La critique de l’univers du cinéma, mais aussi son amour dans l’Homme qui tua Don Quichotte
L’Homme qui tua Don Quichotte est une critique assez acerbe envers l’univers du cinéma, et plus largement de l’argent roi par opposition à la créativité et la fantasmagorie du cinéaste.
Ainsi, quand le patron de Toby semble prêt à tout pour s’accorder les bonnes grâces de l’oligarque sans foi ni loi Alexei, on ne peut que ressentir du dégoût pour le personnage. De la même manière, tous les investisseurs présents sur le tournage et ne parlant parfois pas anglais ne sont pas sans rappeler les investisseurs que l’on voit débouler sur le tournage du film de 2000 dans Lost in la Mancha.
Ayant vécu tous les affres possibles de la production du film, on comprend le rêveur Terry Gilliam qui se voit plus dans la peau de celui qui transforme les rondelles en metal en pièces d’or en que dans celle du producteur prêt à tout pour signer un contrat.
Comme le dit Laurent Bouhnik, « Le cinéma fait rêver ceux qui n’ont aucune idée de ce qui s’y passe. ». Dans le film de Gilliam, ceux qui savent ce qui s’y passe sont les producteurs.
Cependant, malgré le fait qu’ils en connaissent l’envers du décors, Toby, et par conséquent Gilliam, décide de continuer à rêver. Bien que fous en apparence, Javier puis Toby sont les vrais héros qui, tel Don Quichotte, se créent un monde chevaleresque où ils en ont le rôle qu’ils souhaitent.
Et n’est-ce pas là le rôle aussi du cinéma ? Avec l’Homme qui tua Don Quichotte, Terry Gilliam devient Don Quichotte. Il s’offre le droit de pouvoir continuer à rêver, changer les gens par le cinéma comme Javier a changé après être devenu Don Quichotte devant la caméra de Toby étudiant.
C’est cet amour du cinéma que revendique ici Gilliam, cette magie, cette capacité à devenir quelqu’un d’autre et l’assumer. Gilliam se paie même le luxe de s’offrir une périphrase de la citation finale – devenue mythique – de Casablanca, en faisant dire à Toby / Don Quichotte à Angelica / Sancho Panza qu’il pense que c’estl e début d’une relation intéressante. Pour rappel, Rick dit à Louis à la fin du chef d’oeuvre de 1942 : « Louis this is the beginning of a beautiful friendship » / « Louis, je pense que c’est le début d’une belle amitié. ». Et comment ne pas déclarer son amour au cinéma quand on cite Casablanca ?
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