Pedro Almodovar nous a livré son dernier cru, « La piel que habito », avec Antonio Banderas, Elena Anaya et Marisa Parades .
Bien sûr, l’on ne peut se priver du plaisir de voir un Almodovar, comme un Woody Allen, lorsque l’on est inconditionnel d’un réalisateur. On s’attend donc à un type de personnages et à une ambiance familières dans laquelle il va être facile de se plonger et de se retrouver.
Avec ce dernier film tel n’est pas le cas. Le thème de départ (une sorte de savant fou et meurtri et sa prisonnière), le décor et le climat nous sont inhabituels. Ils peuvent même engendrer un certain ennui pendant la première heure du fait que le spectateur ne sait pas où veut en venir le réalisateur. Celui-ci installe par petites touches, avec des retours en arrière, la psychologie et les souffrances des personnages. Puis l’on comprend et l’on constate qu’Almodovar reprend les thèmes qui lui sont chers et notamment la dualité homme-femme, la complexité humaine et les démons qui peuvent l’habiter. L’histoire se déroule ici en vase clos, de façon épurée et esthétique, sans les couleurs attachées aux décors extérieurs habituels, telle la ville de Barcelone.
Douleur, perte, ambiguïté, confusion des sentiments nous transportent à nouveau dans son univers. Ces thèmes, qui auraient pu être traités façon mélo si le film avait été américain, sont abordés ici avec pudeur et subtilité. Almodovar suggère et ne montre pas.
Mais le climat instauré n’est que dramatique. Il y manque, à mon avis, quelques respirations délirantes et l’émotion à laquelle Almodovar nous a habitués dans la majorité de ses films.
En fait, sans avoir été à proprement déçue, je n’arrive pas pour autant à avoir un avis totalement positif sur ce film. J’attends donc que vous alliez le voir et me donniez votre avis en retour.