Le festival du Film de Venise, #Venezia74 pour les intimes, a ouvert ses portes le 30août 2017. Les organisateurs n’ont pas vu les choses en grand pour l’ouverture de cette édition puisqu’ils ont choisi Downsizing, le nouveau film d’Alexander Payne dans lequel Matt Damon décide de devenir tout petit… Peut-on quand même parler de grand film ?
Synopsis
Downsizing suit les aventures de Paul Safranek, un homme ordinaire d’Omaha rêvant avec sa femme Audrey d’une vie meilleure. Mais alors que la planète se trouve confrontée à une crise de surpopulation, des scientifiques développent une solution radicale permettant de rétrécir les humains à 13 centimètres de hauteur. Les Hommes découvrent bien vite jusqu’où l’argent peut mener dans un monde plus petit… C’est avec la promesse d’un mode de vie luxueux dépassant leurs rêves les plus fous que Paul et Audrey décident de risquer cette procédure controversée pour se lancer dans une aventure qui changera leur vie à jamais.
Sans jamais être réellement extraordinaire, Alexander Payne mène une carrière de réalisateur de qualité, avec de nombreux films réjouissants, surfant subtilement entre comédie et drame. on pense notamment à The Descendants et bien sûr Sideways. Deux quêtes initiatiques en forme de Roadtrip aux allures de Feel Good Movie. Downsizing, c’est un mix entre ça et Black Mirror, le pessimisme général en moins.
A sa manière, le film est aussi un voyage pour son personnage principal, Paul, citoyen américain moyen pas méchant pour un sou et surtout pas égoïste qui cherche une vie meilleure. Mais comment la trouver ? Le fait d’avoir remplacé sa vieille mère par sa femme ne semble pas finalement avoir changé grande chose à ce dernier. Son évolution de carrière non plus. Il pense donc trouver la solution : Il va devenir tout petit, comme 3% de la population a choisi de le faire, soit pour sauver la planète, soit pour vivre un vie de riche.
Commence alors un périple vers Leisure Land, société utopique imaginée pour les humains ayant fait le choix de devenir petits. Cette première partie du film a clairement le ton d’une comédie, avec beaucoup de situations qui font sourire et même rire. Le ridicule et les clichés ne sont parfois pas très loin, mais c’est assumé, et cela marche quasiment à chaque fois. Alexander Payne nous décrit alors un monde pas si idyllique, ou le bonheur s’exprimer à travers les richesses (100 000 $ d’économies « valent » pour 10 000 000 $ de biens matériels à l’échelle d’un homme de 13cm).
Le petit Matt Damon, l’enfant américain, jamais vraiment heureux tout au long de sa vie, va faire des rencontres qui vont le faire évoluer, comme tout héros hollywoodien qui se respecte. Il va grandir… ou pas !
Le coeur plus grand que le porte-monnaie ?
Alexander Payne n’a pas vraiment besoin de faire évoluer son personnage, puisqu’il n’est jamais dans le jugement, avec qui que ce soit. Dusan (Génial Christoph Waltz qui cabotine come il aime tant le faire) est excentrique et égoiste ? Et pourquoi pas ? La dissidente Vietnamienne Ngoc Lan est agaçante et dirigiste ? Si tout le monde y trouve son compte, quel est le problème ? Au final, que ce soit les citoyens américains avides de richesses matérielles, des immigrés, des scientifiques, des hippies… Tous les gens sont égaux, et il ne faut pas forcément toujours chercher quelle voie est la meilleure, la plus juste, il faut trouver la sienne.
Si l’on pourrait voir, d’une certaine manière, le film comme l’éducation d’un vilain petit citoyen américain, un enfant, par des européens à la vision mature et pacifique, Downsizing propose bien plus.
Il y a d’abord les problématiques à grande échelle, comme la notion d’extinction, de survie, d’environnement… des choses qui peuvent prendre des centaines d’années voir plus à évoluer et qui ne sont pas garantes de bonheur, car vaines à l’échelle d’une vie et d’un individu ; et des problématiques plus concrètes, sur lesquelles l’individu peut clairement agir : les gens autour de nous, ceux que l’on aime, ceux qui ont besoin d’aide
Au final, ce qu’Alexander Payne nous dit avec Downsizing, c’est que cela ne sert pas forcément à grand chose de voir trop grand. Penser petit, vouloir des choses simples, se concentrer sur soi-même et ses proches, ce n’est pas forcément une vision étroite, si c’est fait avec amour et dans une démarche de bien être collective.
Dans tous les cas, le film lui, n’est jamais petit, et vous fera rire du début à la fin, tout en posent pas mal de questions sur la condition humaine. En trois touts petits mots, un grand film !
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