Je ne peux pas vous cacher plus longtemps mon statut de spécialiste ès films de fin d’année. A force de recherches assidues, je suis parvenu à constituer un système infaillible qui permet de définir immédiatement si à vos yeux crédules on est en train d’offrir du lard ou une lanterne. A quoi reconnaît-on un bon film de Noël ? On peut le mater avec délice même quand ce n’est pas Noël. Le Noël de Belle étant immatable y compris en période de Noël, le calcul est vite fait.
Synopsis
A la veille de Noël, Belle quitte son père pour un travail dans le nord. Son client, Hunter Lowell, est connu pour son mauvais caractère, possède un chien nommé La Bête et un jardin d’hiver interdit d’accès où pousse un rosier… Mais quel est son secret ?
Critique
Du scénar, on enlève toute possibilité de trouble, c’est-à-dire non seulement toute irruption du merveilleux mais aussi toute ambiguïté psychologique. La part animale du milliardaire est nettement indépendante de lui et immédiatement domestiquée (je parle de son chien). Fameux pour ses coups d’éclat, on le voit au bout du compte s’enflammer une unique fois. En plus, la flamme est toute petite, et surgit de manière assez rationnelle (il dit de jamais aller dans le jardin d’hiver, et elle elle y va !). Du reste, son secret est vite liquidé pour laisser place aux séances de câlin-sourire. La relation entre Belle et son père est pareillement fignolée : pas d’inquiétude œdipienne, mais des petits arrangements économiques, entre un papa chef de galerie et sa meilleure employée. Ainsi on est censé croire que les personnages ressentent des trucs violents alors qu’on a pris soin par ailleurs d’ôter toute occasion de douleur. Il y a un décalage impossible entre ce que le film nous raconte théoriquement et ce qu’il est concrètement. C’est à nous de faire l’effort pour trouver ces gens-là menaçants, rigolos, beaux… Car, pour couronner le tout, il y a un énorme problème de budget.