Le premier quart d’heure nous intrigue : l’homme en fuite est un peu ridicule et on a du mal à croire que sa tête soit mise à prix. Pourtant il abat froidement un commerçant et trouve refuge dans une maison abandonnée en pleine forêt où il est confronté à une présence monstrueuse.
Ensuite, nous apprenons que le monstre est une jeune fille défigurée qui délivre un adolescent aveugle dans le coffre de la voiture de l’homme. Les deux ados ont chacun été victimes d’abus sexuels et de violence, ce qui les rapproche dans le malheur et la manière de surmonter leur traumatisme. Ceci étant posé, que se passe-t-il ensuite ? La réponse est : rien du tout.
Pardon, quand même il y a des flashbacks et les deux malheureux font encore quelques rencontres, trucident des imprudents trop curieux et finissent par se séparer parce que le garçon retourne chez sa mère.
Est-ce que ça fait un film ? Il faut le croire si l’on en juge par les applaudissements en fin de séance, salle 500 du forum des images. Pour ma part, j’ai comme un doute.
Quels sont les atouts de cet exercice de style macabre ? Un rythme lent, un décor forestier et des personnages hors-norme, littéralement des freaks mais dont le comportement, surtout celui de Mina, laisse perplexe. Car enfin, la jeune fille a beau avoir été effroyablement perturbée (on le serait à moins), comment en est-elle devenue cannibale ? Puisqu’on la voit bien se repaître de la chair du kidnappeur. Si elle avait complètement perdue la raison, on pourrait encore l’admettre, mais ce n’est justement pas le cas. Dès le début, on devine la fille sage derrière le maquillage et ses manières ne sont pas celle d’un « enfant sauvage ». Lorsqu’elle entame la conversation avec Alex, elle lui raconte la légende du monstre, auquel elle s’est identifiée, ce qui indique qu’elle a conservé toute sa capacité de distanciation par le langage. Ce monstre est d’une nature bien raffinée, fait du dessin et réussit à retrouver son équilibre quand ses plaies se cicatrisent, à la fin. Ce n’était vraiment pas nécessaire ni surtout vraisemblable de le transformer en créature capable de crever les yeux, égorger, massacrer à la hache, etc.
Alex est plus convaincant dans la manière qu’il a de réclamer la présence de son bourreau qui l’a sans doute aveuglé pour ne pas avoir « respecté les règles ». Nous savons, par les témoignages des rescapés, que les ravisseurs d’enfants tentent parfois d’établir une relation affective avec leurs victimes en leur faisant croire qu’ils les protègent et qu’ils sont un rempart contre des prédateurs plus dangereux. C’est, semble-t-il, ce type de rapport que Josef avait avec Alex qui va jusqu’à prendre sa défense sans vouloir admettre qu’il est mort. On aurait cependant aimé au moins un flashback pour en être sûr. Pourquoi n’y en a-t-il aucun quand le passé de Mina est par contre exploré à plusieurs reprises ?
Dans ce film sans surprise, sans twist, mais surtout sans réelle progression autre que psychologique, on assiste en quelque sorte à une thérapie de couple par l’affection entre deux ados. Pourquoi pas ? Cela nous change des psys habituels. Au moins, Mina n’a pas besoin de docteur, elle s’en sort toute seule. Bravo, ce sera une femme forte. Mais ce mélange de sentimentalisme et d’horreur ne fait pas forcément bon ménage. On sait, surtout depuis Elephant Man, que les monstres n’attirent généralement la sympathie qu’en forçant la dose. Défaut dans lequel n’était pas tombé Tod Browning, en son temps. Là, on est censé être bouleversé quand une fille laissée pour morte sort de la fosse et se venge sur sa mère ? Ou quand elle reprend apparence humaine et fait un bisou à son petit compagnon ?
The Dark n’a pas la noirceur annoncée mais peut se ranger au rayon des curiosités laissant une impression mitigée de fausse dureté et de vraie boursouflure.
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