Réalisateur du débridé “H2G2 : le guide du voyageur galactique” (2005) et “Le Fils de Rambow” (2007), Garth Jennings remet cette fois le couvert avec “Tous en scène” ou “Sing” selon son titre original, un film d’animation sur un koala qui décide d’organiser un concours de chant afin d’insuffler du sang neuf à son nouveau spectacle et, ainsi, sauver son théâtre, en proie à toutes sortes de problèmes (dettes, problèmes d’électricité, etc).
Synopsis
Buster Moon est un élégant koala qui dirige un grand théâtre, jadis illustre, mais aujourd’hui tombé en désuétude. Buster est un éternel optimiste, un peu bougon, qui aime son précieux théâtre au-delà de tout et serait prêt à tout pour le sauver. C’est alors qu’il trouve une chance en or pour redorer son blason tout en évitant la destruction de ses rêves et de toutes ses ambitions: une compétition mondiale de chant. Cinq candidats sont retenus pour ce défi: Une souris aussi séduisante que malhonnête, un jeune éléphant timide dévoré par le trac, une truie mère de famille débordée par ses 25 marcassins, un jeune gorille délinquant qui ne cherche qu’à échapper à sa famille, et une porc épic punk qui peine à se débarrasser de son petit ami à l’égo surdimensionné pour faire une carrière solo. Tout ce petit monde va venir chercher sur la scène de Buster l’opportunité qui pourra changer leur vie à jamais.
Critique
Si le scénario reste très classique, épousant un schéma plus que standardisé, avec conformation totale au schéma de Greimas (avec un héros, des adjuvants, des opposants…) et ne nous épargnant pas plusieurs facilités d’usages, si les musiques passées ne sont pas toujours très originales, avec plusieurs passages obligés et attendus et si des clichés raciaux sont également égrenés, on aurait pourtant tort de bouder son plaisir.
“Tous en scène” propose en effet un rythme trépidant qui a le don de mettre en joie, et une bonne humeur contagieuse. Si le film se rate un peu quand il veut faire dans l’émotion – comme lors des retrouvailles de Johnny et de son père -, il réussit davantage lorsqu’il s’agit de faire rire – comme lors du morceau de bravoure des auditions joyeusement déjantées ou les scènes lors desquelles Buster et son ami se reconvertissent dans le lavage et le séchage de voitures. De plus, dans la version française, Patrick Bruel en koala et Jenifer Bartoli en cochonne mère de 25 enfants et à la voix de rêve notamment, “assurent”.
On peut reprocher quelques personnages caricaturaux, néanmoins pensons également à saluer l’excellent talent de portraitiste de Garth Jennings, également unique scénariste – c’est donc vraiment son “bébé”. En quelques traits Jennings arrive en effet à croquer des personnages drôles et attachants ou difficilement oubliables – les chanteurs mais aussi la secrétaire bigleuse et archaïque ou la mécène imbuvable, et de manière en fait assez ambitieuse le réalisateur-scénariste parvient à mettre sur pied une sorte d’oeuvre chorale embrassant le destin d’une grande multitude d’êtres dans la grande ville dans laquelle se déroule “Tous en scène”. Par la technique de l’anthropomorphisme, Jennings donne mine de rien à réfléchir sur la nature humaine à l’instar, toutes proportions gardées, d’un La Fontaine il y a quelques siècles. Les animaux sont pour la plupart bien choisis et le choix en dit long sur leur personnalité. Enfin, la 3D aurait certes pu être davantage exploitée, la qualité d’image reste cependant plus que correcte.
Reste que le propos demeure tout de même très pauvre. A part égratigner gentiment les émissions télévisées comme “The Voice”, on peine un peu à savoir à quoi sert le film, quelles sont ses intentions, sa visée, son « message ». Qu’importe, nous aurons bien ri.