L’aventure de l’Homme qui tua Don Quichotte et Lost in La Mancha
La production de l’oeuvre de Terry Gilliam est une aventure qui a même eu son propre film : Lost in la Mancha que vous avez pu découvrir au cinéma en 2002.
Dans l’ordre, reprenons toutes les étapes (d’aucun diraient les em****des) de la production de l’Homme qui tua Don Quichotte :
- lecture de Don Quichotte par Terry Gilliam en 1989
- idée du projet en 1990
- début de production en 1999 avec un budget de 30 millions de dollars, Jean Rochefort dans le rôle de Javier, Johnny Depp dans celui de Toby et Vanessa Paradis dans celui d’Angelica
- suite à de nombreux allers/retours budgétaires, le tournage démarre en octobre 2000
- sur la première semaine de tournage, l’équipe découvre que le lieu de tournage est sur une base d’essai d’aviation militaire et essuie un orage phénoménal qui détruira une partie du matériel et changera radicalement la couleur du désert
- puis Jean Rochefort se voit contraint d’abandonner le projet pour raisons de santé (double hernie discale), entraînant l’abandon du projet et la perte des droits
- Terry Gilliam rachète les droits du scénario en 2008, soit 8 ans après l’annulation du projet
- en 2010, les financiers abandonnent le nouveau projet avec Robert Duvall et Ewan McGregor
- 2012, le nouveau projet échoue faute de financement, il devait être réalisé avec Robert Duvall et Owen Wilson
- 2016, de nouveaux soucis budgétaires et les soucis de santé de John Hurt, nouveau Javier diagnostiqué d’un cancer du pancréas annulent une nouvelle fois le projet
- 2017, des conflits éclatent entre Paulo Bronco, nouveau producteur et Terry Gilliam, ce qui annule un nouveau projet. Cependant, celui qui donnera lieu au film final est lancé en mars 2017
- mai 2018, une action en justice de Paulo Bronco menace d’interdire le film en salle et Amazon Studios se retire de la distribution
- 9 mai 2018, Terry Gilliam est frappé d’un AVC et risque de ne pas pouvoir se rendre au Festival de Cannes où son film sera présenté dix jours plus tard.
Cependant, le film a réussi à sortir, malgré un budget bien moindre que celui prévu en 2000 (17 millions d’euros contre 30 millions en 2000, soit quasiment 2,3 fois moins une fois la correction d’inflation réalisée).
Les clins d’œil à la malédiction de Don Quichotte
C’est plein d’humour que Terry Gilliam propose des clins d’œil à l’ensemble de ce qui lui est arrivé dans la genèse du film dans l’Homme qui tua Don Quichotte. Et l’histoire du film fait partie du film en tant que tel.
Ainsi, le film s’ouvre par « And now… After 25 years in the making… and unmaking .. A Terry Gilliam film », pour nous rappeler que ce film n’a pas été simple à produire.
On peut voir également dans le Toby réalisateur du début du film le Terry Gilliam de Lost in la Mancha. Seul, au milieu du désert, avec une équipe qui s’affole autour de lui, lui tentant de garder la tête froide, essayant de faire du mieux qu’il peut pour produire son film.
Enfin, la phrase de son patron à la fin du film, notant qu’il pleut là et quand il ne devrait jamais pleuvoir va pousser à annuler la production est clairement un message que Gilliam s’envoie à lui-même, comme pour conjurer le mauvais sort.
L’évolution de l’histoire de l’Homme qui tua Don Quichotte
Si la trame scénaristique est restée proche tout du long de sa création, le script a néanmoins connu quelques adaptations en court de route. Ainsi, Toby qui était au début un publicitaire devient un jeune réalisateur de film (lors du projet de 2008). Mais pas n’importe lequel, un réalisateur qui a tourné comme premier film une adaptation de Don Quichotte dans un petit village…
Influencé par le livre de Mark Twain, Toby devait initialement voyager dans le temps et revenir à l’époque de Don Quichotte. C’est ainsi qu’on le voit dans Lost in la Mancha être prisonnier et sauvé par un Jean Rochefort des griffes des chevaliers. L’absence de voyage dans le temps transpose ce passage avec un camion de police au début du film. La disparition du voyage dans le temps est arrivée dans la réécriture de 2014.
Enfin, malgré toutes ces épreuves, ce 13e film de Terry Gilliam se présente à la fois comme une critique de l’univers du cinéma, tout en lui offrant une profonde déclaration d’amour…
Si des détails des tribulations de Terry Gilliam ont été oubliées, n’hésitez pas à nous l’indiquer en commentaire !
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