L’histoire se déroule au Moyen-Age, qui est en réalité le “siècle des Lumières” dans la civilisation orientale. C’est à cette époque que se regroupaient tous les grands physiciens, philosophes, mathématiciens, médecins du monde.
Synopsis
Londres au début du XIème siècle. Après avoir assisté au décès de sa mère, le jeune Rob Cole découvre qu’il est capable de ressentir la mort juste en touchant une personne. Livré à lui-même, c’est auprès d’un barbier qu’il s’intéresse et apprend les bases de la médecine.
C’est après que celui-ci eut failli devenir aveugle que Rob réalise que le savoir qu’il possède est bien trop limité.
On lui indique que cet art ne peut s’apprendre que chez le plus grand des savants de l’époque : Avicenne. A partir de ce moment, Rob se rend en Perse où il y découvre, d’un nouvel œil, les arts de la médecine. Cependant, il doit aussi faire face aux multiples menaces qui pèsent sur le pays : des épidémies dévastatrices, des invasions barbares, des conflits religieux…
Critique
Le film relève, en effet, cette différenciation entre un monde plutôt sombre (Londres) et un autre plus lumineux (Ispahan). Dans la culture occidentale, nous connaissons le Moyen-Age comme étant cette époque sombre et froide, peu instructive. Ce n’est pourtant pas le cas de toutes les civilisations, car à l’autre bout du monde, dans la culture orientale, cette époque symbolise la Lumière : un âge d’or de la connaissance, de recherches, de remises en question, d’interrogations sur absolument tout : l’existence humaine, la science, l’astrologie et la médecine. La thématique paraît donc, d’emblée, intéressante et originale. Peu de cinéastes se sont aventurés dans cette recherche orientale du Moyen-Age, et il y a là une révérence à tirer pour le choix du sujet.
Un Orient ouvert et lumineux, pas toujours finalement, car le film s’exprime aussi sur les questions religieuses, parmi lesquelles les Chrétiens ne sont pas les bienvenus dans ce monde de savoir. Un monde où le héros doit se circoncire lui-même (afin de se faire passer pour un Juif) pour accéder à un savoir sectaire finalement. Une culture (et ce n’est pas la seule) qui confond nécrophilie et médecine, qui craint les conséquences d’une médecine trop poussée. Ce qui est tout de même intéressant, c’est que le film pose cette question : comment soigner si on ne sait même pas ce dont le corps humain est fait? Est-ce un blasphème, dans une époque où la religion prime, de vouloir savoir plus ?
Les visuels du film sont magnifiques. On sent qu’un véritable travail a été effectué autour des décors, de la photographie, de la lumière et du cadrage. Le contraste des décors reflète bien une différence des cultures Orient/Occident. Les acteurs donnent une belle prestation, sans pour autant illuminer l’écran. Ben Kingsley, acteur de renom, a tourné dans des films forts (La liste de Schindler), engagés (Gandhi), se repose, ici, sur ses lauriers en ré-interprétant un rôle de savant, d’homme sage, dans un univers oriental, où nous l’y avons déjà aperçu (Prince Of Persia). Il en est de même pour Olivier Martinez qui semble, ici, un peu fatigué; comme s’il y avait une forme de déjà-vu dans son interprétation. Je pense notamment à Blood And Chocolate, dans lequel il interprète un chef de clan de loups-garou, aussi semi-tyrannique et avec ce même accent “exotique”.
Malheureusement, l’intrigue n’est pas “intrigante” en fait. Or, cela semble dommage car l’univers est travaillé. Rob a un but précis, certes. Cependant, les objectifs des autres personnages semblent graviter autour de la quête de Rob. De plus, un personnage qui n’a pas vraiment d’objectif n’éprouve pas vraiment d’émotions fortes et c’est un peu ce qui est ressenti dans le film. Le Shah “glande” littéralement, il n’a pas de directives politiques particulières à atteindre; mis à part revendiquer son statut de débauché, ce dont nous rendons bien compte avec le contraste religieux qui l’oppose aux musulmans plus radicaux. Avicenne, qui a d’ailleurs réellement existé dans l’Histoire, n’est pas trop mis en valeur.
Il traîne légèrement dans l’ombre du personnage de Rob, alors que paradoxalement Rob n’est pas non plus assez charismatique pour le supplanter. De même, l’histoire d’amour entre Rebecca et Rob aurait pu tout aussi bien ne pas exister, car nous ne sommes pas assez attachés au personnages pour en être profondément touchés.
Cette palette de personnages laisse donc, à priori, assez indifférent, d’autant plus qu’elle se fond dans un décor joliment réalisé qui accentue ce décalage.
Dans l’ensemble, L’Oracle reste un film à voir, c’est un bon divertissement qui allie très bien le double sujet religion vs raison, avec des paysages à couper le souffle et de beaux costumes. Un film visuel qui a du cœur, qui n’abuse pas des effets spéciaux pour se faire entendre, sans trop de prétentions. Une belle aventure que l’on peut vite oublier cependant.
Voici la bande-annonce en VO: