L’année dernière, Jean-Marc Vallée nous avait offert un film de grande classe avec Dallas Buyers Club (voir notre critique ici). Ainsi, quand son nouveau film traite d’une femme se battant contre elle-même durant un périple de 1700km à pieds, le tout porté par Reese Witherspoon, on est en droit d’attendre un grand film.
Synopsis
Après plusieurs années d’errance, d’addiction et l’échec de son couple, Cheryl Strayed prend une décision radicale : elle tourne le dos à son passé et, sans aucune expérience, se lance dans un périple en solitaire de 1700 kilomètres, à pied, avec pour seule compagnie le souvenir de sa mère disparue… Cheryl va affronter ses plus grandes peurs, approcher ses limites, frôler la folie et découvrir sa force.Une femme qui essaye de se reconstruire décide de faire une longue randonnée sur la côte ouest des Etats-Unis.
Critique
A la fois biographie et film sur la solitude, Wild est le genre de film “à Oscar” où un(e) acteur(actrice) va être mis en avant afin de pouvoir décrocher le Graal. Certes, Reese Witherspoon a déjà eu un Oscar de la meilleure actrice en 2006 pour Walk The Line, mais on sent que le potentiel est toujours là, surtout porté par la réalisation de Jean-Marc Vallée.
Cependant, la mayonnaise a du mal à prendre. On a du mal à s’attacher au personnage de Cheryl Strayed, et si l’on comprends son challenge et sa souffrance, on a du mal à la ressentir de l’autre côté de l’écran. De la même façon, l’épreuve consistant à réaliser le PCT (Pacific Crest Trail), bien que difficile, ne semble pas si compliquée pour Cheryl. Le problème vient du fait que le réalisateur semble avoir eu du mal à maîtriser l’équilibre entre le présent (le PCT) et le passé lourd de son actrice principale. Il en résulte donc qu’on ne s’attache pas vraiment au personnage, ni sur son passé, ni sur la difficulté de son présent.
C’est dommage, car on a la sensation qu’avec 1/2h de plus, le film aurait gagné en complexité et en puissance, afin de mieux marquer le spectateur.
Surtout que la réalisation est très bonne, ainsi que la performance de Reese Witherspoon qui semble réellement vivre son incarnation de Cheryl Strayed. Les personnages secondaires renforcent le focus sur le personnage de Cheryl, et tous réussissent leur apparition.
Le message de Wild est fort (comme pour Dallas Buyers Club). Il est pas question ici de rédemption, ni d’oubli du passé, mais plutôt d’apprendre à vivre avec. Si Cheryl réalise cette épreuve, c’est pour passer un cap, mieux comprendre qui elle est, ce qu’elle veut et où elle va. Cette solitude va l’aider à avancer, non seulement durant le PCT, mais aussi dans sa vie. Le message passe, on le comprend, à défaut de le vivre.
En conclusion, Wild avait le potentiel pour être un très grand film : Acteurs brillants, réalisateur en forme, histoire puissante. Malheureusement, il manque un équilibre dans le film entre le passé et le présent qui aurait fait vivre l’expérience au spectateur, petit plus qui aurait rendu le film mémorable.