#EtrangeFestival2017 Les Garçons Sauvages de Bertrand Mandico

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Japon, Philippines, USA, Turquie, Allemagne, Canada, Scandinavie, Grande-Bretagne, Taïwan… et j’en passe ! La direction de l’Etrange Festival ne connait pas les frontières ! Cela donne l’occasion à des films d’être vus, alors qu’ils seraient parfois malvenus dans leurs pays d’origine…

La sélection sait aussi trouver des films français, qui sont à des années-lumières de la médiocrité des pseudo comédies françaises envahissant nos salles de cinéma. En 2017, au moins un film français se fait très largement remarquer dans le cadre de ce festival Fantastique dédié aux œuvres parfois bizarres.

Il faut bien savoir sortir des sentiers battus, trouver de nouvelles manières de conter une histoire, montrer des images différentes ! Ce cinéma de genre trouve en France une belle tête de proue avec Les Garçons Sauvages. A noter que le film a aussi été présenté en compétition à La Semaine Internationale de la Critique du Festival de Venise, rien que cela !

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Synopsis

Au début du siècle dernier, cinq adolescents arrivent sur une île sauvage et mystérieuse après avoir commis un meurtre. Alors que les tensions naissent au sein du petit groupe, d’étranges phénomènes surviennent au contact de ce lieu paradisiaque…

Un conte fantastique boderline

Je ne vais pas vous mentir, vous ne serez pas nombreux à aimer ce film de genre. Ce cinéma étrange mais fascinant reste peu accessible au grand public. Cependant, il mérite d’être vu (si vous avez plus de 16 ans…). C’est une autre manière de voir le septième art, une autre façon d’approcher certaines thématiques, et c’est clairement en dehors du cadre normatif à tout va. Je préfère voir dix films de ce type d’affilée plutôt qu’un seul Dany Boon (voilà c’est dit).

Déjà le film de Bertrand Mandico est très “arty”. En gros, ça veut dire que c’est plus une oeuvre d’art avant tout qu’un simple film. Avant-gardiste ? Peut-être, qui sait… Dans tous les cas, il a vocation à être admiré comme un tableau, comme une chanson. Sauf qu’au lieu d’être au musée, vous serez le cul enfoncé dans votre siège, parfois à vous demander ce que vous foutez là.  Cette sensation peut être présente notamment au début du film. C’est choquant et fascinant en même temps. Une scène de viol n’est jamais paisible… Sauf que la manière dont c’est amené, la position du spectateur qui voit les images au travers des yeux des cinq garçons, fait que c’est horriblement intrigant.

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Plus j’avance dans le film, plus je veux en savoir plus, comprendre ce qu’il s’y passe. Mon cerveau est dérangé par ces personnages androgynes violents. Un écho pas si involontaire que cela à Orange Mécanique se fait sentir. L’inspiration à Burroughs est assumée par l’auteur ! L’intrigue est en plus portée par une voix off omniprésente, à la fois sensuelle mais grave, qui n’est autre que les voix de ces garçons joués par des femmes. Un véritable conte macabre, dans lequel on craint la mort et la tyrannie à tout instant.

Boderline ? Oui, cela n’a rien à voir avec le fait que les cinq terreurs sont incarnées par des femmes. Non, le côté à la limite de la ligne à ne pas franchir provient plutôt de scènes à l’image de l’introduction. Simulacres d’orgies adolescentes, gros plans phalliques, dialogues crus et sexuels. Les images peuvent choquer mais en même temps restent dans un ton tellement décalé et “artistique” que même une giclée de pseudo-sperme n’est pas un gros problème.

Un travail collectif

Mais comment peut-on en arriver là ? Comment amener le spectateur à cet état de fait ? Je vous le dis clairement et sans détour, j’ai pensé vers le début du film qu’il s’agissait encore d’un réalisateur qui pense qu’en montrant des bites, une paire de sein et en faisant jouer des scènes de cul, il serait un “artiste” respecté parce qu’il propose un truc cool et différent.

Si vous vous arrêtez aux premières images, voire à la moitié du film, vous ne comprendrez pas le propos. Pourquoi ? Car Les Garçons Sauvages est une véritable réussite, dans son style. Pourquoi ?

Premièrement en proposant un film visuellement époustouflant. Ce conte fantastique s’inspire d’un univers aventurier : films de pirates, contes pour enfants, romans de Jules Verne. Le moindre petit détail a été pensé pour créer un univers totalement déjanté mais réaliste. Le noir et blanc accentue la perte de notion de temporalité. On oublie que l’action se déroule au siècle dernier. On se concentre sur les personnages et leur histoire. L’enchaînement des images, et le montage en général rappelle un rêve. Sauf qu’à aucun moment on s’attend à être réveillé. Visuellement très intéressant comme conte onirique. Pour accompagner ces images, la musique de Pierre Desprat est excellente, et c’est une qualité majeure pour un film.

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Deuxièmement, au-delà de la vision de l’artiste, une vraie bonne histoire se cache derrière les images ! Au début, je redoutais d’avoir à faire à un film poseur, qui me balance de belles séquences théâtrales sans aucun intérêt. Sauf que le tout est cohérent. Il y a un véritable raisonnement et une certaine forme de logique. Bien sûr, je ne peux pas vous dévoiler la fin ni l’intrigue puisque c’est d’un intérêt capital dans la manière dont est fait le film. Le fait que beaucoup de choses soient expliquées sur le tard est clairement volontaire.

Troisièmement, les actrices sont mortelles ! Camper un adolescent garçon n’est certainement pas le rôle le plus simple de sa vie. Elles méritent qu’on les cite : Vimala Pons, Anael Snoek, Pauline Lorillard, Mathilde Warnier et Diane Rouxel portent le film sur leurs épaules. Sans cette prestation de groupe, le film aurait sans doute une autre saveur. Chapeau bas à Vimala Pons en particulier (désolé les autres…) qui est irréelle en chef de bande.

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En synthèse, moi qui partait avec un a priori négatif au regard des premières minutes de films, je ressors fasciné par l’ensemble. Bertrand Mandico trouve le juste ton, les bonnes images parfois très crues, et est accompagné d’actrices tout à fait bluffantes.

A voir, et peut-être à revoir lorsque le temps aura commencé à user mes souvenirs de ce film, afin que je me laisse à nouveau surprendre.

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