Christophe Honoré est l’un des rares réalisateur français à présenter un film en compétition officielle à Cannes en 2018. Après Les Malheurs de Sophie, il revient avec un drame romantique à l’aspect mélodramatique assumé, Plaire, Aimer et Courir Vite. Si le film parvient à nous exaspérer en tout point au début, en ressort finalement convaincu de ce que l’on vient de voir grâce une fin très émotionnelle.
Durée du film : 02h12
Date de sortie : 10 mai 2018
Synopsis
1990. Arthur a vingt ans et il est étudiant à Rennes. Sa vie bascule le jour où il rencontre Jacques, un écrivain qui habite à Paris avec son jeune fils. Le temps d’un été, Arthur et Jacques vont se plaire et s’aimer. Mais cet amour, Jacques sait qu’il faut le vivre vite.
Que le début de Plaire Aimer et Courir Vite est laborieux ! Si l’on voulait être facile dans la tournure on pourrait dire que le film de Christophe Honoré donne plus envie de courir vite que de plaire et aimer. Ceci tient tout particulièrement du fait que chaque réplique sonne faux pendant au moins la première demi-heure – minimum. Mal écrites, elles paraissent très artificielles et ne donnent pas l’impression d’un vrai dialogue, avec fluidité et naturel. Ceci n’aide pas les acteurs – les très bons Denis Podalydès et Pierre Deladonchamps accompagnés de Vincent Lacoste, égal à lui-même – à bien jouer. Leur manque d’articulation vient combler le tout pour nous offrir un jeu de piètre qualité.
L’histoire ne va pendant un long moment nulle part, laissant juste des personnages enchainer les conquêtes comme des « chiens de la casse » pour reprendre une expression du film. La caractérisation de ces derniers n’est pas bien meilleure, voire un peu clichée. Ainsi les évènements passent, repassent presque, sans fil rouge ou enjeu pendant un bon moment.
Puis finalement, sans que l’on comprenne vraiment comment, les choses viennent à s’améliorer, les personnes deviennent plus attachantes. Sans doute nous devenons touchés par leur histoire, car le côté mélo est très présent – assumé par le réalisateur, donc ceci n’est pas un problème en soit, au contraire. Ce jeu avec nos émotions devient très présent et efficace, et surtout il commence à y avoir un développement, une relation plus importante. La construction n’en est pas excellente mais elle suffit à nous faire aimer le film.
C’est la fin qui va vraiment nous convaincre, avec un moment très triste, courageux et fort, qui touchera tout le monde – les multiple yeux rouge dans la salle ne manquaient pas à la fin de la séance. Cependant elle est un peu facile, ou tout du moins le développement est banal pour ce genre d’histoire d’amour homosexuelle, car trop vu dans beaucoup de films du même type.
Le film se déroule dans les années 90 – 93 pour être précis – et au début nous ne comprenons pas bien l’intérêt de placer l’action au temps du minitel. Surement juste un choix artistique – un peu pompeux dans sa volonté cependant. Il n’en est rien, et soyons honnête, cela nous énerve de ne pas avoir compris tout de suite. Reconnaissons malgré tout une chose à ceci : le force et les émotions sont présentes, et sans cela le film serait d’un intérêt bien moindre, n’étant après tout qu’assez banal dans sa forme.
Plaire Aimer et Courir Vite parvient donc contre toute attente à nous plaire assez pour qu’on en garde un bon souvenir, mais cela aura pris du temps, à défaut de complexité.