La fin de Lost City of Z
Nombreux sont ceux qui se questionnent sur la fin du film. Elle est en effet un mystère, à l’image de « Z ». Elle l’est autant plus dans l’histoire vraie, car nous ne savons toujours pas concrètement ce qui est arrivé au Colonel Percy Fawcett et son fils en 1925, même si les dernières recherches disent qu’il aurait trouvé la mort à l’est d’un village habité par la tribu « kalapalo ».
Car si Jack et Percy semblent avoir été exécutés, Nina Fawcett, sa femme, garde toujours espoir que son mari soit vivant et qu’il ait décidé de rester à « Z », car elle a reçu la boussole de son mari, qu’il avait dit qu’il lui enverrait s’il faisait de « Z » son logement permanent. Cette partie de l’histoire est romancée, aucune information concernant cette boussole (d’ailleurs assez prévisible dans le film) n’existe.
Rappelons-nous, Percy et Jack ont été pris en embuscade et sont maintenant aux mains de ceux qu’ils croient être les habitants de la cité mythique de « Z ». Ils attendent alors qu’on décide de leur sort. Les indigènes se réunissent et statuent sur le fait que Percy est un chrétien, par conséquent il faut apporter quelque aide à son âme, et le séparer du carcan que lui a imposé la société dès sa naissance.
Vient alors cette scène de fin nocturne où nous ne savons pas si Percy et Jack sont mis à mort ou s’ils sont emmenés vers ce paradis perdu tant recherché.
Mais si on y réfléchit un peu, il semble tout de même clair que les deux hommes trouvent la mort : déjà car cela est dit simplement, frontalement par Jack : « Nous allons mourir, aujourd’hui, je le sais ». Deuxièmement, car père et fils se disent adieu. On comprend alors que Z, depuis le début, n’est qu’une métaphore onirique de la mort, cet inconnu dont nous ignorions le visage, et qui prend forme dans le film en tant que « Z ». Il n’est d’ailleurs pas étonnant que Percy ait nommé « Z » ainsi, car comme il le dit lui même dans le film, Z se trouve à la fin de l’alphabet, c’est le destin de tout le monde, « ce qui arrive à la fin » : dans ces moments, on comprend qu’il parle de quelque chose de plus inéluctable qu’une cité perdue : il parle de quelque chose qui nous concerne tous et auquel on ne peut échapper.
Lorsqu’on le conduit, lui et son fils, à la mort et vous l’aurez compris, « Z », car c’est la même chose, Percy tend la main comme pour se raccrocher à son passé. Survient alors une vision de Percy à l’extrémité d’une pièce, spectateur de sa propre vie passée, une scène de repas en famille, car au fond, qui était Percy si ce n’est un spectateur de sa propre vie privée, qu’il n’a cessé de fuir pour l’aventure ? Lors de ce repas de famille, Nina explique à Percy qu’elle aimerait, si elle venait à disparaître, que son mari continue d’aller de l’avant, de vivre pleinement pour lui et leurs enfants. A travers ce discours de la mort de sa femme, Percy fait le deuil de sa propre mort, c’est une forme d’acceptation.
Le film se finira sur ce sublime plan de Z, qu’on ne verra que de loin et une seule fois, en panoramique Bas/Haut, qui fait qu’il restera toujours un objet de mystère, malgré les récentes découvertes archéologiques qui prouvent bien qu’une cité gigantesque ait bien été présente à cet endroit de l’Amazonie…
Le départ de Nina peut aussi laisser le spectateur perplexe : Lorsqu’elle quitte le bureau ou elle explique son espoir toujours intact, plusieurs années après la disparition des deux hommes, elle descend un escalier et un miroir nous révèle qu’elle s’enfonce à son tour dans la jungle. Comment interpréter cette séquence ? Est-ce que son obsession se transforme en folie ? Se dirige-elle aussi vers la mort ? A moins que cet espoir que son mari revienne, qui l’a accompagnée toute sa vie, ne soit son destin à elle, sa jungle. Nous pouvons faire plusieurs interprétations sans certitude de voir juste.
Bonjour,
Merci pour cette critique, ou plutôt analyse, de « The lost city of Z ». C’est assez intéressant comme angle de vue et permet de voir cette fin différemment. Cependant, je ne pense pas qu’il soit si clair que ça que les deux hommes vont trouver la mort. Bien au contraire beaucoup d’autres éléments prennent le contre-pied de cette hypothèse :
1. Percy Fawcett avait réellement nommé « Z » l’emplacement qu’il pensait être celui de la cité sur ses cartes, or, ceci n’était en aucun cas dans un but funeste. De ce fait avéré, il est donc improbable que le scénariste « l’utilise » comme allégorie de la mort (qui est d’ailleurs un terme plus juste que métaphore onirique, dans le jargon littéraire), puisque ça n’a jamais été son but initial. C’était simplement son nom.
2. Si Jack affirme qu’ils vont mourir, cela ne serait être suffisant pour indiquer leur mort certaine puisque peu de temps avant, son père affirme : « Rien ne nous arrivera. Ce n’est pas notre destin » puis en réponse plus tard face à la certitude de son fils « La vie est faite de temps de mystères mon fils. Nous savons si peu de ce monde. Nous avons fait toi et moi un voyage qu’aucun autre homme ne saurait imaginer. Cela aura éclairé nos cœurs. » Somme toute, Percy n’est toujours pas persuadé qu’ils vont mourir. Il aurait été plus judicieux de citer la voyante russe durant la Première Guerre Mondiale qui lui disait plus tôt dans le film « Votre âme ne connaîtra pas de repos, tant que vous n’aurez pas trouvé ce lieu » qui, ici, ressemble beaucoup plus à un possible destin funeste.
