La folie, principale explication de l’Homme qui tua Don Quichotte
Une grande question que l’on se pose devant l’Homme qui tua Don Quichotte est de savoir identifier ce qui est vrai de ce qui relève de la fantaisie, voire de la folie.
Javier est Don Quichotte de la Mancha
Les allers/retours avec le flashback de Toby et les séquences de son film de fin d’étude permettent de comprendre la chute de la santé mentale de Javier qui, étant trop dans son rôle, s’est perdu dans ce dernier.
Cependant, on voit bien durant cette première moitié du film que les choses sont telles que l’on les imagine. Quand Javier voit des géants, on voit avec notre regard de spectateur un moulin à vent. De la même manière, la simple paysanne n’est pas une demoiselle en détresse.
La bascule dans l’esprit de Toby
Toby a beau retrouvé sa lucidité (voir les rondelles de métal, les terroristes qui les ont recueillis…), nous ne savons plus où est le vrai du faux. Ainsi, la séquence de l’Inquisition ne nous sera jamais réellement expliquée, et difficile de savoir ce qui s’est passé dans le village.
Le Festival d’Alexei, l’oligarque russe
Le grand moment de la bascule dans l’esprit de Toby est clairement le Festival organisé par l’oligarque russe Alexei. A ce moment, si Toby est conscient de l’humiliation que l’on fera subir à Javier, il ne verra en rien qu’Alexei joue au moins autant avec lui. En organisant l’autodafé final, Toby voit Angelica mourir sous les flammes, alors que ces dernières ne sont qu’un effet de lumière et de tissus.
En se voyant devenir un chevalier devant sauver sa Dulcinée en la personne d’Angelica, Toby succombe définitivement à la folie qui n’était que temporaire. Il est autant « victime » d’Alexei que Javier, à la différence que nous voyons par ses yeux, et donc sommes incapables de voir l’envers du décors.
L’Homme qui tua Don Quichotte ?
Cependant, la fin du film confirme que nous voyons désormais des yeux d’un Toby dans lequel s’est réincarné la folie de Don Quichotte. Les moulins à vents, vu comme tels quand Javier était Don Quichotte, sont désormais des géants que doit combattre Toby. Devenu Don Quichotte, la boucle est bouclée et Toby sombre définitivement dans le personnage qu’il a tenté d’éloigner de Javier.
On retrouve cette vision chez l’auteur et Nobel José Saramago qui nous dit que « Don Quichotte ne meurt pas, parce que celui qui va mourir, c’est un gentilhomme, un pauvre hidalgo du nom d’Alonso Quichano [NDLR : Nom originel du vieil homme dans l’oeuvre de Cervantes]. […] Ce n’est pas Don Quichotte qui meurt, mais Alonso Quichano. Don Quichotte est cet autre que nous ne pouvons être, et c’est pour ça que nous l’aimons. »
Si le film nous raconte l’avancement vers la folie de Toby, et la survie de Don Quichotte par son intermédiaire, il est intéressant de voir la folie qu’a été la production du film !
N’hésitez pas à réagir et donner votre interprétation du film en commentaire !
1 commentaire