L’oscarisé et toujours impeccable Tom Hanks retrouve son ami Steven Spielberg après des monuments comme Il faut sauver le soldat Ryan (1998) ou encore Arrête moi si tu peux (2002). Ces retrouvailles sont elles à la hauteur de ces illustres prédécesseurs ?
Synopsis
James Donovan est un avocat spécialisé dans le domaine des assurances. Lorsqu’on lui propose de défendre un espion soviétique que tout accuse, Rudolf Abel, il accepte sans évaluer les conséquences que ce procès va avoir sur lui et ses proches.
Critique
Le film s’ouvre sur l’arrestation de Rudolf Abel en plein Brooklyn. Cette scène, comme tout le reste du film, nous replonge avec fidélité et réalisme au cœur de l’Amérique des années 60. A la manière d’Arrête moi si tu peux, Spielberg nous raconte l’histoire de cet avocat ordinaire, qui tente de défendre un traître que tout semble accuser. Ce combat d’un homme “debout” qui cherche les failles de l’instruction pour éviter la peine de mort à son client est une des grandes réussites du film. Tom Hanks interprète brillamment ce monsieur tout le monde traversant l’Histoire, cet avocat déterminé envers et contre tous. D’ailleurs, à travers la chronique de cet homme seul, Spielberg donne clairement son avis sur les excès du patriotisme américain. Il le considère comme dangereux. Ce qui fait du Pont des espions, l’anti American Sniper. A côté de ce Tom Hanks flamboyant, on peut souligner aussi la prestation tout en retenue et en sobriété de Mark Rylance. Les séquences dans lesquelles il intervient dans le film sont particulièrement émouvantes.
Quand Spielberg s’attaque à l’Histoire, le volet “sérieux” de sa filmographie, la qualité de sa mise en scène permet de rentrer dans un contexte historique avec ses enjeux et ses dangers. Ce thriller en pleine guerre froide montre les manipulations entre l’URSS et les Etats-unis avec au centre des négociations des échanges de vies humaines. La reconstitution historique du Berlin de cette époque est impressionnante. La caméra nous immerge en pleine construction du mur séparant les deux parties de la ville. Janusz Kamiński, le directeur de la photographie attitré de Spielberg, est encore une fois parfait pour mettre en lumière ce thriller. Au sommet de son art lors de la scène finale du pont de Glienicke entre Berlin et Potsdam dans les tons gris et blancs. On peut aussi mettre en avant un montage harmonieux car le film d’environ 2h15 passe très vite. Il n’y aucune longueur et l’enchaînement actions/dialogues est parfaitement maîtrisé avec des histoires parallèles ponctuées de flash-backs. Ce qui différencie ce film avec le précédent long métrage du réalisateur américain, Lincoln (2012), qui était un film plus littéraire avec des séquences un peu longues.
Mise en scène efficace, montage harmonieux et reconstitution historique millimétrée font du pont des espions un très bon thriller sur cette période trouble. Ne boudons pas notre plaisir devant ce très bon Spielberg, même si on peut lui reprocher d’être un peu trop sage ou trop scolaire. Ne vous attendez pas à être surpris, vous n’allez pas voir un film révolutionnaire mais une composition réussie filmée par un des plus grands réalisateurs américains.
Du bon spielberg, loin des longueurs de Lincoln. Un retour en grande forme. Nous serions surpris de ne pas voir ce film comme un des favoris dans la course aux oscars.
En voilà du grand cinéma comme on les aiment, deux géant réuni pour nous faire voyager dans le temps, L’histoire est fascinante
2h 15mn de déconnexion
le meilleur Spielberg, 4.5 sur 5