Daredevil, première série de la collaboration Marvel/Netflix est de retour. Seule série à bénéficier d’une seconde saison avant le rassemblement de Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage et Iron Fist dans la série The Defenders, elle suit une première saison excellente. Entre questionnements sur la justice et nouveaux personnages, la saison deux ne démérite pas.
Synopsis
Après avoir arrêté le criminel Wilson Fisk et son organisation, Daredevil, dorénavant surnommé le diable de Hell’s Kitchen doit faire face à une plus grande menace, celle du Punisher, un homme en quête de justice pour les victimes, n’hésitant pas à utiliser des méthodes criminelles pour parvenir à ses fins.
Critique Daredevil Saison 02
Daredevil a beau avoir mis Fisk derrière les barreaux, son combat contre le crime ne s’arrête pas là. Alors qu’il essaye d’allier avec un certain succès ces deux vies, il va être confronté à un nouvel ennemi redoutablement puissant : Frank Castle, le Punisher. Homme en quête de vengeance après le meurtre de sa famille par une fusillade entre trois gangs de New York, il est adepte d’une « justice » expéditive et définitive. Ancien militaire décoré, pour lui il n’y a pas de différence entre scène de crime et scène de guerre tant la violence qui découle de ses actions est sans commune mesure – il est pensé par certains protagonistes au début qu’il s’agit d’un groupe et non d’une seule personne. Incarné par Jon Bernthal – Shane dans The Walking Dead – le Punisher a enfin un visage digne de lui après trois interprétations sur grand écran qui passe du médiocre au passable. Ici, en plus d’être très bien écrit, il est superbement bien joué. Bernthal sait parfaitement doser les émotions de ce personnage complexe, loin d’être une brute sans cervelle. Si dans son rôle de Shane il était loin d’être excellent, il a ici plusieurs grands moments – le monologue de fin d’épisode 4 est le meilleur exemple.
Frank Castle va permettre d’intégrer une réflexion tangible sur la notion de « justice » au sein de la série. Ces méthodes sont en effet en oppositions directes avec celle du justicier aveugle qui malgré toute sa violence se refuse à tuer directement – bien que personnellement je ne voie que difficilement la nuance entre le meurtre et brûler quelqu’un ou bien le plonger dans le coma. La méthode de Matt Murdock est-elle la bonne ? Quelle différence entre le Punisher et ses victimes ? La fin justifie-t-elle les moyens ? Jusqu’où peut aller un « justicier » pour faire régner l’ordre ? Autant de questions et bien d’autres qui en découlent se posent de par la confrontation de deux hommes. Si la série ne donne pas de réponses à ces questions, elle donne suffisamment d’éléments pour que chacun se fasse sa propre idée sur la question.
Une poignée d’épisodes après l’arrivée du Punisher, c’est Elektra qui va faire son apparition, l’autre nouveau grand personnage de la série. Evoqué dans la première saison sous forme d’easter eggs – la belle étudiante grecque du cours d’espagnol – elle vient ici prendre une des premières places. Ninja et love interest au courant pour la double identité de Matt Murdock, sa place sur l’échiquier héroïque est bien souvent aussi ambigu que celle du Punisher. Elle n’a pas ici un rôle d’antagoniste, mais a sa part d’ombre. Si le personnage de Daredevil n’avait pas été épargné pour sa première adaptation, celle d’Elektra était tout simplement minable. Heureusement, Daredevil est encore là pour réparer les torts. Interprété par la française Elodie Yung (Les bleus, premier pas dans la police) de très bonne manière, le personnage est creusé, contextualisé et, surtout, épargné de la terrible tenu qu’elle devait porter dans son film.
La première saison avait fait consensus notamment grâce à une réalisation sublime et une atmosphère très sombre, particulièrement durant les scènes de combat. On se souvient tous du magnifique plan-séquence du couloir dans l’épisode deux. Ici les combats sont encore très bien fait, et la réalisation impeccable – le plan-séquence de la cage d’escalier dans le troisième épisode pour ne citer que le meilleur exemple. Les personnages sont dans l’ensemble très bien écrit – si l’on oublie Karen et son don encore plus prononcé que dans la saison une pour les situations inutilement dangereuses. Les relations entre personnages sont très cohérentes, particulièrement celle entre Foggy et Matt. La façon dont Daredevil parvient – ou ne parvient pas – à gérer sa double vie très creusée. Cette saison a donc tout tous pour plaire, de bons personnages, de bons acteurs, une bonne réalisation. Portant quelque chose coince, qui ne fait pas d’elle une mauvaise saison – loin de là – mais qui fait qu’elle est en dessous de la première.
Il n’y a pas de fils rouge, pas plus qu’il n’y a de grand méchant. Frank Castle arrive trop vite, et son sort est réglé tout aussi rapidement. Quand Fisk mettait plusieurs épisodes avant qu’on ne le voie, qu’on ne sente toute la puissance de ce maître dans l’art du contrôle, le Punisher arrive dès le premier épisode. Pire, il est stoppé par Daredevil avant même que l’on arrive à la moitié de la saison. Et surtout, il n’est pas un bad-guy. En tout cas il est bien trop ambigu pour l’être. Wilson Fisk voulait – soi-disant – faire du bien. Il se présente comme un héritier de Machiavel. Pourtant il n’y a aucun doute sur la noirceur de ce qu’il fait. Ici, le Punisher souffre de la comparaison, car en plus de n’avoir pas à un seul instant la moitié du charisme du Caïd – cela est-il seulement possible dans Daredevil ? – il est bien plus proche des bons que des méchants. Alors qui est le méchant ? La Main, la secte que combat Elektra avec l’aide de Daredevil ? Elle est bien trop en second plan, sans réel chef de file valable. Il n’y a pas de méchant connaissant un monté en puissance au cours de la saison. En revanche, il y a de très bonnes intrigues secondaires, sans qu’on ne puisse les relier entre elle. Le rythme dans les épisodes est très bon, tout en tension, celui de la saison trop décousue. Entre Elektra et le Punisher, il aurait mieux valu n’en choisir qu’un seul.
Daredevil confirme qu’elle est une grande série, très bien maitrisée. Mais comme la saison nous le montre tout du long, jamais rien n’est tout blanc ou tout noir. Il y a toujours des nuances de gris. Ici ce qui apporte la nuance négative c’est le Punisher, excellent personnage, mauvais antagoniste. L’écriture est bien plus facile par moments que ne l’était la saison précédente, mais reste malgré tout de très bonne facture. Les fans seront ravis par les nombreux easter eggs et références que contient cette saison. Une saison trois dans les prochaines années suivra-t-elle ? Pour l’instant aucune réponse sûre de ce côté-là, mais on espère. En attendant, le prochain rendez-vous est le 30 septembre pour Luke Cage, dont le premier trailer est sorti.