Seconde journée pour l’équipe d’Oblikon sur les planches de Deauville. Alors autant le dire tout de suite, ce Deauville 2017 détient déjà un record, celui du plus mauvais temps sur une journée !
Bon, les mauvaises langues diront que c’est un temps normand “classique” d’arrière saison, n’empêche que nous sommes plutôt habitué à l’été indien qu’à ce crachin et ce froid humide !
Du coup, c’est une excellente raison pour s’enfuir se terrer au fond du C.I.D et/ou se mettre bien à l’abri dans la salle des conférences de presse. Car aujourd’hui est un grand jour, c’est le jour où l’on rencontre Seth Brundle, David Levinson, Ian Malcolm et le Grand Maître du Marvel Cinematic Universe… bref, le seul et unique Jeff Goldblum !
A Ghost Story de David Lowery – La Compétition
On retrouve au saut du lit le trio qui nous avait proposé les Amants du Texas lors de l’édition 2013 du Festival du Cinéma Américain : David Lowery derrière la caméra et le couple Rooney Mara et Casey Affleck devant. Au programme, une histoire de fantôme, du point de vue dudit fantôme.
Déroutant, le film reprend les classiques du film de fantôme (on peut penser à Poltergeist), mais sans les jump scare et l’inquiétude de ce que nous veut le fantôme. Au contraire, ici, on devine les intentions du fantôme, mais aussi sa solitude, sa tristesse d’être attaché pour l’éternité à une maison tant que son rôle, sa mission n’est pas terminée.
Le film compte très peu de lignes de dialogues, mais n’est pas sans histoire pour autant. Malgré des séquences vraiment lentes et parfois ennuyeuses (notamment durant la première demi-heure – ne me parlez plus de tarte), le film prend son envol durant la seconde moitié. On y découvre alors la volonté réelle du réalisateur et scénariste de traiter de l’absence et de la solitude, tout en révisant l’image du fantôme.
La réalisation prend le parti original de l’image carrée, détachant ainsi le spectateur de l’histoire. Format carré qui sera par ailleurs parfaitement maîtrisé quant à la photographie et aux choix de cadre.
Bref, malgré un début difficile, A Ghost Story a su nous toucher et nous proposer quelques jolis moments (on pense à l’écoute de la chanson). Comme quoi parfois, contrairement à d’autres au C.I.D qui partent durant la projection, ça vaut le coup de s’accrocher !
Conférence de Presse de Jeff Goldblum
Jeff Goldblum est tel qu’on s’y attendait. On découvre une personne drôle, sympathique, accessible. Bref tout sauf une star qui a le melon.
Au tout début de la conférence de presse, quelques minutes sont dédiées à la prise de photos. Et pendant que M.Goldblum se fait mitrailler, celui-ci nous raconte que c’est sa première fois à Deauville et qu’il y a est venu avec sa petite famille, avec qui il va ensuite aller inaugurer sa cabine. En tout cas, il a vraiment l’air content d’être ici.
Jeff Godblum est ici pour un hommage mais n’a pas de films à présenter. Les questions portent donc sur sa carrière, son rôle dans Thor Ragnarok qui sort bientôt et dont le ton devrait très différent des autres Thor. Une question aborde aussi son statut d’icône de pop culture. Modeste comme il l’est, il ne le pense pas, se trouve juste chanceux et continue d’apprendre et de s’améliorer. Pourtant, pour Oblikon, Jeff Goldblum est un acteur culte (et vous aurez deviné que la question venait d’ailleurs d’Oblikon ;)).
On apprend aussi que Jeff est un pianiste plus qu’amateur. Tips : si vous passez à Los Angeles, allez au Rockwell un mercredi soir, vous aurez peut-être la chance d’y croiser Jeff Goldblum et son groupe de jazz. D’ailleurs, plutôt dans la journée, quelques chanceux ont pu le voir jouer dans le hall de l’hôtel pendant 45 minutes au piano.
Quand on est un acteur aussi prolifique, c’est évidemment difficile de répondre à une question comme : Quel film voudriez-vous faire redécouvrir au public? Mais pour avoir une ébauche de réponse, Goldblum irait chercher dans ses films les plus récents car il pense pouvoir toujours s’améliorer. Ces derniers sont meilleurs selon lui.
