Depuis le festival de Venise 2012, le buzz n’a cessé d’enfler à propos de Spring Breakers, film indé US trash et sexy avec des actrices habituées aux séries pour ados de Disney. Spring Breakers est’il un simple effet de mode ou un nouvelle référence du cinéma indépendant US ? (Spoilers inside)
Synopsis : Pour financer leur Spring Break, quatre filles aussi fauchées que sexy décident de braquer un fast-food. Et ce n’est que le début… Lors d’une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police. En bikini et avec une gueule de bois d’enfer, elles se retrouvent devant le juge, mais contre toute attente leur caution est payée par Alien, un malfrat local qui les prend sous son aile…
Critique du film Spring Breakers
Spring Breakers, grâce à un marketing savamment orchestré, va attirer pas mal de monde dans les salles. Pourtant, Spring Breakers n’est pas un film sur le Spring Break permettant de se rinçer l’oeil. Ce n’est pas non plus un American Pie un poil plus sexy. Le grand public va se retrouver face à un film indépendant trash, un univers inhabituel pour ceux qui ne connaissent pas Harmony Korine, Larry Clark ou encore Gregg Araki.
Comme Drive avait déçu les amateurs de Fast and Furious leurrés par la bande annonce, Spring Breakers va déplaire à beaucoup de monde. Les adolescentes fans de Selena Gomez, Vaness Hudgens et Ashley Benson c’est certain… Mais aussi les hommes venus voir de belles images, des bikinis et des nichons. A dire vrai, Spring Breakers, s’il reste avant tout un film générationnel et déjanté, pourrait plus être vu comme un film de filles que comme un film de garçons, surtout, dans sa première partie. D’ailleurs, la moitié du public dans ma salle était féminin !
Le film est donc déjà en train de dépasser le stade de film buzz pour s’imposer comme une œuvre unique et forte sur les filles, la jeunesse et l’Amérique des années 2000. Harmony Korine organise son film autour du Spring Break, mais ce n’est qu’une excuse pour aboder les nombreux travers et les difficultés ressenties pas les jeunes aujourd’hui. Le personnage de Selena Gomez incarne bien cela. Ennuyée par une éducation religieuse, elle fréquente des copines beaucoup plus extraverties. Le Spring Break lui donne envie de mettre sur pause, ne jamais retourner à sa vie d’avant, qu’elle ne veut plus. Lorsque l’opportunité de « mettre sur pause » se présente, l’envers du décor est également là pour la perturber et la faire fuir, retourner à une réalité qui l’effraie moins.
Les autres filles ne suivront pas le chemin et iront jusqu’au bout de leur folie en suivant Alien, le rappeur Gangster plein d’esbroufe incarné par James Franco. Celui-ci se présente comme une opposition à la normalité, un être libre ayant construit sa propre destinée. Pourtant, il n’est rien de moins qu’un gangster de plus dans son quartier, guidé par son environnement social et non par une force intérieure autre. Sur-consommateur d’objets superficiels, il vit un fantasme qu’il n’assumera jamais. Il est en quête de reconnaissance, de Faith avant son départ, de Candy et Brit dans sa villa façon Scarface, du public et des Spring Breakers via la musique ou encore de son meilleur ami devenu ennemi, comme dans un jeu vidéo. Il possède d’ailleurs les mêmes références que ces jeunes filles, comme Britney Spears, symbole fort de cette jeunesse des années 2000 qui court vers la déchéance. Alors que les demoiselles in Bikini chantent Baby one more time à Capella au début du film, lui-même reprend Every time de Britney ne jouant au piano, dans l’une des plus belles séquences du film.
Entre icônes puritains enchainant les frasques, jeux vidéos et films violents, religions qui essaient d’être cool, tout le monde qui essaie d’être cool sur Youtube et autres SpringBreaks…. les jeunes américains sont complètement paumés. Ils sont à la recherche d’un jour meilleur, un jour de gloire ou ils seront des stars, et non pas un fantôme anonyme derrière son ordinateur au milieu d’un amphithéâtre comme un autre. Le Spring Break leur offre cette illusion. Les couleurs sont différentes, il fait chaud et tout est merveilleux et fort. Jusqu’à ce que cela devienne trop fort et que les couleurs de la réalité reprennent le-dessus.
Le final semble complètement absurde. A la manière d’un jeu vidéo, les filles enchainent les head-shots jusqu’au méchant final, tandis qu’Alien meurt au premier niveau. Tout semble irréel et psychédélique. Pourtant, c’est une tuerie perpétrée par des jeunes qui en rappelle d’autres bien réelles.