Critique 28 ans plus tard

Il y a des suites qu’on espère sans trop y croire. 28 ans plus tard en faisait clairement partie. Vingt ans après 28 jours plus tard — film choc qui avait redéfini les codes du genre avec son regard brut, tendu, quasi-documentaire sur l’effondrement — Danny Boyle, qui a depuis enchainé avec de nombreux autres très bons films, et Alex Garland, scénariste également passé réalisateur, se retrouvent pour prolonger l’univers qui a relancé la mode des zombies au début des années 2000.

Synopsis

Cela fait près de trente ans que le Virus de la Fureur s’est échappé d’un laboratoire d’armement biologique. Alors qu’un confinement très strict a été mis en place, certains ont trouvé le moyen de survivre parmi les personnes infectées. C’est ainsi qu’une communauté de rescapés s’est réfugiée sur une petite île seulement reliée au continent par une route, placée sous haute protection. Lorsque l’un des habitants de l’île est envoyé en mission sur le continent, il découvre que non seulement les infectés ont muté, mais que d’autres survivants aussi, dans un contexte à la fois mystérieux et terrifiant…

Le retour du meilleur du film de zombies

J’ai toujours eu un attachement particulier pour 28 jours plus tard et 28 semaines plus tard. Le premier, avec son esthétique granuleuse, son ambiance de fin du monde à hauteur d’homme, et bien sûr la découverte de Cillian Murphy, m’a marqué comme peu d’autres films de genre. Le second, plus classique dans sa mise en scène mais parfaitement tenu, m’a permis de découvrir Imogen Poots, que je n’ai jamais cessé de suivre depuis. Ces deux films ont, chacun à leur manière, redéfini les codes du film de zombies. Et à mes yeux, aucun autre long métrage — ni même du côté des séries The Walking Dead et The Last of Us — n’a su vraiment rivaliser avec la tension, la sécheresse et l’humanité qu’ils proposaient.

Depuis des années, j’espère un troisième volet. Le projet a longtemps semblé bloqué, puis relancé, puis à nouveau enterré… jusqu’à ce que cette nouvelle suite, 28 ans plus tard, se concrétise enfin. La promesse était belle. Côté écriture, Alex Garland, l’un des auteurs les plus brillants de ces dernières années est à la manœuvre. J’ai adoré ses récentes réalisations  Men, Civil War, et Devs du coté des séries.

Danny Boyle, de retour à la réalisation, divise parfois mais reste un vrai metteur en scène, avec une patte et une vision. Leur collaboration retrouvée, deux décennies plus tard, avait tout d’un événement. Et le résultat est largement à la hauteur.

Du cinéma, pas du F1copyright le film (même pas désolé)

Dès les premières minutes, on sent qu’on n’est pas dans un produit formaté. C’est un film de cinéma, dans le sens noble du terme : mise en scène inspirée, choix formels tranchés, image parfois brutale, parfois sublime. Boyle ose, bouscule, prend le contre-pied de ce qu’on attend — certains choix de réalisation peuvent même déstabiliser au début, mais ils finissent par imposer une logique, un rythme, une cohérence propre au film. C’est audacieux, et surtout : c’est vivant.

Sur le fond aussi, 28 ans plus tard frappe fort. Le film invente un nouvel univers, original et riche, qui reste fidèle aux racines de la saga tout en élargissant considérablement les horizons. Plusieurs thèmes forts s’entrelacent : la mémoire collective, la peur de l’autre, la contamination des esprits autant que des corps. Il y a de l’intelligence dans l’écriture, mais aussi une forme de rage sourde, comme si Garland et Boyle avaient un compte à régler avec notre époque. On retrouve un peu l’approche, justement, de Garland sur son film Civil War. On dénonce, mais on le fait pas à grands coups de sabots, on ne le dit pas. On montre des choses, et chacun les reçoit comme il le veut, comme il le peut.

Le personnage du docteur, central dans le récit, est passionnant — l’un des plus mémorables du genre depuis longtemps. À travers lui, le film ose réinterroger ce qu’est un zombie, comment la menace évolue, comment la peur se propage. Les puristes crieront peut-être au sacrilège : ils auront tort. Les idées nouvelles sur les infectés (que je ne spoilerai pas ici) sont brillantes, troublantes, et redonnent un vrai souffle au genre.

Et puis il y a cette séquence finale, qui fait écho à celle d’ouverture, et qui annonce un futur épisode potentiellement très différent.  Comme l’a récemment rappelé Alex Garland, cette nouvelle trilogie forme une histoire complète… et 28 ans plus tardn’en est que le premier acte. La suite, intitulée The Bone Temple, est déjà tournée. Réalisée cette fois par Nia DaCosta, elle sortira en salles le 14 janvier 2026.

On y retrouvera notamment Alfie Williams, Jack O’Connel, Aaron Taylor-Johnson, Ralph Fiennes, et même Cillian Murphy, dont le retour a été confirmé par l’équipe du film. C’est une suite directe à 28 ans, mais aussi à 28 jours…

Au final, 28 ans plus tard est un très bon — voire un grand — film de zombies, probablement le meilleur du genre depuis des années. Il impressionne autant par sa forme (merci Danny) que par la richesse de son fond (merci Alex). Un film qui ose, qui dérange parfois, mais qui ne laisse jamais indifférent.

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