Le discours d’un roi

Tom Hooper, ce nom ne vous dit sans doute rien, mais avec 12 nominations aux oscars pour Le discours d’un roi celui-ci pourrait bien effectuer une véritable razzia à la cérémonie des oscars du 27 février prochain. Le jeune réalisateur anglais, qui n’en est pas à son premier biopic (il avait auparavant réalisé plusieurs téléfilms sur Elizabeth I et John Adams), choisit ici de nous conter la vie de Georges VI, père d’Elizabeth II et roi d’Angleterre.

Synopsis : Dans les années 1930, en Angleterre, le prince Albert (et futur Georges VI), deuxième fils du roi George V, vit un grave problème de bégaiement. L’abdication de son frère aîné l’oblige à monter sur le trône. Or le roi doit s’exprimer en public. Sur l’insistance de sa femme, il rencontre Lionel Logue, orthophoniste australien aux méthodes peu orthodoxes.

Autant le dire tout de suite, contrairement à ce que le synopsis laisse penser, Le discours d’un roi N’EST PAS un film historique. Même si la crise de la Monarchie anglaise et la marche vers la deuxième guerre mondiale constituent la toile de fond du film, Tom Hooper a préféré la petite histoire à la grande en se concentrant sur le destin du prince Albert et surtout sur le lien d’amitié qui se créera entre lui et son thérapeute. Le futur roi Georges VI et Lionel Logue sont pourtant deux hommes que tout oppose. Le premier est un homme triste mais attachant, qui semble à la fois prisonnier de son bégaiement et du poids de son statut de membre de la famille royale, totalement terrifié à l’idée de monter sur le trône il reste néanmoins emprunt d’un charme et d’une dignité toute britannique. Le second au contraire est un personnage un peu barré, souvent insolent, parfois railleur et australien de surcroît. Mais, c’est en se concentrant sur ces deux personnages que le réalisateur parviendra à alterner avec brio le drame et le rire tout au long du film et ce jusqu’à la scène du discours final particulièrement poignante.

La mise en scène, très classique, ne surprendra guère mais permettra néanmoins aux différents acteurs d’exprimer pleinement leur talent.
Habitué des comédies romantiques, Colin Firth nous avait déjà montré ses talents d’acteur dramatique dans A Single Man de Tom Ford. Il récidive ici en nous livrant une extraordinaire prestation. On sent l’acteur véritablement habité par le rôle de cet homme écrasé par le poids du destin qui se retrouve du jour au lendemain souverain d’un empire regroupant un quart de la population mondiale mais qui ne parvient toujours pas à parler correctement. Chaque phrase, chaque mot est ressenti comme un combat et permet ainsi à l’acteur de nous montrer l’étendu de son talent. Geoffrey Rush lui s’en donne à cœur joie dans le rôle de cet orthophoniste un peu timbré et nous fait rire en maintes occasions. Habituée à des rôles plus extravagants (Alice au pays des merveilles et les derniers Harry Potter notamment) Helena Bonham Carter surprend ici en interprétant tout en sobriété une reine Elizabeth particulièrement digne. Même les petits rôles sont à la fête, mention spéciale à Michael Gambon qui est très juste dans son interprétation du sévère roi Georges V et à Guy Pearce dont la ressemblance physique avec le véritable Edouard VIII est particulièrement frappante.

Le film est également bien servi par de très beaux costumes et décors qui nous plongent réellement dans l’Angleterre des années 30. La bande originale n’est pas en reste, et la judicieuse utilisation de la musique de Beethoven dans tous les moments clefs du film se révèle particulièrement efficace. On pense notamment ici à la scène finale ou la 7e symphonie du compositeur allemand accompagne fort justement chaque phrase du discours du roi.

Nombre de personnes feront remarquer qu’historiquement c’est surtout le discours de Churchill promettant à l’Angleterre « du sang et des larmes » qui permit de galvaniser le pays. Mais finalement peu importe, car plus que la dimension historique c’est la performance des acteurs qui mérite le détour et fait de ce film l’un des grands favoris pour la prochaine cérémonie des oscars.

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