoue être clairement du dernier avis, assez dur et probablement plus proche de l’avis du public que des initiés.

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Aborder Lost River ne peut se faire qu’avec le seul bagage technique. L’appréciation du premier film de Gosling est une réelle histoire de goût. Et il est clair que j’ai détesté le film. Il y a pourtant de belles choses à en tirer : les images sont sublimes et les acteurs sont bons. De plus, les plans de la ville de Detroit sont magnifiques et rappellent à une réalité contemporaine… Les premières séquences du film parviennent à en faire plus que des ruines et des habitants dépassés par les événements. Puis le film s’enfonce lentement dans une interminable quête de rien du tout.

Au delà de l’histoire très banale, il faut savoir qu’il existe un fort parallèle avec le vécu du canadien Ryan Gosling ayant passé du temps aux USA. C’est d’ailleurs le premier guide de lecture d’un film très personnel. Malheureusement, ce vécu de Gosling ne transpire pas et nécessite une explication de texte de la part du réalisateur lui-même afin de mieux saisir une partie du contexte. Autant dire que le sous-texte est perdu d’avance pour les millions de spectateurs potentiels…

Le film alterne les situations dans un étrange ballet de scènes plus ou moins réussies. Il y a des idées, des séquences à la Eyes Wide Shut (dans le cabaret) et des images à la Terrence Malick. Lost River dégage une ambiance rappelant le cinéma de David Lynch. De l’aveu du réalisateur lui-même l’inspiration provient beaucoup de Only God forgives. Il y a même un petit bout de Paris avec une référence assumée au Hell’s Café et son décor. Sauf que ce patchwork ne parvient pas à captiver.

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Pourtant, les acteurs se donnent et sont, dans l’ensemble, convaincants. Iain De Caestecker fait plaisir à voir dans un rôle à des années lumières de Fitz (Agents of SHIELD) et Christina Hendricks est rayonnante. Seul bémol : le grand méchant Matt Smith (Doctor Who) “Bully” campe un salaud sans charisme. Ryan Golsing semble avoir trop cherché à glorifier ce rôle qui n’a aucune profondeur. Pour le reste, il faut retenir de longs échanges de regards et des scènes pensées pour le film qui font que le scénario semble perdu en eaux troubles. De nombreuses séquences apparaissent comme des idées du réalisateur, qu’il a filmé sans trop savoir quoi en faire. Et le lien avec les histoires est difficile à faire.

Car il y a plusieurs histoires dans Lost River, chacune étant directement liée à la ville plus qu’aux protagonistes. La trame de fond reste une certaine “malédiction” qui pèse sur cette ville. Malheureusement, le film qui ne dure que 1h30, semble interminable et on en oubli complètement l’histoire de malédiction, priant qu’il se passe quelque chose d’un peu plus folichon qu’une maison qui prend feu.

Au final, je dirais que Lost River est un film très difficile d’accès pour le grand public et dont la promotion surfe sur l’image d’un Ryan Gosling hyper populaire.

Pour aller plus loin : nous vous proposons de lire la MasterClass de Ryan Gosling qui parle de son film et permet de mieux comprendre ses choix artistiques.

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