Take Shelter : Explications de la fin du film

Folie, hallucinations, rêves ?

Que faut-il penser de tout cela ? L’un des questionnements principaux du film c’est de savoir si Curtis est bel et bien fou. Nous constatons ainsi que la manière d’aborder la folie de Jeff Nichols est plutôt ambiguë. Ou du moins, elle est neutre. En effet, il ne nous pousse pas à penser que le personnage est particulièrement fou mais ne nous dirige pas vers une évidence non plus. C’est d’ailleurs dans ces moments là, lorsque la folie est traitée à son paroxysme d’évidences et d’inévidences, que nous nous rendons compte que chaque mot, chaque geste, et chaque regard a son importance. Comment prendre quelqu’un au sérieux si tout ce qu’il fait, tout ce qu’il dit et tout ce qu’il montre devient folie ? C’est cette prise de conscience en tant que personne externe au décalage de l’autre, mais également cette prise de distance nécessaire que Nichols nous invite à faire ressortir en nous.

La scène où la folie de Curtis est véhiculée de la manière la plus intense est celle de la fin du film, où il mange dans ce qui semble être une cantine générale, en compagnie de sa femme et de sa fille. En effet, à ce moment du film, son amité avec son ancien collègue Dewart est complètement anéantie par le fait qu’il lui a fait perdre son travail. C’est à cause de l’obsession de Curtis pour ce fameux orage qu’il a demandé à Dewart de l’aider dans la construction de sa cave. En faisant cela, les deux hommes ont emprunté l’un des appareils mécaniques du chantier, chose qui leur a valu à tous deux leur travail et, par la même occasion, leur amitié.

Pour en revenir à la scène de la cantine : il s’agit véritablement d’une scène forte car lorsque Curtis arrive, en public, accompagné de sa famille, sans aucune gêne face au fait qu’il avait fait virer Dewart, cette folie, qui le pesait depuis le début du film, prend enfin forme finalement. Non pas qu’il est obligatoirement fou, mais le fait de le placer dans un contexte de foule, et donc de gens « normaux », amplifie cette différence majeure à laquelle il a fait face tout au long du film.

Dewart s’en prend à Curtis de manière très violente et ce dernier, poussé par l’agressivité de son ancien ami, s’y prette également. Action qui fait ressortir en lui une montée d’adrénaline et le fait craquer en public. C’est donc à ce moment du film qu’il prend la peau, inconsciemment, d’un prédicateur fou, présageant un des orages les plus meurtriers de l’histoire de l’humanité.

Or, même si tous les avertissements de Curtis s’avèrent être justifiés (fin du film), il n’y a rien de pire que de perdre son sang-froid pour décupler un syndrome de folie finalement.

Alors même que Curtis s’est contenu pendant absolument tout le film sur ce mal qui le hantait, il craque enfin et en public. Jeff Nichols nous indique ainsi qu’il n’ y pas de juste milieu lorsqu’il s’agit d’aborder la folie.

->La fin du film : retour sur une ambiguïté assumée

Après cette scène forte de la cantine, Samantha demande à Curtis d’aller voir un psy, quelque soit le prix qui doit être mis sur la table. Tout au long du film, pour des raisons financières et peut être même de fierté, Curtis se refusait à aller voir ce psychanalyste qu’un ami médecin lui avait recommandé. Seulement, à ce moment crucial, pour tourner la page et pour garder sa famille qui a été d’un soutien sans faille auprès de lui, il se résigne à aller voir cet homme.


La première chose qu’il lui recommande, c’est de prendre des vacances (alors qu’ils s’étaient promis de ne s’en passer cette année à cause des dépenses exorbitantes qu’a fait Curtis sur la construction de l’abri sous-terrain en cas de tempête).

Aussi, par ces recommandations nécessaires, Curtis emmènent sa femme et sa fille dans un village éloigné, au bord de la mer, avec pour seul toit une caravane ! Pendant une scène de fin où tout semble être rentré à la normale, nous apercevons au travers de la vitre de la caravane un immense nuage se former et un ciel s’assombrir de manière aussi rapide que déconcertante. Le grand moment est arrivé et les craintes de Curtis qui s’étaient jusque là dissipées, se révèlent être fondées depuis le début.
Il n’a donc jamais été fou !

Take Shelter est donc ce mélange incongru d’ironie, de confiance, de regards extérieurs et de fondements psychologiques. Le jeu avec le spectateur est complet et nous nous demandons du début à la fin si Curtis est donc bien fou. Michael Shannon et Jessica Chastain font preuve d’un jeu et d’une sensibilité foudroyante, mêlant tension et brouillage psychologique à foison. Take Shelter n’est pas un film sur la fin d’un monde physique (d’où le fait que nous ne voyons jamais la tempête en question) mais une réflexion sur nos appriories et notre adaptation psychologique face à un monde qui change.

Petit aperçu de la bande-annonce pour vous mettre “l’eau” à la bouche !

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4 commentaires
  1. Je suis navrée mais cet article s’apparente davantage à un résumé du film qu’à une analyse pertinente…

  2. Je ne suis pas d’accord avec vous. La scène finale est certainement un rêve.. Comme dans beaucoup de ses rêves où la fille apparaît, c’est elle la première à voir l’ouragan. Et comme dit la personne en commentaire il n’y a aucune analyse juste un résumé

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