Critique du film Han Gong-Ju (A Cappella) de Lee Su-Jin

A cappella

Han Gong-Ju, renommé A Cappella pour sa sortie française, est le tout premier long métrage de Lee Su-Jin, qui a du produire lui-même son film pour qu’il voit le jour. C’est plutôt surprenant qu’aucun producteur ne lui est donné sa chance quand on voit la carrière du film en festivals. Han Gong-Ju est en effet reparti du festival de cinéma asiatique de Deauville avec trois prix (Prix du jury, du public et de la critique) et a remporté le grand prix au festival de Marrakech, dont le président du jury était Martin Scorsese ! Un début de carrière très encourageant pour ce réalisateur. Mais est-ce vraiment justifié ?

Synopsis
Han Gong-ju, une jeune lycéenne, se retrouve impliquée malgré elle dans une histoire sordide. Délaissée par ses parents et contrainte de s’inscrire dans un autre établissement, elle emménage chez la mère d’un enseignant. Victime des circonstances et n’ayant rien à se reprocher, Gong-ju doit tout faire pour éviter d’attirer l’attention sur elle… Mais un jour, Eun-hee, une nouvelle camarade de classe qui fait partie du club de chant a capella du lycée, découvre les prédispositions de Gong-ju au chant et décide de lui proposer d’intégrer la chorale.

Ne tournons pas autour du pot, surtout que je l’ai déjà évoqué dans mon compte rendu du festival Deauville Asia, Han Gong-Ju est, comme pour beaucoup de monde à priori, un véritable coup de cœur ! J’ai toujours été très attiré par le cinéma coréen, mais les autres films de la sélection ne m’ont pas autant convaincu.

Curieusement, les trois films coréens de la sélection que j’ai vu ( les deux autres étant l’intéressant Steel Cold Water et le plus banal Suneung) partent d’un postulat de départ similaire : Un adolescent coréen change de classe en cours d’année. Et plusieurs thèmes secondaires, comme la rumeur, le regard des, le viol… sont présents dans les trois œuvres, pourtant très différentes les unes des autres.

Han Gong-Ju est une œuvre qui se focalise vraiment sur son personnage principal, présent dans quasiment toutes les séquences. Une personnage déroutant dans un premier temps, puis finalement très touchant. Et malgré cette omniprésente, les seconds rôles, même ceux qui sont peu présents sont également très forts. Le travail sur les personnages est vraiment une des qualités fondamentales du film.

L’autre point fort est la narration, assez décousue. Parallèlement à la vie d’Hang Gong-Ju dans son nouveau lycée, plusieurs flash-back viennent expliquer son passé et ce qui l’a amené à “repartir à zéro”. Mais plutôt que de tout dévoiler d’un coup, le réalisateur Lee Su-Jin choisit de le faire progressivement, pour maintenir le suspense, et parfois même dans le désordre, pour créer une confusion qui n’est jamais dérangeante.

Le résultat est un très beau film, qu’on aimerait plein d’espoir tant Lee Su-Jin semble aimer ses personnages. Mais il est plutôt sombre et douloureux. S’il n’atteint pas la puissance du grand prix de Deauville Asia Nagima, Han Gong-Ju est une franche réussite, qui a le mérite d’être beaucoup plus accessible et vraiment captivant pendant toute la projection.

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