La première saison de Broadchurch (dont vous pouvez voir notre critique ici) fut un véritable succès pour ITV. L’engouement extrême pour la série ne s’est pas arrêté aux frontières de l’Angleterre, et une saison deux était donc nécessaires pour la chaine. Mais l’était-elle aussi pour les spectateurs ?
La saison 2 de Broadchurch est disponible en DVD et Blu-Ray depuis le 06 mai 2015, édité chez France Télévisions Distribution.
Synopsis
La saison 2 reprend la suite logique de la saison 1, avec le procès de Joe Miller. En parallèle, l’affaire Sandbrook dont le capitaine Alec Hardy avait la charge refait surface.
Critique
La grande question de la saison était de savoir comment poursuivre la première. Le meurtrier du petit Danny Latimer avait été arrêté, et l’enquête bouclée. La série aurait pu devenir une anthologie, tel True Detective, mais Chris Chibnall, le créateur, n’a pas oublié que Broadchurch se veut réaliste et surtout complet. Dans la plupart des séries policières, ce n’est que l’enquête qui importe, et une fois le coupable mit sous les verrous, on considère qu’il ira en prison. Ici on se rappelle que dans la vraie vie pour qu’un homme soit coupable, il doit être jugé ainsi. Et c’est véritablement bon qu’une série se souvienne de cela. Le procès de Joe est mené avec brio, et on applaudira particulièrement la défense qui arrive à nous présenter un scénario plausible qui tient parfaitement la route, et ce avec les mêmes éléments qui nous ont été montrés dans la saison un.
Deux histoires en une
Faire la saison uniquement sur le procès de Joe n’apportait apparemment pas assez de matière pour huit épisodes, et il a fallu entourer ceci d’une enquête. Celle de Sandbrook. L’enquête qui hante Hardy et qui a failli détruire sa carrière. Et surtout, parallèle important à faire, enquête où le principal suspect a été innocenté lors du procès. Suivre cette affaire, la finir avec Hardy et Miller est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Pour ceux qui n’aiment pas particulièrement l’aspect procès, ceci apporte une partie enquête, et surtout une qui a le mérite de ne pas sortir de nulle part. Après tout le « teasing » dans la première saison, il semblait impensable que nous ne nous y intéressions pas plus. Il nous fallait en savoir plus sur l’affaire Sandbrook. Mais après que toute la saison précédente n’ait été vouée qu’à une seule enquête remplie de rebondissements et d’émotions, celle-ci semble bien fade à côté. Dans l’affaire Danny Latimer, c’est toute une communauté qui est touché par ce meurtre, et surtout nous ne connaissons pas le coupable avant la toute fin. Ici ce n’est que cinq personnes en comptant Hardy, et nous connaissons le(s) coupable(s) très vite. Il nous faut uniquement savoir pourquoi et comment. Si la tension est présente lors du procès, ce n’est ici clairement pas le cas.
Un casting impeccable, une écriture en demi-teinte
Question casting, la saison deux ne déçoit absolument pas ! Marianne Jean-Baptiste interprète une avocate de la défense prête à tout pour gagner alors que de son côté l’immense Charlotte Rampling est une avocate qui n’a pas plaidée depuis des années. Côté Sandbrook, c’est James D’Arcy accompagné d’Eve Myles qui incarnent parfaitement les amants suspects, et on ne cache pas notre plaisir à les retrouver là. Du côté des anciens, David Tennant et Olivia Colman sont, sans surprise, excellents. On y retrouve même parfois une recherche de la performance pour ces deux-là trop mise en avant. Cela pour combler un scénario qui n’offre pas aux autres l’occasion d’exprimer leur jeu ? On pense tout particulièrement aux deux amants, servis par un scénario moyen en ce qui les concerne.
L’écriture est ce qui va ici le plus décevoir. La saison ne dure encore une fois que huit épisodes, soit un format très court pour maintenir les niveaux de tension et d’attention au plus haut. Mais en huit épisodes on ne peut et raconter un procès palpitant et une enquête palpitante. C’est principalement pour cela que l’affaire Sandbrook est fade. Il était impossible dans ces conditions de faire une enquête aussi palpitante que la première. On regrettera de même le manque de cohérence et de lisibilité dans la relation entre Lee et Claire, nos deux suspects, qui, si au début ne semble pas claire par manque d’information, ne l’est pas plus à la fin avec ce qu’on a appris. Du côté du procès par contre, l’écriture est impeccable. Si les éléments personnels des deux femmes n’apportent absolument rien là où tous avaient une utilité, leurs plaidoiries sont excellentes. Si l’issue du procès devient prévisible relativement tôt, elle n’en est pas moins géniale. Géniale en cela que Chibnall nous montre avec brio que la justice est faillible, mais que la justice est juste. Tout le monde a sa chance. Vu la plaidoirie de la défense, qui n’aurait pas voté comme le jury ? Et pourtant nous connaissons la vérité. Idée parfaite qui nous laisse partagé sur la notion de justice, et qui nous mène à la magnifique scène finale.
Une réalisation brillante
Au niveau de la réalisation, la musique, les plans et surtout la photographie, toujours sublime, nous immerge dans l’ambiance lancinante aussi bien que dans la première saison. C’est clairement dans ce qu’il y a de mieux en termes de réalisation télévisuelle. Peut-être trop bon cependant. Les plans se veulent trop souvent beaux pour être beaux, et même s’ils participent grandement à l’esthétique et l’ambiance de la série, les plans de transitions au ras de l’herbe à la Tree of Life deviennent vite lassants. L’esthétisme sans signification n’a aucun intérêt.
Le passage en DVD est de très bonne qualité, permettant justement d’admirer la photographie et la réalisation à juste niveau. Répartie sur 3 disques, le dernier permet de profiter de bonus complets pour les fans de la saga : Making of, interview des acteurs, showrunner et producteur, présentation des lieux de tournage… Broadchurch n’aura plus aucun secret pour vous après les avoir visionnés !
En conclusion, la saison deux de Broadchurch n’était donc pas forcément nécessaires, mais elle permet d’apporter un très bon second acte à l’affaire Danny Latimer, et de boucler, avec certes moins de brio, l’affaire Sandbrook. Etait-elle moins bonne que la première ? Oui, mais avec l’adulation de la première et l’immense poids qui pesait sur elle, il était presque impossible pour les fans qu’elle fasse mieux. Elle réussit malgré tout à bien s’en sortir, et nous offrir un programme de qualité. Moins bien par rapport à la première, mais bien meilleur que beaucoup d’autres programmes. Il ne reste plus qu’à espérer qu’il en ira de même pour la saison trois ! Retrouvez cette saison en cliquant ici.