Le week-end dernier nous avons eu la joie d’aller aux Utopiales, le festival incontournable de la science-fiction. De nombreux films ont été diffusés, certains dans le cadre de la compétition officielle de long-métrages. C’est le cas du film 40 Acres de R.T Thorne, dont on vous propose une petite critique.

Synopsis
Dans un futur post-apocalyptique où la nourriture est rare, les derniers descendants d’une famille de fermiers noirs qui se sont installés au Canada après la guerre de Sécession doivent protéger leur ferme d’une bande de cannibales affamés.
Le film n’est pas désagréable à regarder, loin de là, notamment grâce à la mise en scène soignée de R.T Thorne, dont c’est le premier long métrage. Il a su insuffler sa personnalité dans ses plans de caméra ainsi que dans certains effets de style qui rendent le tout plutôt stylisé et agréable à suivre. Le montage est aussi parfaitement maîtrisé, le rythme est bon, on ne s’ennuie jamais.

L’univers qui nous est présenté est parfaitement vraisemblable, et le réalisateur à l’intelligence de ne pas tout dévoiler d’un coup. On découvre l’univers petit à petit, ce qui rend notre compréhension plus fluide. La menace des cannibales fonctionne, on sent la menace arriver et la tension monter, et ils sont terrifiants quand ils arrivent enfin à l’écran.
C’est sur les personnages que j’ai le jugement le plus paradoxal : ils sont à la fois la plus grande force mais aussi la principale faiblesse du film. D’un côté nous avons Manny (Kataem O’Connor), le fils aîné de la famille, qui est une vraie force pour le film. Il est profondément humain, mais il n’est pas parfait pour autant. Il est le personnage auquel le spectateur va le plus facilement s’identifier, et pour cause il s’agit selon moi du personnage le plus touchant du film.

Mais face à lui, nous avons Hailey (Danielle Deadwyler), la mère de famille militaire et intransigeante. Sorte de Sarah Connor, et malgré la bonne interprétation de l’actrice, elle échoue à être vraiment touchante. Elle reste antipathique quasiment du début à la fin, et les rares scènes où elle montre un côté plus humain sont soit très courtes, soient arrivent trop tard dans le film et sortent un peu de nulle part… Et même dans ces scènes elle reste autoritaire et engueule presque ses enfants. Bref, les 2 protagonistes sont très différents, mais l’un est très réussi et l’autre ne fonctionne pas, ce qui peut gâcher un peu l’expérience cinématographique.
Les autres personnages du film, notamment le reste de la famille, sont malheureusement trop absents pour nous laisser un souvenir vraiment marquant, surtout les sœurs de Manny. Certaines disparaissent presque totalement au milieu du film pour ne revenir qu’au climax, ou alors ne servent tout simplement à rien. Mention quand même au père (Michael Greyeyes) et à Dawn (Milcania Diaz-Rojas) qui ont des personnalités plus marquées, mais soit ont trop peu de temps d’écran soit sont enfermés dans l’archétype de leur personnage ce qui est fort dommage.

ATTENTION SPOILERS DANS LE PARAGRAPHE SUIVANT
Enfin, le fait que toute la famille survive à la fin est plutôt une mauvaise chose. En effet, au-delà de nous enlever des scènes fortes en émotions, ça enlève de la crédibilité à l’univers : Littéralement 3 membres de la famille survivent miraculeusement à des blessures plus que létales, surtout dans un environnement comme celui-ci. Dommage, l’univers du film se tenait bien jusque là…
FIN DES SPOILERS
En bref, 40 Acres, sans être un film extraordinaire, reste un bon divertissement très agréable à regarder. Malgré quelques défauts d’écriture, on sent que R.T Thorne a un style recherché et des thèmes qui lui tiennent à cœur, nous suivront donc ses prochaines productions avec intérêt.