En 2015, le scénario de Miss Sloane était dans le top 5 de la fameuse blacklist, qui regroupe les scénarii les plus appréciés qui n’ont pas encore été produits. On peut donc raisonnablement penser que Miss Sloane ne nous décevra pas. Par ailleurs, le réalisateur John Madden (Indian Palace, suite royale) retrouve Jessica Chastain pour une seconde fois après L’affaire Rachel Singer.
Synopsis
Elizabeth Sloane est une femme d’influence brillante et sans scrupules qui opère dans les coulisses de Washington. Face au plus grand défi de sa carrière, elle va redoubler de manigances et manipulations pour atteindre une victoire qui pourrait s’avérer éclatante. Mais les méthodes dont elle use pour parvenir à ses fins menacent à la fois sa carrière et ses proches. Miss Sloane pourrait bien avoir enfin trouvé un adversaire à sa taille.
Critique
Miss Sloane est un film sur les coulisses du lobbying, dans la même veine que Thank you smorking qui était très réussi. La barre est donc placée très haute. Si Thank you for smoking était une critique cynique du lobbying (la scène avec les 3 lobbyistes, armes, tabac et alcool, dans laquelle ils comptent le nombre de morts par domaine est géniale), Miss Sloane est un film plus sobre mais tout aussi acerbe. Dans les coulisses du lobbying, le principe est de gagner mais certains ont une certaine éthique. Les personnages sont suffisamment creusés et n’ont pas ce côté manichéen qui aurait pu énerver.
Le personnage de Jessica Chastain est une opportuniste, un brin cynique et prête à tout, bref un glaçon perchée de 12cm de Louboutin. Malgré ça, on parvient tout de même à l’apprécier. Le traitement de son personnage montre ses (petites) failles et elle est capable d’être sincère sans que ce soit par intérêt. Tout n’est donc noir ou blanc. Cet aspect montre que son personnage est bien écrit, tout comme les personnages secondaires, notamment Esme, pour qui on a évité le cliché de la petite lobbyiste naïve qui veut changer le monde.
Malgré une durée de 2h12, le film est si bien rythmée que l’on ne s’ennuie pas. Ou du moins, si l’on aime les films très bavards avec des arguments percutants. Le scénario aurait pu être un Aaron Sorkin tant il est bien écrit (compliment suprême de ma part). Les retournements de situation sont fréquents jusqu’au twist final, qui est tout simplement brillant. Quelques vantards diront peut-être qu’ils avaient tout deviné. Il n’empêche que l’on se laisse bien balader par cette histoire passionnante.
Le rythme est également bien trouvé. Le film commence par une Elizabeth Sloane entendue par une commission d’enquête sur ses activités de lobbyiste et alterne avec son travail des mois précédents. Mais contrairement à la plupart des films, le réalisateur a fait le choix de se concentrer en majorité sur cette dernière nettement plus intéressante. La partie interrogatoire intervient dans la dernière partie, pile au bon moment pour nous donner envie d’en savoir davantage, une fois que l’on en sait plus sur son passé.
Le film a aussi su éviter les clichés se rapportant au lobbying pro-contre les armes à feu. C’est effectivement un sujet fort aux Etats-Unis mais il est, ici, un prétexte à l’histoire, pour nous emmener voir tout ce qui se passe entre les lobbyistes et le congrès. On aurait tout aussi bien pu parler des industries pharmaceutiques, du pétrole ou de l’huile de palme (clin d’oeil au film avec la taxe nutella).
Miss Sloane est donc un très bon film sur le lobbying et même un très bon film tout court. Et Jessica Chastain est superbe dans le rôle de la businesswoman froide et (presque) sans pitié.