#Cannes2016 Critique de Baccalauréat de Cristian Mungiu

Le cinéma roumain est bien représenté cette année en compétition officielle. Après le « Sieranevada » de Cristi Puiu en début de Festival, le palmé Cristian Mungiu propose « Baccalauréat ».

Synopsis

© Mobra Films
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Romeo (Adrian Titieni), médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza (Maria Drăguș), soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et le précieux Sésame semble brutalement hors de portée. Avec lui, c’est toute la vie de Romeo qui est remise en question quand il oublie alors tous les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions…

Critique

© Mobra Films
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Tout est d’une simplicité extrême dans le cinéma de Cristian Mungiu. Déjà dans « 4 mois, 3 semaine et 2 jours », il filmait d’une caméra témoin le parcours d’une femme qui souhaitait se faire avorter dans la Roumanie communiste, alors que l’acte était considéré comme un crime. Dans « Baccalauréat », il s’attache à une autre histoire touchante en faisant intervenir dans son récit des sentiments complexes, sources de conflits intérieurs.

Derrière le personnage d’Eliza, il se cache en réalité le problématique de l’estime de soi. Après son agression, elle n’en a plus aucun. Il est très interessant de voir comment des rouages extérieures peuvent avoir des conséquences terribles sur une existence. Parfois même, le pire ennemi d’Eliza n’est pas cet évènement extérieur. Il n’est qu’un prétexte pour faire ressortir une blessure plus profonde qu’elle garde en elle depuis des années : celui de la peur de l’échec.

© Mobra Films
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Le père est également en plein compromis. Il est tout d’abord confronté à la problématique des limites qu’il se fixe pour aider sa fille dans sa réussite future. Il est prêt à tout donner, même à flirter avec la corruption. Pourtant, il est aussi nourri par des peurs intrinsèques. Le baccalauréat de son enfant est signe d’un éclatement familial. Sa femme va indéniablement le quitter et sa fille va voler de ses propres ailes. Il est donc à un tournant de sa vie et n’arrive pas pour le moment à se faire à ces changements futurs.

© Mobra Films
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Le cinéma de Cristian Mungiu filme comme personne une réalité. Sans montage, il est l’homme des plans longs et décide de ne miser que sur la force de ses personnages en les confrontant à des conflits intérieurs très forts. Sans éclat visible, il pourrait cependant être un sérieux concurrent pour la Palme d’Or en misant tout sur le simple ressenti du spectateur. En sortant du film, on se dit en effet, pourquoi pas….

Antoine Corte

 

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