Film franco-espagnol, Realive de Mateo Gil était cette année présenté en compétition officielle au festival de Gerardmer. Entre science-fiction et romance, le film se veut faire l’éloge de la vie au travers de son héros ressuscité près d’un siècle après sa mort. S’il parvient à convaincre au début, il s’avère au final assez prétentieux.
Synopsis :
Gravement malade, Marc n’a plus que deux ans à vivre. N’acceptant pas l’inéluctable, il décide de recourir à la cryogénie avant de se réveiller, soixante plus tard, dans un monde qui le dépasse…
Critique
Le film a des arguments pour plaire, et des beaux. Déjà il est l’un des rares films à ne pas toucher à l’horreur dans cette sélection et apporte donc un peu de changement ; il a un casting sympathique avec notamment Oona Chaplin et Charlotte Le Bon ; et enfin il y a Mateo Gil, collaborateur régulier d’Alejandro Amenabar en tant que scénariste sur Tesis, Ouvre les Yeux ou encore Jeu de Rôles. Et c’est là qu’on ne comprend plus. Comment un scénariste aussi talentueux a pu écrire ça ? Surtout que le film démarre bien, très bien, mais finit bien vite par s’écraser.
Au travers de trois timelines, celle de l’enfance, une plus tardive avant qu’il ne meure et celle de sa résurrection, Marc Jarvis nous raconte sa vie et sa vision de celle-ci. On ne comprend pas tout de suite l’utilité de la première, mais le parallèle entre la seconde et la troisième est évident. Si le film est très versatile, il ne nous ennuie pas – pour l’instant – et va nous offrir quelques très beaux moments, le passage de la lettre ira même jusqu’à tirer quelques larmes aux plus sensibles. Et surtout, il est très intéressant par les pistes qu’il exploite. Malheureusement, Gil va vouloir en faire beaucoup trop.
Le film fait l’éloge de la vie de la pire façon qui soit, avec lourdeur, vanité, et sans originalité. Pas facile de passer sur un sujet comme celui-ci après The Tree of Life de Terrence Malick, qui avait le même message, mais avec la qualité qui suit. D’autant plus quand on veut faire dans le contemplatif ! Et quand on se rend compte de ça, enfin on comprend l’utilité de la ligne temporelle de l’enfance. Elle ne sert qu’à appuyer le message de « la vie est belle à chaque instant, profitons d’elle tout le temps ». Pour ce qui est de l’histoire, elle n’apporte absolument rien. Si vous ne l’avez pas compris on est dans la subtilité la plus folle !
A cela s’ajoute un autre problème de taille. L’hypocrisie et l’idiotie de Marc (Tom Hughes). Le pauvre petit est très triste de son retour à la vie, qu’il a ardemment désiré de son vivant. Il pensait ne jamais revenir quand il a tout mis en place pour avoir la parfaite cryogénisation et fait preuve d’un égoïsme de taille. Finalement il revient et est très déçu de ne connaitre personne, de ne connaitre rien, et de ne pas être le super homme du futur qu’il pensait être. La nostalgie du vivant – ou de la mort, on ne sait pas vraiment – c’est quand même quelque chose ! Et quand notre déprimé va découvrir l’évidence, il va encore faire preuve d’égoïsme, ce qui va le mener à un résultat évident. On n’a rien contre les idiots dans les films – le Dude dans the Big Lebowski est génial. On demande juste à ce que ce soit voulu comme tel. Ici, ce n’est pas le cas.
Il n’y a au final que Oona Chaplin et Charlotte Le Bon qui maintiennent à flot le film après que l’on se soit rendu compte de la supercherie de ce film à la grosse tête. On a aimé le début, mais la seconde partie beaucoup moins. Le message du film à la calendrier petits chats avec des phrases encourageantes est très beau et très lourd. Si l’on ajoute à ça un personnage insupportable, difficile d’aimer ce film.