Fluido (2017, Shu Lea Cheang)
De Shu Lea Cheang, j’avais gardé le souvenir amusé de I.K.U (2000) qui projetait le spectateur dans un futur de loisirs et de gadgets sexuels. La jouissance était garantie par contrat à des client(e)s avides d’expériences et d’orgasmes à répétition. Une multinationale envoyait Reiko (jouée par sept actrices différentes), un cyborg féminin, collecter des infos sur les pratiques en cours. Reiko transformait son bras droit en pénis géant, entrait souvent dans le vif du sujet et se réinitialisait par des séances masturbatoires.
Dix sept ans plus tard, la réalisatrice revient à ce qui n’est pas vraiment un sci-fi porn mais plutôt une fantasy expérimentale. En 2060, le virus du sida a muté, transformant les porteurs mâles en humains génétiquement modifiés. Le fluide qu’ils émettent n’est pas simplement du sperme ou de l’urine mais une substance hallucinogène naturelle, transmissible par la peau. Pour contrôler le grand marché pharmaceutique, le gouvernement mondial décide une vague d’arrestations auprès des porteurs en déléguant des cyborgs immunisés. Mais lorsqu’un de ces agents désactive sa protection et découvre le plaisir illégal dans un ascenseur, la grande partouze planétaire commence.
Les donneurs de sperme, supervisés par un Noir efféminé, forment une chaîne masturbatoire devant des réceptacles lumineux en forme d’urinoirs. Le précieux liquide circule dans des tuyaux bleus ou est conservé dans de simples capotes dont le contenu est recherché comme un élixir. Une fois contaminées, les femmes se masturbent à leur tour en se barbouillant de sperme. Les hommes et les femmes ne se rencontrent pas ou très peu, alors que hommes entre eux ou femmes entre elles sont saisis de frénésie sexuelle. Si la réalisatrice s’autorise une ou deux scènes porno lesbienne, l’acte sexuel entre hommes est simulé. Un Noir et un Asiatique font l’amour dans les choux sur un arrière-fond de salade. Un donneur fantasme sur une scène de sauna datée de 1978, époque du pré-sida mais l’esthétique du film, très léchée, n’évoque pas grand chose de l’esprit libertaire des années 70.
La séquence la plus réussie est celle du Pissing Wall. Un couple de marginaux, homme et femme, pissent à tour de rôle sur un mur, dessinant des motifs invisibles, comme des graffiti dégoulinants. Chaque jet donne lieu à une esquisse de danse extatique. Les victimes dépendantes s’expriment comme des artistes de rue, par un art éphémère et sauvage. Au rayon des curiosités, signalons que les traces laissées par l’urine, mais aussi celles du sperme utilisé comme enduit libèrent des formules mathématiques fugitives qui s’évaporent comme des poèmes d’un nouveau genre. Le code génétique des infectés s’ écrit dans l’espace du bout des doigts, se lit dans la rétine ou imprègne les murs comme un pigment.
Fluido se voudrait un film transgenre à tout point de vue : science-fiction, sexualité et underground. Les fans de SF mais aussi les féministes lui opposeront Born in Flames (1983) pour son discours militant. Les amateurs de sexe trouveront les scènes trop timides (côté hommes) ou trop banales (côté femmes). Et surtout, les esthètes seront déçus par le manque de boursouflure visuelle, le retour des mêmes plans et l’absence complète de poésie. Sans aller chercher des références trop éloignées (mais peut-être le sont-elles), on préférera l’approche du corps d’un Stéphane Marti dans La Cité des neuf portes (1977) ou celle de Klonaris et Thomadaki. Quant à la transformation de gens ordinaires en obsédés sexuels, nous avons en mémoire le stupéfiant Shivers (1975) qui, d’ailleurs, n’a pas vraiment eu de descendance.
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