Henri Pouctal (1859-1922) qui débute sa carrière avec le péplum Vitellius (1910), proposé par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, a échappé aux interminables séries burlesques qui trouvent pourtant encore aujourd’hui leurs amateurs. C’est que, dans l’esprit du public, le cinéma muet est souvent associé aux pitreries des primitifs. Et certainement aussi à l’époque puisque, pour contrebalancer cette réputation fâcheuse, s’impose rapidement la mode du « Film d’Art » censé relever le niveau en proposant des sujets prestigieux, empruntés au répertoire théâtral ou littéraire avec la caution de quelques noms dont la réputation ne doit rien, au départ, à l’industrie cinématographique. Dans le meilleur des cas, cela peut déboucher sur une dramaturgie nouvelle, plus réaliste, dans le style d’André Antoine. Et Pouctal, précisément, a d’abord été acteur au Théâtre libre d’Antoine. Mais bien souvent la « voie artistique » inaugurée dès 1908 s’enlise dans une théâtralité de façade.
Pouctal, qui assume une fonction importante au sein du Film d’Art, lui donne ses lettres de noblesse pour la postérité avec Travail, une œuvre monumentale en sept chapitres d’après Emile Zola, sorti en 1920. L’éloge du travail d’équipe, de la conscience professionnelle au sein d’une grande usine doit, par effet miroir, se refléter dans la réalisation. Ainsi, tant du point de vue technique que de l’interprétation, ce film échappe à la lourdeur d’ensemble qu’on pouvait craindre de l’accumulation de bonnes intentions au service du peuple. Le tournage dans une véritable usine métallurgique, la sobriété du jeu de l’acteur principal Léon Mathot, la maîtrise des scènes de foule et le sens du rythme sur la longue durée ont frappé la critique d’hier et les historiens d’aujourd’hui. Fait remarquable, cette fresque n’est pas figée dans l’évocation littéraire mais trouve des échos profonds dans la France des années 20 qui veut croire à la solidarité après l’épreuve mortelle de la Grande Guerre. Ainsi l’usine serait le laboratoire d’une fraternité nouvelle au-delà même des revendications sociales. Ce film, toujours projeté depuis des décennies en une version réduite, est proposé ici en intégrale sur deux journées.
Pouctal n’est pas l’homme d’un seul film. Sa production, abondante durant les années 10, alterne adaptations littéraires (Werther, La Dame aux camélias) et mélodrames souvent patriotiques (Alsace de Gaston Leroux). Chantecoq (1916) écrit par Arthur Bernède, auteur de Judex, est un récit d’espionnage conjectural dans lequel un savant français met au point toutes sortes d’inventions pouvant donner l’avantage à son pays. Pouctal offre à Huguette Duflos, actrice de la Comédie française qui était apparue dans L’Assassinat du duc de Guise (1908) – coup d’envoi du Film d’Art – ses premiers grands rôles à l’écran : Le Droit de l’enfant et L’infirmière, sur un scénario d’Abel Gance. Avec Le Crime du Bouif (1921) et La Résurrection du Bouif (1922), il adapte un personnage comique de Georges de La Fouchardière, Bicard dit le Bouif, en engageant Félicien Tramel, venu du café-concert ; La Fouchardière, bien oublié aujourd’hui, était l’auteur non négligeable de La Grande rafle (1928), parodie des romans du génial Gaston Leroux.
Mais l’heure de gloire, avant Travail, avait déjà sonné pendant la Guerre avec Le Comte de Monte-Cristo. Ce célèbre roman d’Alexandre Dumas, qui connut de nombreuses adaptations, donne rétrospectivement l’illusion d’avoir été écrit pour le cinéma tant ses péripéties se prêtent à la mise en images. Pouctal en commence le tournage en 1914 qui ne s’achève qu’en 1917, permettant ainsi à ses participants de s’éloigner des horreurs du front. Néanmoins, Jean Angélo qui était pressenti pour le rôle d’Edmond Dantès, en fut empêché par la mobilisation. Ceci eût deux conséquences : le remplacement d’Angélo par Léon Mathot, un acteur débutant dont c’est le premier grand rôle. Et la revanche d’Angélo, quatorze ans plus tard, qui joue Dantès dans la version signé Henri Fescourt en 1928. Le Monte-Cristo de Pouctal, en huit époques, sort sous l’appellation de « ciné-roman » reprenant la formule qu’avait initié en France Les Misérables dès 1912. Il est le premier d’une longue série à succès car la société des ciné-romans commence ses activités seulement en 1919.
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