Annecy 2020: The Shaman Sorceress de Jae Huun Ahn (Corée du Sud)

Présenté au festival d’Annecy dans la sélection “longs-métrages contre-champ”, The Shaman sorceress de Jae Huun Ahn traite de l’essor du christianisme aux dépens du chamanisme en Corée. En effet, il raconte la chute de Mohwa, une chamane, qui perd sa place dans la société à cause de la christianisation. Si elle fait vivre ses deux enfants à bout de bras depuis la mort de son mari, un jour elle est obligée d’envoyer son fils, Wook-yi, auprès de moines bouddhistes. Sa fille, Nang-yi, perd alors l’usage de la parole sous le choc et consacre ses journées à la peinture. Progressivement la vie reprend son cours jusqu’à ce que Mohwa se rende compte que ses actions de chaman ont de moins en moins d’impact. Le christianisme prend de plus en plus de place sur les anciennes terres païennes. Le paganisme devient alors une bizarrerie à laquelle les gens ne croient plus. Mohwa perd ainsi progressivement pied, plongeant dans l’alcool.

Après plusieurs années son fils revient au village mais lui aussi est devenu chrétien. Entre le désespoir d’une mère et la haine de ne plus être comprise par les siens, les scènes de violence se multiplient alors entre Mohwa et Wook-yi. Le paganisme et le christianisme ne peuvent cohabiter. Nang-yi restera la seule représentante de sa famille, défendant les deux parties et les mêlant en peinture.

Un film haut en couleur

Film bouleversant, The Shaman sorcecess a l’esthétique et la lenteur mélancolique des films asiatiques. Les musiques et les couleurs enlacent le spectateur de la douceur du drame qui se trame. Le personnage de Nang-yi est particulièrement touchant par son impuissance face à la violence qui l’entoure. Elle ne peut que contempler la chute de sa mère et le conflit qui l’oppose à son frère. La religion, censée unir les hommes par une transcendance, est montrée dans toute son inhumanité. Elle est la cause de la déception, du conflit, de la déperdition et de la mort mais cette critique sur les conflits entre monothéisme et polythéisme est poétisée par les peintures de Nang-yi qui unit à nouveau les êtres.

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