Critique de “Camping 3” avec Franck Dubosc

Après un premier volet sorti en 2005 et un deuxième sorti en 2010, Fabien Onteniente et Franck Dubosc remettent le couvert ou plutôt remontent leurs tentes. Si l’on pouvait s’attendre à un naufrage, “Camping 3” arrive pourtant à sauver les meubles et finit, malgré ses nombreux défauts, par s’imposer comme une sympathique petite surprise. On n’arrivait déjà pas à détester les deux premiers “Camping”, on n’arrivera définitivement pas à détester celui-là.

Synopsis

Comme chaque été, au Camping des Flots Bleus se retrouvent pour leurs vacances nos amis, Les Pic, Jacky et Laurette, Gatineau, tout juste divorcé de Sophie, le 37, et Patrick Chirac fidèle à ses habitudes.
Cette année, Patrick a décidé de tester le co-voiturage… Pensant traverser la France avec Vanessa, il se retrouve avec trois jeunes dijonnais : Robert le charmeur, Benji le beau gosse et José la grande gueule.
Bien évidemment, après le co-voiturage, Patrick se voit contraint de tester le co-couchage…

Critique

Le critique Eric Neuhoff du “Figaro” avait déjà créé la surprise en conseillant “Camping 3” à la fin du “Masque et la Plume” du 26 juin, au grand étonnement d’ailleurs du présentateur Jérôme Garcin. En effet, là où l’on pouvait prévoir une catastrophe, “Camping 3” s’en tire finalement plutôt bien. Sa raison d’exister ne semble pas uniquement justifiée par l’envie de faire du chiffre. Comment expliquer que ce troisième opus n’est pas si désastreux que l’on aurait pu croire ?

Par l’absence de l’insupportable Mathilde Seigner, dont le personnage a divorcé de Paulo ? Par la présence de la ravissante Leslie Médina alias Morgane dont le coup de foudre avec Louka Meliava alias Benji, le chanteur recalé à “The Voice” est illustré de fort plaisante façon à la discothèque le “Shogun” par une suite de gros plans très rapides ? Par tous les thèmes sous-jacents que traite “Camping 3” au-delà de ses airs de grosse comédie “beauf” – à savoir le choc des générations, les différences culturelles, le chômage, le vieillissement, l’Alzheimer dont est atteint Claude Brasseur alias Jacky, l’usure qui guette les couples, le divorce souvent inéluctable, le rapport parfois tendu entre parents et enfants, les sites de rencontre comme Tinder ? Par le vent de fraîcheur qu’apporte la troupe de jeunes présente dans cet opus-ci, et qui remplace les Gérard Lanvin et Richard Anconina des deux premiers “Camping” ? Par les qualités sociologiques du film qui mine de rien arrive à être le baromètre d’une certaine époque, d’une certaine France qui se dit de “gauche” mais présente des comportements racistes tel que le personnage de présentateur télévisé interprété par Gérard Jugnot ?  Par l’épaisseur qu’un Franck Dubosc, toujours aussi formidable, très sincère, au premier degré et sans aucun cynisme, parvient à octroyer à son personnage de beauf magnifique de Patrick Chirac, qu’il a rendu définitivement culte ? Par la mélancolie inattendue qui irrigue le film en fin de course et le rend indéniablement attachant ? Par notamment un joli final sur un texto envoyé par un personnage que l’on verra jamais et que l’on ne révélera pas ici ? Il y a sans doute un peu de tout cela…

En tout cas force est de reconnaître que ce troisième opus, dont on pouvait craindre en amont la prétendue indigence, s’en tire vraiment avec les honneurs. Certes, tous les gags du film ne sont pas toujours réussis, notamment à l’égard des noirs, des gays ou encore une scène douteuse autour d’une handicapée, s’avèrent parfois lourds ou répétitifs – comme ceux axés autour de Claude Brasseur/ Jacky qui perd lentement la boule, mais “Camping 3” demeure un film de vacances attachant, qui dégage un certain charme rétro, et centré donc autour de sa figure de proue Franck Dubosc / Patrick Chirac, qui confirme ici encore une fois qu’il est un immense comédien, bien au-dessus de la qualité des navets dans lesquels il évolue souvent. La scène est admirable lors de laquelle voyant arriver à sa table modique de campeur la belle Morgane, il lui propose sans dire un mot une salade de carottes en boîte identique à celle qu’il est en train d’ingurgiter lui-même. La mise en scène, quant à elle, est certes relativement rudimentaire, mais elle reste correcte. Fabien Onteniente n’est pas Scorsese, et il ne se prend d’ailleurs pas non plus pour lui, mais son travail demeure tout à fait convenable. Il arrive de temps à temps à ménager des effets de suspense bienvenus, comme l’apparition retardée du visage de Chirac/Dubosc dont n’est d’abord filmé que le bas du corps et les tongs dans un supermarché, ainsi que celle, également retardée, des trois jeunes qui l’accompagnent dans sa voiture, annoncés sous le patronyme “Vanessa”, du nom de la soeur d’un d’entre eux. Enfin, malgré ses blagues parfois moqueuses, il ressort avant tout de “Camping 3” une profonde tendresse à l’égard de tous les personnages sans exception qu’il met en scène, à l’image d’un Dubosc qui, comme acteur tout comme humoriste, ne verse jamais dans la méchanceté mais reste d’une fondamentale bienveillance – assurément salutaire en ces temps de cynisme fini et qui n’est peut-être pas pour rien dans l’important succès que connaît le film.

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