Deuxième film de la compétition au festival de Deauville 2015. Un vrai film indépendant émouvant et un regard juste sur une communauté amérindienne du Dakota du Sud.
Synopsis
Johnny et sa sœur Jashaun vivent au sein de la réserve de Pine Ridge. Les jours passent et se ressemblent au sein de cette communauté indienne où Johnny s’occupe de son affaire de vente d’alcool afin de financer un départ à Los Angeles avec sa fiancée. Le jour où son père disparaît dans un tragique incendie, Johnny se retrouve face à un dilemme ; partir avec sa petite amie qui a déjà une voie toute tracée à l’université, ou rester dans ce monde à s’occuper de sa mère et de sa sœur.
Critique
Quand les adultes n’en sont plus vraiment et fuient toutes formes de responsabilités en s’oubliant dans l’alcool et l’ennui, l’enfance n’a plus sa place et les rôles sont inversés. C’est le thème central du premier film de la réalisatrice chinoise Chloé Zhao. Tous les jours au sein de la réserve, les gens sont les mêmes, ils font les mêmes choses, ce sont toujours les mêmes histoires de violences, de drogues et de morosité et ce depuis 1930. Le chiffre sept est le porte bonheur d’un des protagonistes qui sous entend que peut être cette nouvelle génération, la septième, sera bonne et salvatrice d’une communauté qui se meurt. On suit le quotidien de ces deux protagonistes ayant l’obligation d’être mûrs avant l’heure avec une proximité quasi documentaire. Ce sentiment de proximité avec les personnages est accentué avec des focales très courtes et des mises aux points millimétrées sur les yeux qui relèguent les éléments autour des visages à des zones floues et lointaines.
La réalisatrice nous fait découvrir cette région du Dakota du Sud à travers une mise en scène sublime. On pense quand même assez rapidement à des influences qui sont à chercher du côté de Terence Malick avec des plans majestueux sur la nature et les grandes plaines. La dureté de ce monde est contrebalancée par la douceur du visage angélique de la jeune actrice Jashaun St. John qui incarne avec une justesse remarquable le rôle de Jashaun qui âgée de seulement 12 ans essaie avec force de tirer cette société vers le haut.
« Les chansons que mes frères » m’ont apprises est un film indépendant émouvant. Un regard féminin sur un monde masculin en pleine désillusion parcouru par de beaux moments de grâce. Vous n’aurez pas longtemps à attendre pour le découvrir car le film sort en salles le 9 septembre 2015.