Critique NO SPOILER de Batman V Superman : L’aube de la justice de Zack Snyder

Plus qu’un clash entre les deux super-héros les plus bankables du 7ème art, Batman v Superman est un enjeu de taille pour Warner Bros/DC. Souhaitant rivaliser avec Marvel, le studio a déboursé pas moins de 500 millions de dollars pour faire de ce combat une réalité.

Autant dire que BvS n’avait pas le droit à l’erreur pour remplir son ambitieux cahier des charges. Proposer le combat du siècle entre deux icônes de la pop-culture tout en servant de tremplin à la Justice League et poser les bases d’un univers où pourront évoluer Wonder-Woman et compagnie dans des stands-alone movie à la manière de Marvel. Zack Snyder, réalisateur du mitigé Man of Steel avait une lourde tâche sur les épaules. Le pari est-il réussi ? Oui si l’on est un fan hardcore de l’univers DC, pas vraiment si l’on est un spectateur lambda.

Synopsis

Craignant que Superman n’abuse de sa toute-puissance, le Chevalier noir décide de l’affronter : le monde a-t-il davantage besoin d’un super-héros aux pouvoirs sans limite ou d’un justicier à la force redoutable mais d’origine humaine ? Pendant ce temps-là, une terrible menace se profile à l’horizon…

Une ambition démesurée

Accusant huit ans de retard sur le rival Marvel, on était en droit de craindre un film fourre-tout. Force est de constater que BvS est le film de super-héros le plus ambitieux depuis The Dark Knight.

C’est bien simple, aucun film Marvel n’arrive à la cheville de BvS en terme d’action et de construction mythologique. Zack Snyder rend parfaitement hommage aux deux colosses que sont Batman et Superman en faisant de chaque plan de leur confrontation un moment iconique. Pas de surprise de ce côté, le réalisateur de Man of Steel nous habitue depuis ses débuts à des films spectaculaires et visuellement époustouflants, en témoigne les adaptations de 300 et watchmen. Le moins que l’on puisse dire est que Snyder ne fait pas dans la subtilité et privilégie souvent le visuel à la substance. Il est un réalisateur clivant avec autant d’admirateurs que de haters mais qui fascine par son habilité à transposer l’inimaginable à l’écran.

Batman domine un Superman affaibli
Avec MoS, le réalisateur était accusé d’en faire trop, notamment dans un acte final épico-biblico-apocalyptique. Conscient de ses choix, Snyder utilise la destruction de Metropolis à la fin de MoS pour en faire le point de convergence avec Bruce Wayne, très en colère après l’effondrement d’une de ses tours. Le réalisateur prend le parti de rejouer le final de MoS sous l’angle des humains sur lesquelles tombent les buildings. C’est là qu’intervient la fameuse question. Qui va payer pour ce désastre ? Ce déchainement de chaos et de violence peut-il rester sans conséquences? La première partie du film est donc une sorte de procès de MoS et questionne la présence de Superman sur terre dont les actions font de lui un dieu aux yeux des humains. C’est là que le film se démarque de Marvel en proposant une lecture contemporaine et « réaliste » du mythe de Superman. En somme, comment l’humanité réagirait si elle était confrontée à un surhomme.

Ben Affleck vs Henri Cavill  

Critiqué par les fans du monde entier au moment de son annonce dans le rôle de Batman, force est d’admettre que Ben Affleck succède avec brio à Christian Bale dans le rôle de l’homme chauve-souris. Plus animal, hargneux, brutal et violent, le batfleck impose le respect. Ses scènes d’actions sont impressionnantes et grandiose de par leur ressemblance avec la série de jeux video Batman Arkham. Il est clairement l’attraction principal du clash. 

On soupçonnerait presque Snyder d’avoir voulu concentrer exclusivement le film sur Batman tant il apparait bien plus que Henri Cavill. Ce dernier fait toujours le job dans le rôle de Superman, à la fois timide, replié sur lui-même mais surtout tourmenté par son nouveau statut de divinité. Pour ce qui est de Jesse Eisenberg, il fait exactement ce qu’on avait vu dans les trailers, c’est à dire du Social Network 1.5. Au vu de sa performance à la Jim Carrey, on ne peut s’empêcher de penser qu’il aurait été parfait dans le rôle de l’homme mystère mais son rôle de Lex Luthor survolté apporte de la légèreté dans ce monde de brute. Superman, wonder woman et Batman enfin réunis sur grand écran Gal Gadot, bien que sous exploitée est convaincante dans le rôle de Wonder-Woman. Son personnage, bien que très mal amené dépoussière le mythe et intrigue en quelques scènes. Elle bénéficie d’une iconographie guerrière impressionnante mais surtout rafraichissante pour les super-héroines, très peu représentées dans l’univers cinématographique des comics. Son entrée est certe peu subtile mais terriblement efficace, en partie grâce à une musique tonitruante signée du maestro Hans Zimmer et Junkie XL.

