Après les joyeusetés plus ou moins réussies telles que les Twilight, Vampire Academy, True Blood ou encore Abraham Lincoln, l’image des vampires et toute l’imagerie gothique s’y rapprochant a pris un sacré coup dans l’aile. Seulement, certains réalisateurs croient encore dans le potentiel à la fois romantique, mystique et gothique de ces êtres damnés, et tentent de nous les présenter de manière contemporaine, sans perdre le mythe associé. Jim Jarmusch (Ghost Dog, Brocken Flowers…) joue sa partition autour de ces vampires bien maltraités ces derniers temps : Un sauvetage du mythe ?
Synopsis
Dans les villes romantiques et désolées que sont Détroit et Tanger, Adam, un musicien underground, profondément déprimé par la tournure qu’ont prises les activités humaines, retrouve Eve, son amante, une femme endurante et énigmatique. Leur histoire d’amour dure depuis plusieurs siècles, mais leur idylle débauchée est bientôt perturbée par l’arrivée de la petite sœur d’Eve, aussi extravagante qu’incontrôlable. Ces deux êtres en marge, sages mais fragiles, peuvent-ils continuer à survivre dans un monde moderne qui s’effondre autour d’eux ?
Critique
Hypnotisant, c’est le mot qui vient au début du film où, un disque tourne, tout comme le monde autour d’Adam et Eve, nos deux héros multi-centenaires, observateurs du monde. Décors mouvants, fixité des personnage, omniprésence de la musique. Cette première séquence du film nous transporte directement dans le monde de Jarmusch, et annonce tout de suite la couleur : Ici, pas de vampires brillants au soleil, pas de débauche à la True Blood. C’est ancré dans le réel que l’on nous présentera ces deux vampires, amants de toujours, autour de leurs tribulations.
Sans forcément suivre les trames narratives classiques, c’est plus une invitation dans la vie des personnages que l’on nous offre. L’un, Adam, est marqué par les évènements des “zombies” humains et se demande si la vie (fût-elle éternelle) mérite d’être vécue. L’autre, Eve, joue plus le rôle d’un observateur de ce monde, se contentant de survivre. Sauf qu’entre ces deux personnages est nouée une relation unique, datant de plusieurs siècles. Un amour qui n’est pas enflammé, mais terriblement mâture. Chacun connait parfaitement l’autre, l’entente parfaite entre l’un tout habillé de noir, l’autre de blanc, sorte de ying et yang, recette absolue de l’amour idéal.
Les deux personnages principaux font preuve d’une force de jeu assez impressionnante : Tilda Swinton est parfaitement juste (qui en aurait douté ?), et Tom Hiddleston nous démontre une puissance tout en retenue, et un jeu noir mais intense, nous montrant que si il incarne parfaitement le roublard Loki, il sait aussi bien entrer dans la peau du musicien immortel maudit. Ces deux personnages sont entourés de personnages secondaires attachants, que l’on parle d’Ava, la sœur incontrôlable d’Eve, Christopher Marlowe, l’écrivain maudit et auteur de l’œuvre Shakespearienne (un toujours parfait John Hurt) ou Ian, le dealer musical, ami maudit d’Adam.
La musique, parlons-en. Omniprésente et entêtante, elle s’accorde parfaitement à l’état d’esprit des personnages, naviguant dans le film avec la même nonchalance que les vampires au travers des époques. Tout comme eux, elle semble immortelle, et peut donc s’offrir le luxe de prendre son temps, comme le film. Certains y verront des lenteurs, d’autres des moments justifiés par l’ambiance du film. Et au contraire, cette lenteur volontaire nous offre des plans et une photographie parfaitement maîtrisée, ainsi qu’une sensation de hauteur : Adam et Eve, et avant tout leur amour, sont au-dessus du monde, au-dessus des hommes, observateurs mais aussi victimes.
Une fois sorti de la salle, on reste avec eux. On reste dans ce monde avec une certaine sérénité, une sensation de hauteur sur les évènements qui nous entourent. Finalement, l’hypnose de la première scène a pris, nous a emporté pendant quelques temps avec Adam et Eve, tout en nous laissant encore l’impression d’être avec eux. Une hypnose fascinante en somme.
Et aussi, un film qui parle à nouveau des vampires que l’on aime, gothiques et magiques, fragiles mais aussi destructeurs… même si ils ne sont pas à proprement parler le centre du film…
Bravo Belle critique.
Pas encore vu pour moi mais il est clairt que je ne passerais pas a coté… voilà effectivement de quoi reluire le sujet des vampires sur grand écran.