Analyse de Virgin Suicides et Explication de la fin du film

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Virgin Suicides, avec Lost in Translation, reste le film le plus mémorable de la carrière de Sofia Coppola, jusqu’à présent en demi-teinte. Ses derniers films, Somewhere (2010) et The Bling Ring  (2013) ont été vivement critiqués par les spectateurs et par la presse, la cinéaste étant accusée de (trop) filmer le vide, quitte à ce que l’ennui nous gagne aussi. Son dernier film, Les Proies, retrouve pourtant un peu du brio de ses premiers films et cette saveur d’antan : l’occasion pour Oblikon de décrypter un teen-movie aujourd’hui devenu culte.
Dans les années soixante-dix, une bourgade résidentielle à priori tranquille va être secouée par le suicide des soeurs Lisbon : d’abord Cecilia, treize ans, puis Lux, quatorze ans, Bonnie, quinze ans, Mary, seize ans et enfin Thérèse, dix sept ans. Une bande de lycéens, amoureux des cinq sœurs, reviennent sur leur mort et cherchent à comprendre leur disparition.

Nostalgie !

Dès le début, on le sait : pas de suspense, Sofia Coppola ne cherche pas à provoquer la surprise du spectateur. Virgin Suicides, comme 13 Reasons Why, est une élégie et un pèlerinage dans la vie trouble de ces jeunes filles parties trop tôt. On regarde le film comme on observe une vieille carte postale couleur sépia, comme si on leur avait déjà dit adieu depuis longtemps : elles sont présentes mais elles ne le sont déjà plus vraiment, car nous savons que nous avons affaire à cinq absentes. Le film est d’ailleurs narré par un des jeunes garçons qui parle de l’évènement qui s’est passé vingt-cinq ans plus tôt.

Analyse du film Virgin Suicides

Si Virgin Suicides a tant marqué les esprits, c’est pour plusieurs raisons. L’action se situe dans les années soixante-dix, mais lorsqu’il sort en 1999, le film est plus que jamais d’actualité et résonne même encore dans notre société actuelle. C’est pourquoi son succès n’a jamais été démenti : on retrouve dans Virgin Suicides plusieurs thématiques chères au cinéma de Sofia Coppola : la critique d’une Amérique puritaine, d’une société viciée, l’éveil du désir féminin et une peinture de l’ennui.

En réponse au puritanisme

Virgin Suicides pourrait presque être le miroir de Donnie Darko, de deux ans son cadet. Virgin Suicides sort en 1999, tandis que Donnie Darko de Richard Kelly sort en 2001. L’intrigue de Donnie Darko se situe en 1988 et traite aussi des difficultés de l’adolescence, mais surtout, les deux films situent l’action dans des bourgades résidentielles plutôt aisées. Ce sont de vives critiques du puritanisme américain dû à la religion, et dans le cas de Virgin Suicides, du matriarcat ambiant dû à l’omniprésence de la mère : c’est vrai, dans Virgin Suicides, le père est presque absent, effacé. D’ailleurs, il perd complètement les pédales vers la fin.

Les désirs féminins

Virgin Suicides est une véritable chronique adolescente. Sofia Coppola est sans doute une des cinéastes qui appréhende le mieux le désir féminin : elle sait filmer les femmes, l’éveil de la sexualité et nous l’avons vu dans Les Proies dernièrement, ses films dénoncent tous, à des degrés divers, la répression sexuelle de sociétés trop strictes. Alors ici, les sœurs sont sages, à l’exception de Lux, incarnée par une Kirsten Dunst toute jeune et pourtant magnifique, dont le talent explose à l’écran pour nous offrir un merveilleux portrait de rebelle à contre vent.
Pour tromper l’ennui, Lux sort avec des garçons et tombe même amoureuse de Trip Fontaine (Josh Hartnett), Casanova du lycée qui la laissera tomber après l’avoir séduite. À leur manière, toutes les sœurs tentent de tromper l’ennui, jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus : Sofia Coppola a toujours été fasciné par l’ennui, qui exprime souvent bien plus qu’il n’y paraît, car ce n’est jamais l’ennui qu’on impose à nous-mêmes, mais l’ennui imposé et engendré par les autres, faisant de la vie un enfermement et une prison.

Une poésie visuelle

Sofia Coppola s’est inspiré de Pique Nique à Hanging Rock (1975) pour réaliser son film. Elle empreinte à Peter Weir, le réalisateur, ces visions de nature poétiques, d’arbres filmés à contre-jour, de jeunes filles habillées en blanc. Virgin Suicides a marqué les esprits pour son sens de l’esthétisme, de douces réminiscences qui interviennent parfois à travers la lecture du journal intime de Cecilia, qui permettent aux garçons de revivre quelques rares instants de liberté des sœurs Lisbon. De manière générale, le visuel est là pour rappeler le côté “adolescent” du film, rêveur des cinq filles qui, avant de connaître le désespoir, étaient insouciantes, comme devraient l’être toutes les personnes de leur âge.

Une bande son inoubliable

Comment peut-on parler de Virgin Suicides sans évoquer la bande son lancinante et atmosphérique du groupe Air ? Bande son par ailleurs nominée aux Brit Awards, qui se prête si bien à l’ensemble du film, les riffs étant influencés par Pink Floyd et certains albums de Serge Gainsbourg.
Alors oui, Virgin Suicides est un classique. Malgré tout, le mystère demeure et la question que nous nous posons tous, depuis 1999, reste celle-ci : pourquoi les cinq sœurs sont-elles passées à l’acte ? C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre dans l’explication de la fin du film.

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