Richard Linklater…comment dire… c’est un peu celui qui a réalisé la trilogie des Before qui s’est achevée par le très réussi Before Midnight (lire notre critique). Donc forcément, chacun de ses nouveaux films est un petit évènement, et ce d’autant plus quand ce dernier a été tourné sur 12 ans ! Mais alors, de quoi parle-t’on ?
Synopsis
Chaque année, durant 12 ans, le réalisateur Richard Linklater a réuni les mêmes comédiens pour un film unique sur la famille et le temps qui passe. On y suit le jeune Mason de l’âge de six ans jusqu’ à sa majorité, vivant avec sa sœur et sa mère, séparée de son père. Les déménagements, les amis, les rentrées des classes, les premiers émois, les petits riens et les grandes décisions qui rythment sa jeunesse et le préparent à devenir adulte…
Critique
Nous ne reviendrons pas plus longtemps que nécessaire sur le fait que Boyhood a été tourné sur 12 années, l’équipe se réunissant quelques jours chaque année afin de tourner les rushs du film. Ainsi, l’évolution des personnages (et notamment du jeune Mason incarné par Ellar Coltrane), mais aussi du script a été en perpétuel mouvement, et le montage n’a été réalisé qu’à la fin de l’année 2013, une fois tous les rushs saisis ! Un tour de force donc, que Linklater a su maîtriser avec brio.
Car oui, Boyhood est brillant. Déjà car durant 2h45 où fondamentalement il ne se passe pas grand chose (un enfant qui grandit, avec ceux qui l’entourent). Sauf que ces moments sont sublimés. N’oublions pas que techniquement, dans chaque Before, il ne se passe pas non plus grand chose, mais qu’à chaque fois, on en ressort avec le souffle coupé. Et bien, il en est de même avec Boyhood.
Sans filmer les grands moments d’une vie comme d’autres auraient fait, Linklater prend le parti de capter les scènes du quotidien, ces moments à la fois terriblement banals, mais aussi les plus intimes. Ainsi se crée une relation très forte avec les acteurs, et on se surprend à les suivre, ayant la sensation de les connaître parfois comme notre propre famille !
Mais ce n’est pas tout, car Linklater réalise aussi quelques moments de dialogues sur la vie (souvent filmés en plan séquence avec ce petit traveling arrière que l’on adore, ou alors en voiture, à la manière de Before Midnight) toujours aussi percutants, faisant mouche à chaque coup.
Alors oui, quelques minutes sont en trop, notamment à la fin du film. Mais on saura le pardonner tellement l’échange de regards final est touchant, sensible, nous renvoyant à notre propre adolescence. Car c’est aussi ça la force de Boyhood : En filmant le quotidien, c’est un peu notre histoire qui est filmée, et chacun se retrouvera forcément dans une situation, un personnage… et renforcera donc son lien avec le film.
Un tour de force ? Sans nul doute. Un chef d’oeuvre ? Fort possible. En tout état de cause, Boyhood fait partie de ces OVNIs, ces pépites qu’il faut avoir vu, car c’est ce genre de films qui vous fait aimer le cinéma.