Lorsque deux légendes vivantes (début 2016…), l’une du cinéma et l’autre du Rock, décident de se lancer dans un grand projet de série TV, cela excite forcément la Terre entière. Et je me sens concerné en premier lieu, étant fan de Rock & Roll (qui a dit de sexe et de drogue ?), et appréciant très largement cette montée en amme des séries TV vers l’art du cinéma.
A découvrir à partir du 15 février sur OCS / CanalSat / HBO.
Synopsis
L’histoire de quarante ans de musique à travers les yeux de Richie Finestra, un producteur de disques qui tente dans les années 70 de faire renaître de ses cendres son label en trouvant de nouveaux sons et de nouveaux talents alors qu’il traverse sa crise de la quarantaine. Drogue, sexe, punk et disco deviennent son quotidien…
Critique du Pilote de la série VINYL
Je fonctionne beaucoup au feeling. Une série, un film, un court métrage, c’est une question d’émotions avant qualité de réalisation. Bien sûr, ce critère ajoute souvent une claque ou grandit le film lorsque le premier critère est présent. Mais il ne se suffit pas à lui-même. Et c’est pour cette raison que je n’ai pas aimé le pilote de VINYL. A la sortie de la projection en avant-première de cette série événement, j’ai eu du mal à trouver quelqu’un qui ose critiquer les deux heures de pilote. J’ai eu cette impression que toute l’intelligentsia va se faire mousser sur le show car il s’agit de Scorsese et Jagger… j’espère me tromper et n’être pas le seul à mettre un pied sur le frein ! Car deux légendes, chacun dans son style qui lui est propre, ne suffisent pas à sortir un truc bien. Et je préfère écrire ce billet honnête et amer plutôt que de rester dans la critique consensuelle et plaisante, comme j’ai déjà pu en lire par ailleurs.
VINYL n’a pour le moment rien d’original, d’autant plus que pour un pilote de deux heures, on devrait s’attendre à de l’originalité, voire de la folie. Sauf que la proposition a un goût de déjà-vu. L’industrie musicale dispose déjà d’une série qui s’est imposée comme une référence avec EMPIRE en 2015. Et le scénario de VINYL est tour-à-tour prévisible (hyper simpliste) ou sans intérêt. Car si la réalisation est de qualité (nous y reviendrons), l’histoire laisse à désirer. Le projet de série est assez ancien et poussé depuis plusieurs années par Mick Jagger, il est donc assez étonnant de se retrouver devant une sorte de chronique linéaire de la vie décousue de Richie Finestra (Bobby Cannavale). Linéaire ? Oui, car même s’il y a une certaine volonté de naviguer entre 1973 et la fin des années 60, l’ensemble est peu dynamique et sans réelle accroche.
Le plus gros défaut de ce pilote est certainement de vouloir trop en montrer, avec une trame principale et trois ou quatre histoires secondaires, toutes gravitant autour du personnage de Finestra. Il aurait plus judicieux de découper ces thématiques en deux, voire trois épisodes, tous ayant un ton très différents et permettant de faire avancer l’histoire avec un peu plus d’intérêt. Car deux heures c’est vraiment trop long pour une série. Ce format atypique est en incohérence totale avec un contenu qui devient peu à peu ennuyeux.
