Sundance, Festival du cinéma Américain à Deauville, Quinzaine des réalisateurs à Cannes… Green Room, le troisième film du réalisateur Jeremy Saulnier, a fait le tour des festivals prestigieux et est auréolé d’une belle réputation. Que vaut vraiment le film ?
Synopsis
Au terme d’une tournée désastreuse, le groupe de punk rock The Ain’t Rights accepte au pied levé de donner un dernier concert au fin fond de l’Oregon… pour finalement se retrouver à la merci d’un gang de skinheads particulièrement violents. Alors qu’ils retournent backstage après leur set, les membres du groupe tombent sur un cadavre encore chaud et deviennent alors la cible du patron du club et de ses sbires, plus que jamais déterminés à éliminer tout témoin gênant…
Critique du film
Il existe des films qui se veulent extrêmement ambitieux, que ce soit sur la forme, sur la fond, ou sur ces deux aspects. Green Room n’en fait pas vraiment partie. Attention, formellement, le film est maîtrise. Jeremy Saulnier, ancien directeur de la photographie, nous propose un film particulièrement efficace, qui alterne intelligemment entre séquences dialoguées assez tranquilles et séquences d’affrontements beaucoup plus nerveuses durant lesquelles la tensions est bel et bien présente. C’est propre et efficace, mais il manque un petit quelque chose dans la mise en scène ou dans le montage pour vraiment nous emballer.
C’est un peu la même chose sur le fond. La structure du scénario est solide et, quitte à se répéter, efficace. On passe un vrai bon moment, c’est un thriller prenant qui divertira les amateurs du genre. Mais ce scénario reste assez simple. Les personnages, dans chaque camp, manquent cruellement de consistance. Certains membres du groupe de Rock sont plus mis en avant que d’autres au début du film et cela s’inverse au fur et à mesure que l’intrigue évolue, sans réellement se justifier ou apporter quelque chose. On ne sait pas grand chose sur le personnage d’Amber (incarné par Imogen Poots) et si un tel mystère pouvait être intéressant, il n’est jamais réellement exploité. Enfin, Darcy Banker (incarné par Patrick Stewart), le propriétaire des lieux et chef du “mouvement” néo-nazi ressemble surtout à une pale copie du Walter White / Eisenberg de Breaking Bad. On aimerait voir ce personnage aux idées radicales plus approfondi. On aimerait qu’il nous dérange. Mais non. Au contraire, son attitude très calme et posée et cette absence de mise en avant de son idéologie font qu’à aucun moment on éprouve de réelle haine pour le personnage. On assiste aux assauts en tant que spectateur et on ne ressent pas vraiment d’empathie pour qui que ce soit.
Dans l’une des dernière séquences du film, le réalisateur semble vouloir apporter une touche de poésie et une certaine réflexion à son propos, dans le dernier passage avec un des chiens de combat. L’idée est bonne, mais c’est insuffisant pour nous bouger, nous marquer, nous faire réfléchir ou nous déranger.
Reste que, comme évoqué plus haut, le film est vraiment prenant. On ne s’ennuie jamais, les assauts sont bien prenants, la bande son rock et assez nerveuge est à l’image du film… Green Room n’est pas un grand moment de cinéma, il repart d’ailleurs bredouille des grands festivals ou il passe. Il n’en reste pas moins que c’est un thriller bien rythmé, qui permet de passer un très bon moment, et qui, dans le genre, n’a rien à envier à une oeuvre comme Panic Room. On souhaite la même carrière que David Fincher à Jeremy Saulnier, il semble en avoir le potentiel.
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