La saison estivale ce n’est pas que “buller” au soleil sur la plage. C’est aussi l’occasion de découvrir plein de nouvelles séries quand celles qu’on aime à suivre sont terminées. Voir ces séries comme des remplacements de seconde zone serait une lourde erreur tant au fil des étés elles se sont imposé, d’une qualité rare pour certaines. L’année dernière HBO nous avait éblouis avec la dernière série de David Simons (The Wire) Show me a Hero. Et si cette année il s’agissait de The Night Of ?
Synopsis :
Au lendemain d’une virée nocturne bien arrosée, le jeune Naz, d’origine Pakistanaise, se réveille aux côtés d’une jeune femme baignant dans son sang. Cette dernière a été poignardée et il ne se souvient de rien. Inculpé pour ce meurtre, il est désormais prisonnier du système judiciaire où, parfois, la vérité passe au second plan. Un avocat bon marché mais tenace se propose de l’aider.
Critique
C’est une chose connue, les américains aiment les remakes. Si parfois cela peut donner du très bon (The Office, Homeland, Shameless), cela peut aussi être très triste à voir (Skin ou Gracepoint) tellement ils peuvent s’avérer mauvais et inutile. Là, on pense pouvoir dire sans risques que The Night Of fera partie des très bons remakes. Adaptée de la série britannique Criminal Justice de Peter Moffat – aucun lien avec Steven – par deux très bons scénaristes que sont Steven Zaillian et Richard Price pour HBO, la mini-série s’annonçait plutôt prometteuse. Et ce premier épisode ne fait que confirmer la chose.
Série d’anthologie, chaque saison suit le suspect d’un crime depuis son arrestation jusqu’à son procès en dépeignant le système judicaire et ses travers. Pour cette saison de huit épisodes, nous suivons Nasir “Naz” Khan qui est accusé du meurtre d’une jeune fille de l’Upper West Side avec qui il a passé la nuit. Il va être défendu par un avocat commis d’office, Jack Stone. La série ne s’attache pas qu’au crime, on pourrait presque dire qu’il s’agit d’un prétexte. Un prétexte pour parler du système et de ses failles, des enjeux politiques et sociaux qui rentrent en scène.
Naz est un jeune pakistanais bien plus geek que freaks mais qui n’est pas satisfait de cette situation. Quand il a l’occasion d’aller faire une super fête, il ne peut pas passer à côté, et la loi de Murphy va s’appliquer comme rarement. En effet, en plus de jouer de malchance, il est profondément gentil et naïf. Ainsi, quand une belle dépressive monte dans le taxi qu’il a « emprunté » à son père, il a vite fait d’oublier la soirée et de rêver à celle qu’il pourrait passer à ses côtés. Il se retrouve donc dans la maison d’une inconnue à boire, se droguer et s’amuser de manière surprenante – soit tout le contraire de sa personnalité et de ses habitudes. Après un bon trou noir de sa soirée, il découvre le cadavre, lacéré de coups de couteau. Et il va réussir à prendre toutes les mauvaises solutions, comme fuir avec l’arme supposée du crime et brisant un carreau.
La série à raison de mettre en avant les problèmes judicaires auxquel le jeune pauvre d’origine étrangère est soumis. Le policier principal, Box, a déjà décidé qu’il est coupable en le voyant. Il ne respecte pas ses droits et lui apporte de mauvais conseils. Certes, la question ethnique est soulevée, mais qui dans cette situation ne le penserait pas immédiatement coupable ? La question raciale n’est qu’un détail pour l’instant. La suite devrait surement mettre plus en avant les travers du système, mais dans ce premier épisode, ils sont sur Naz.
Ce dernier est le cœur de la série, d’autant plus dans cette épisode vu que son avocat n’arrive que dans les dix dernières minutes. Autant dire qu’il faut un bon jeu d’acteur pour incarner Naz. Et Riz Ahmed est sacrément bon ! Il exprime chaque attente, chaque doute, chaque crainte parfaitement, et il n’y a pas un instant où ce dernier sonne faux. Jack Stone, l’avocat, est quant à lui joué par John Turturro, dont la qualité de jeu n’est plus à démontrer. Si on le voit peu dans cet épisode, il laisse présager du bon pour la suite.
The Night Of est doté d’une tension forte et très bien exprimée, qui nous tient en haleine pendant l’heure vingt que dure l’épisode. Il n’y a pas un moment où l’on décroche, où l’on s’ennuie. La réalisation égraine quelque détails et indices au fil de l’histoire qui sont très intelligents. On pense notamment aux images de caméra de surveillance qui sont aussi bien des indices pour le spectateur que de futurs indices pour la police, tout en renforçant la tension mise en place. La personnalité de Naz nous est donnée de manière intelligente en quelques scènes dès le tout début de l’épisode, de même qu’en quelques scènes, l’aspect dépressif suicidaire d’Andrea, la victime, est très bien transmis (un mégot jeté dans une station essence).
Si HBO n’est plus aussi sublime qu’elle a pu l’être, elle reste encore une des meilleures chaines du câble américain, et The Night Of nous le prouve par son ambition et la qualité de ce premier épisode. La série sera très certainement parmi les meilleures séries de l’été.