Après un petit tour par la compétition Un Certain Regard en 2013 avec The Bling Ring, Sofia Coppola revient cette année en compétition officielle avec Les Proies. Notre avis.
Synopsis
En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d’un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé du camp adverse. Alors qu’elles lui offrent refuge et pansent ses plaies, l’atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Jusqu’à ce que des événements inattendus ne fassent voler en éclats interdits et tabous.
Sofia Coppola sait parler comme personne des femmes. Elle fait un portrait de cette femme fragile qu’était la reine de France dans sa version pop de Marie Antoinette. Mais elle est également fascinée par la jeunesse d’aujourd’hui avec Virgin Suicides et The Bling Ring. Avec Les Proies, on retourne à nouveau dans l’Histoire des Etats-Unis.
Entre The Village et Room
On se retrouve dans le lieu clos du pensionnat, autant un lieu de refuge pour ces jeunes femmes abandonnées qu’un lieu de prison pour celles-ci qui y sont enfermées. Le décor fixé par la réalisatrice a un petit air de The Village de Night Shyamalan. Les monstres qui sont en dehors de l’enceinte de la bâtisse sont ici personnifiés par ces soldats en pleine horreur. Un pacte de non agression semble passer avec ce pensionnat, matérialisé par le fameux ruban bleu que les jeunes filles enroulent autour du portail. Le lieu est hermétique à la façon de Room où les protagonistes ne voient le monde extérieur qu’à travers une petite lucarne. Seule manifestation étrangère, ces bruits de canons qu’on entend au loin.
Puis un jour, ce soldat est recueilli. Le loup rentre dans la bergerie. Néanmoins, au fil de l’histoire, on ne sait pas très bien qui va user le plus de machiavélisme. Est-ce la tenancière, interprétée par une Nicole Kidman apparemment proprette dont l’image est ambivalente ? Est-ce cette bande de filles manipulée par la jalousie et la séduction ? Ou est-ce ce soldat complètement charmeur ?
Les Proies en deux parties
Les Proies est construit en deux parties. La première est une longue exposition, assez lente mais qui révèle des jeux de pouvoir complexes. La seconde est une explosion. Les vrais visages apparaissent grâce à une ironie dramatique distillée par Sofia Coppola. Les deux scènes du repas exquises fixent les enjeux évolutifs d’un récit conduit par une mise en scène fine et super maitrisée.
Les Proies est le film le plus subtil de la compétition. Certains diront que seule une femme peut avoir cette écriture. Sans tomber dans le sexisme, on adhère à ce vent féministe qui souffle sur la croisette.