3. Enfin, la scène montre clairement un rituel, plus qu’une mise à mort : ils sont invités à boire un brevage, ils sont « nettoyés » avec des feuilles, etc.. Il ne s’agit pas d’une simple mise à mort, mais d’un rite. Or, les tribus amazoniennes sont réputées pour leurs rites chamaniques, expérimentés à l’aide d’un brevage à base de liannes, l’Ayahuasca, une drogue puissante aux effets psychotropes, qui provoque un état de transe, mais aussi des convulsions et vomissements, et parfois la mort. Ces rites ont pour but notamment de purifier l’âme, ce qui rendrait l’échange entre le chamane et le chef bien moins funeste également et lui donnerait un tout autre sens « Le chrétien n’est pas un des nôtres. » « Mais il n’est pas l’un des leurs non plus. Trouvons un refuge à son âme. », qui laisse plus penser à une indécision qu’à une condamnation ferme et dans ce cas, le rituel est peut être une épreuve, dont nous n’aurons pas la réponse.
Mes deux derniers points servent en fait à proposer une autre interprétation de ces dernières scènes qui, de plus, coïnciderait bien plus avec le mystère aujourd’hui irrésolu de la mort de Percy Fawcett et de son fils : il oppose différentes scènes ; certaines indiquant la mort, et d’autres indiquant un voyage chamanique, un voyage vers l’inexploré, l’inconnu. Je pense que le réalisateur a cherché à nous laisser dans une sorte d’incertitude, avec deux hypothèses probables, sans jamais fermement se prononcer pour un choix ou l’autre (puisque de toute façon nous ignorons encore à ce jour la vérité et que quand bien même il ne peut plus être vivant vu son âge, de nombreuses rumeurs affirment qu’il a choisi de rester vivre en Amazonie). Cela expliquerait aussi l’usage de la scène de la boussole, qu’il avait affirmé renvoyer au cas où il aurait trouvé la cité et décidé de rester en Amazonie, scène qui serait complètement inutile de présenter, puisqu’elle a été inventée pour le film et n’aurait pas lieu d’être si ce n’était pour l’espoir.
J’espère que tu ne trouveras pas mes remarques trop dures, ce n’est qu’un échange d’avis et je ne dis pas avoir la réponse correcte, je propose ici une autre alternative. 😉 Encore merci.
Bonjour à tous,
J’ai vu le film hier et doit reconnaître avoir été plutôt déçu par rapport aux critiques dithyrambiques qu’il a reçu.
Je m’étonne que personne n’ai remarqué les nombreuses incohérences qui le jalonnent alors que perso, elle m’ont en partie gâché mon plaisir.
La première, c’est que l’expédition de Perçy est censée remonter aux sources du fleuve, et donc, remonter le courant, courant, vu la taille du fleuve qui ne doit pas être anodin. Or, tout au long du film on ne voit que des plans d’une embarcation sans rameur/voile/moteur qui se laisse aller au gré du courant, voire qui dévale des rapides…A ce comte, c’est à l’embouchure du fleuve que Percy et la fine équipe auraient dû atterrir et non pas à la source.
Je passe sur la scène de la chute dans les filets et des piranhas sanguinaires, digne d’un Piranhas 3D, bombasses en string en moins, complètement ridicule
J’en viens enfin aux enfants de Percy. Il part chaque fois pour plusieurs mois, voire plusieurs années et se retrouve à son retour avec un nourrisson de 6 mois tout au plus. J’ai même cru que sa femme s’était retrouvé quelqu’un lors de la première expédition…
Ensuite, il y a plein de petites choses bizarres, surement dues au fait que le film a été raccourci, comme la taille de son équipage, combien sont-ils, où stockent-ils les vivres, comment emmènent-ils les chevaux , comment en pleine jungle alors qu’ils ont des guides indiens, ils ne sont pas foutus de pêcher ou de chasser.
Bref, j’ai trouvé ce film bien léger sur beaucoup d’aspect et je m’étonne d’avoir l’air d’être le seul
Sinon, merci pour votre boulot sur ce site, c’est une merveille !
Bonjour à tous,
Personnellement je partage le point de vue de Arguinavocats par rapports à la fin du film, je pense que le réalisateur à voulus laisser le spectateur dans le mystère de la disparition de Percy et son fils. En revanche cette fameuse phrase du chef de tribu » trouvons un refuge à son âme » me ramène au passage du film ou Percy rencontre la tribu cannibale et, après avoir parlé au chef de la tribu, il explique à son équipe que le cannibalisme permet de donner un refuge aux âmes des défunts..
Il est donc également possible que le réalisateur en réutilisant cette phrase à la fin veuille faire comprendre au spectateur que Percy et son Fils vont être exécuté lors d’une cérémonie qui finira par leur mise à mort ainsi que la consommation de leurs corps.
Merci pour votre boulot, continuez comme ça !
Cordialement