Les couche-tard de l’Étrange ne rennoncent pas à l’annonce d’une projection à 22h et encore moins quand le pitch présente une sordide histoire de trafic dans une morgue aux Philippines.
Ok, on était moins nombreux que pour les autres séances mais la salle restait quand même bien remplie. Est ce que cela valait le coup ?
Synopsis
Appréhendé en train de commettre un larcin, Ilyong est froidement descendu par la police. À la morgue, son corps fera l’objet d’un curieux trafic dirigé par Violet…
PURGATORYO : bienvenue sans l’Enfer calme d’une morgue
Si le film de Roderick Cabrido marque des points en compétition, ce n’est clairement pas dans le registre de l’action. Il va falloir creuser ailleurs.
Caméra posée et spectatrice, longs plans avec relativement peu de dialogues, on pourrait presque s’ennuyer. Mais plus l’histoire avance, plus l’envie d’en savoir plus sur le destin de ces deux jeunes qui on l’air de bien se faire chier dans leurs vies. Ce n’est donc pas le scénario et la résolution d’une histoire policière qui intrigue mais le côté humain et la psychologie des personnages. De ce point de vue là, on peut presque dire qu’il s’agit d’un Thriller.
On-on et Dyograd sont comme aspirés et dépendants de cette vie, ils n’ont pas vraiment d’autre choix que de travailler à préparer ces corps qui font l’objet d’un étrange trafic. Ils n’ont finalement pas grand chose à y voir sauf que de faire leur boulot correctement. C’est en tout cas ce que Violet attend d’eux !
Le réalisateur semble vouloir montrer que lorsque l’on est confrontés à la mort au quotidien, un certain détachement se matérialise dans la vraie vie.
Le film est bien foutu sur la forme. L’action se déroulant quasi intégralement dans les locaux de la morgue, le sentiment d’enfermement est profond. Ce huit-clos permet de se rapprocher des deux acteurs principaux et de se confronter à leurs problèmes. On comprend vite mieux les obsessions de chacun, la recherche d’une vitalité perdue à passer son temps dans les organes internes des morts.
L’histoire n’a finalement pas une grande importance et reste franchement de côté. D’ailleurs je ne suis pas certain d’avoir bien compris les tenants et aboutissants de ce recel de corps… probablement lié à l’argent que peuvent en tirer les organisateurs d’une veillée funèbre. Mais bon, ce n’est encore une fois pas le plus important. Il vaut mieux s’attarder sur les personnages ! Violet est étonnant(e) de justesse en tenancier(e) d’une morgue, transsexuel ou juste drag queen. Tout comme On-On et Dyograd, il-elle semble vraiment subir tout cela aussi, mais plus en privé qu’en public.
En définitive, difficile de se prononcer sur PURGATORYO. L’exercice de style est bien mené et les acteurs convaincants, mais l’histoire et les objectifs manquent de volume et de mordant. Un film qui a toute sa place à l’Etrange Festival mais qui divise complètement le public.