Critique 13 jours 13 nuits

Martin Bourboulon, réalisateur des deux films Les trois mousquetaires sortis il y a peu, est de retour derrière la caméra pour un thriller basé sur des faits réels et sur fond de guerre. Sur le papier, pas de quoi m’enthousiasmer. Mais comme lundi il y avait une canicule, et que je ne voulais pas rester dehors entre ma séance de boxe et celle de 28 ans plus tard (voir ma critique très enthousiaste par ici), je me suis laissé tenté par une séance de cinéma avec la clim’. Et au final, ce n’était peut-être pas une mauvaise idée !

Synopsis

Kaboul, 15 août 2021. Alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le territoire, les Talibans prennent d’assaut la capitale et s’emparent du pouvoir. Au milieu du chaos, des milliers d’afghans tentent de se réfugier dans le dernier lieu encore protégé : l’Ambassade de France. Seuls, le commandant Mohamed Bida et ses hommes en assurent la sécurité. Pris au piège, il décide de négocier avec les Talibans pour organiser un convoi de la dernière chance avec l’aide d’Eva, une jeune humanitaire franco-afghane. Commence alors une course contre la montre pour évacuer les réfugiés jusqu’à l’aéroport et fuir l’enfer de Kaboul avant qu’il ne soit trop tard.

13 jours 13 nuits s’appuie sur un scénario solide, signé Alexandre Smia et Martin Bourboulon et basé sur le récit du commandant Mohamed Bida sur l’évacuation de Kaboul en août 2021. Au casting on retrouve des noms plutôt intéressants comme Roschdy Zem, Lyna Khoudri (Déjà dans Les trois mousquetaires) et Sidse Babett Knudsen (vue récemment dans l’excellent The sons). La production a mis les moyens : décors recréés au Maroc avec des milliers de figurants pour restituer l’ampleur et le chaos de l’opération.

Sur le fond, c’est une bonne surprise. Le récit, fidèle à la réalité, fonctionne comme un vrai thriller humain : huis-clos émotionnel à l’ambassade, négociations tendues, convoi périlleux vers l’aéroport… La tension est souvent palpable, même si cela manque parfois d’envergure et de rythme. La dimension géopolitique reste discrète mais efficace. Mais voilà, Martin Bourboulon confirme ses limites en tant que réalisateur de cinéma pur jus. Sa mise en scène, efficace mais censée rester sobre, tombe parfois dans l’académisme. Dans ses précédents, d’Eiffel aux Trois Mousquetaires, on sentait déjà son manque de singularité. Ici, l’ambition dramatique heurte un style trop lisse, qui ne prend jamais véritablement de risques. Le film manque d’intensité visuelle et d’âme — on se contente d’une tension de surface, sans fouiller au cœur des hommes .

Les personnages secondaires sont plutôt bien caractérisés et assez vite intéressants et même attachants mais restent trop en périphérie. Leur présence est signifiée, mais pas suffisamment développée. 

Au final, 13 jours 13 nuits est une bonne surprise : un thriller à la fois instructif et prenant, porté par un récit véridique et un casting fort. Mais le contraste est brutal entre la qualité du fond — dense, engagé, réaliste — et un style de mise en scène trop sage, presque télévisuel. Martin Bourboulon tient  probablement son meilleur film à ce jour, mais reste prisonnier d’un cinéma fonctionnel, où l’on dit plus qu’on ne montre.

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