Un univers parfaitement retranscrit mais inaccessible

Outre le duel entre deux cadors de comic book, Snyder devait créer un univers crédible où pourraient évoluer les personnages de DC comics. De ce côté là, le pari est parfaitement réussi tant le métrage fourmille de trouvailles visuels et d’easter eggs en pagaille inaccessible pour les non-initiés et qui ne seront d’ailleurs expliqués que dans les futurs films du studio. 

Le métrage ne manque ainsi pas de défaut. On sent derrière le montage la présence de Warner, plus soucieux de préparer les suites que de faire de BvS une totale réussite, en témoigne des caméos peu subtils et mal inspirés. Le montage final semble ainsi avoir été haché et des scènes importantes drastiquement raccourcies. Des scènes qui auraient pu aider à comprendre les réels motivations des personnages car c’est là où le clash peine à se justifier.  Il est en effet difficile, sans connaître l’univers de savoir pourquoi Lex Luthor en veut autant à Superman. Le réel combat entre Batman et Superman, court mais génial dans sa scénographie a tout du dialogue de sourd. Les deux héros ressemblent plus à deux enfants se battant sans raison dans la cour de récréation avant de finalement se parler et devenir les meilleurs amis du monde. superman tourmenté par son statut de divinité
Cependant, les défauts sont mineurs au vu de l’incroyable spectacle que nous offre Snyder libérant son arsenal visuel et esthétique unique. Il fait de BvS, une odyssée épique et spectaculaire à mille lieux de l’univers enfantin de Marvel. A la fois sombre et brutal, c’est un univers riche et quasi élitiste par son fan service qui est retranscrit à l’écran. 

Plus qu’ un déchaînement d’explosions pour ado, BvS est plus complexe et mature qu’il n’y parait. Comme dans tous les films DC, laissez votre bonne humeur à l’entrée du cinéma. Il n’est pas question pour les héros de faire des blagues ou même de rire. Les personnages sont ici tourmentés, croulant sous les questionnements et les dilemmes moraux. Certains regretteront sans doute le traitement névrosé de Batman et Superman, tous deux au bout de leur vie. L’heure n’est pas à la rigolade. Ancrés dans notre monde, ces héros sont confrontés à la violence, la mort, le désespoir et la gravité des événements. Un film dans l’air du temps.

K.SAVORNIN

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2 comments
  1. Tout est dit ! Belle critique, les retours négatifs que l’on peut lire à droite et gauche sont issus des gens peu adaptés au style 🙂

  2. Enfin un critique qui a l’intelligence de rappeler que OUI, ce film est destiné à un public adulte et averti.
    Merci ! 🙂
    Cet élément honteusement mis de côté est pour moi l’info la plus importante à diffuser et en même temps la plus dangereuse pour Warner en vue de ses objectifs de rentabilité.
    Mais bon sang, heureusement qu’il y a des gens qui se donnent les moyens de prendre des risques !
    Bien sûr que le film n’est pas parfait. Et alors ??? Parfait pour qui ? Il faut être à 100% pour se faire apprécier ou se faire respecter ? Qui sommes-nous pour juger en permanence le travail des autres ?
    Juger, et pas donner un avis, hein.
    De toutes façons, comment faire un film parfait quand on est soi-même un fan, pour le montrer à d’autres fans eux-mêmes en désaccord entre eux ?…. (Exemple, Batman de Nolan)

    Moi je dis bravo Zack pour ta cohérence, ta vision d’ensemble avec Man Of Steel, le futur qu’on ne connaît PAS mais qu’on devine riche, et surtout tes choix assumés. (pour ne pas dire cou***)
    J’ai voyagé pendant 2h30, et c’est exactement ce que je recherchais en allant voir ce film.

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