Mary de Marc Webb – la Compétition
Après les deux Amazing Spiderman, Marc Webb nous revient avec un petit film indépendant comme il avait su si bien faire avec le mélancolique 500 jours ensemble. Enfin, peut-être pas si petit, car le casting accueille tout de même Chris Evans, très loin de l’univers des super-héros ou de jeune premier des comédies romantiques et Octavia Spencer. A priori, l’histoire a un air de déjà-vu. Mary est un petit génie des mathématiques, élevé par son oncle après le suicide de sa mère alors qu’elle était encore bébé. Son oncle va tout faire pour préserver son enfance et encore plus quand la grand mère vient s’en mêler.
Avec ce pitch, On s’attend à du lacrymal puissance 1000, des bons sentiments et de la guimauve. Mais finalement, Marc Webb a trouvé un ton très juste et ne sombre pas dans ces écueils. Le film sait être émouvant sans tirer de grosses ficelles.
Le choix des acteurs est évidemment essentiel ici. Chris Evans est crédible dans ce rôle de père de substitution pas si modèle que ca. Mais c’est surtout Mckenna Grace qui crève l’écran par son jeu, à la fois sincère et enthousiasmant. Une dakota Fanning en devenir même si on lui souhaite une meilleure carrière.
Un film au final très plaisant, ne tombant pas dans les pièges faciles du genre et nous rappelant que Marc Webb sait faire de (très) bons petits films indépendants quand il ne parle pas d’adolescent piqués par des araignées radioactives.
Conférence de presse de Marc Webb suite à Mary
A le voir, Marc Webb a l’air d’un mec cool, pas prise de tête et souriant. On démarre la conférence par une question d’ordre général. Quelles sont ses influences cinématographiques ? Evidemment, Deauville oblige, Webb cite “Un homme et une femme” de Lelouch, mais aussi Rohmer, Kieslowski, Peter Weir ou encore Almodovar. Beaucoup de nationalités sont représentées et Marc Webb a un certain penchant depuis toujours pour les films européens et/indépendants.
Pour la petite histoire, Webb a réalisé de nombreux clips que vous avez certainement déjà vus (Green Day, Pussycat Dolls, Maroon 5…).
Une fois que vous avez vu Mary, vous ne pouvez vous empêcher de vous demander comment Marc Webb a trouvé sa perle rare, c’est à dire Mckenna Grace. Ce dernier nous révèle que ce fut long, complexe et intimidant de vous autant d’enfants. L’idée est de faire passer beaucoup d’émotions, d’être juste et authentique avec une histoire simple.
Après avoir visionné plusieurs cassettes et finalement organisé une rencontre entre la jeune actrice et Chris Evans, le choix de Webb s’est fait naturellement. Elle a selon ses termes “casser la baraque”. Elle a réussi à s’approprier ce jeu et à le vivre.
500 jours ensemble et Mary sont des films intimistes. Amazing Spider-man était un blockbuster. La question qui vient tout naturellement est donc est-ce-que Marc Webb veut faire des films intimistes mais dans la grande Histoire.
Pour lui, un film à grand spectacle a aussi beaucoup d’intimité pour aller dans la psychologie des personnage. Le meilleur exemple est Spielberg qui peut faire un film à grand spectacle mais avec un rapport à l’humain impressionnant (Rencontre du 3e type).
Ce qui l’intéresse est de savoir si le film est intéressant.
Avec Mary, il voulait faire un petit film, minimaliste. Ce qui l’attire sont les détails que l’on peut attraper que sur une mise en scène intimiste. Le film est plus sur le fait d’être parent, comment on peut les éduquer de la meilleure manière qu’une histoire d’enfant surdoué. Le côté surdoué apporte de la dramatisation à l’histoire, mais reste un moyen scénaristique.
Et voilà, le second jour est déjà terminé, et c’est un peu humide (oui, il pleut je vous rappelle) que nous rentrons nous coucher…car demain matin, c’est réveil aux aurores !