Dommage car les personnages sont intéressants. Bobby Cannavale est tout simplement génial dans le rôle de Richie. Il est tout à fait convaincant et dégage un important charisme, portant la série sur ses épaules. Son équipe d’American Century est délirante d’excès en tous genres, et les autres rôles secondaires sont tous réussis. Sauf peut-être Frank « Buck » Rogers (Andrew Dice Clay) qui a bien trop de place à l’écran pour son personnage. Au contraire, la femme de Richie, Devon (Olivia Wilde), est trop en retrait. Mais l’on se doute très vite qu’elle va monter en puissance et que la famille va devenir une source de problèmes pour Finesta…
Je reste persuadé qu’un format plus court aurait permit une plus forte adhésion à la série. Attendons les premières audiences pour vérifier si je me fourvoie totalement, mais j’ose annoncer que VINYL est une série, qui en plus d’être bien trop longue pour son pilote, n’est pas du tout accessible. J’ai beau avoir une belle culture Rock, j’ai parfois été bien perdu dans les dialogues, à base de noms de groupes et de titres de chansons des années 60 / 70. Il est parfois tellement dur de suivre que des incrustations des artistes ont été ajoutés pour « illustrer » de qui l’on parle. En cela, VINYL s’annonce comme une série pour les pros du Rock et des années 70, qui exclus d’office une grande partie du public. Espérons que les 30 années de Rock à venir dans la série seront un peu plus abordables… Beaucoup de références sont d’ailleurs balancées au détour d’un dialogue, que seuls ceux qui écoutent du rock comprendront.
Une reconstitution bluffante
Mick Jagger et Terence Winter semblent s’être lâchés et perdus dans une profonde envie de faire une série nostalgique de ces années qui auront été un tremplin magique pour la musique en général. Comme je le disais, le scénario a très peu d’intérêt pour le moment. En revanche, VINYL est une excellente réussite visuelle. La reconstitution d’un New York des années 70 est bluffante et la caméra de Martin Scorsese en saisi parfaitement les moindres détails. Des rues complètes ont été remodelées, des appartements reconstitués, et les costumes sont criards de vérité. De quoi faire pâlir les costumiers de American Hustle ou de Gatsby. Pour ce qui est de l’immersion dans l’époque, c’est carrément réussi ! Mais comme le diable se cache dans le détail, il me fallait faire une remarque sur le nombre incroyable de faux-raccord, dont certains sont carrément hallucinants… Scorsese aurait pu prendre un stagiaire pour checker ces petits détails qui tuent.
Sex, drogue et Rock n Roll sont tous présents, avec une sacré dose de cocaïne et autres substances illicites. C’est d’ailleurs ce que l’on voit le plus dans la série… Ce besoin de défonce prévaut lors de nombreuses scènes, parfois bien trop longues pour plaire. C’est à la fois proche d’un Las Vegas Parano mais à des kilomètres car il n’y a qu’une caméra observatrice et pas immergée dans la drogue… Martin Scorsese reproduit un genre de séquence à la Loup de Wall Street qui tire en longueur sans apporter grand chose d’autre qu’une prestation moyenne des acteurs, et en particulier sur les phases drogues…
Heureusement, la reconstitution n’est pas que visuelle, car la bande son est toute aussi excellente et très variée. On la découvre petit à petit au travers du déroulé de « l’histoire » de Finesta : Led Zeppelin, Donny Osmond, New York Dolls, entre autres grands de l’époque. C’est extrêmement riche musicalement et cela ne risque pas de s’arrêter car l’on sent pointer d’autres géants de la zik : David Bowie, Aerosmith, Oasis… et j’en passe !
En synthèse, que dire de ce pilote de VINYL ? Le premier épisode, à défaut d’être prétentieux – car ce n’est pas du tout le cas -, est très maladroit. Il veut montrer trop de choses et développe trop d’histoires pour susciter un réel intérêt immédiat. C’est un peu comme si l’on avait vu un documentaire anodin : il s’agit plus de montrer une tranche de vie de Richie Finesta et de ses compères plutôt que de développer une intrigue. Une curieuse manière de poser le décor. Du coup, je ne suis pas trop pressé de voir la suite…
Affaire à suivre.
Vous avez entièrement raison. Cela ‘pèche’ dans tous les sens, on a voulu courir trop de lièvres en même temps. Et depuis le weekend, aucune critique, on n’ose pas. Peut-être avions-nous trop d’attentes? On va voir la suite.
Merci en tout cas d’avoir ici parlé franchement.