#Cannes2016 Critique de Paterson de Jim Jarmush

© Mary Cybulski

Après “Only Lovers Left Alive”, Jim Jarmush présente cette année “Paterson” sur la croisette avec Adam Driver et Golshifteh Farahani. L’acteur de “Star Wars, le Reveil de la Force” apportera t-il la force du jedi avec lui pour faire remporter au film la palme d’or ?

Synopsis

Paterson (Adam Driver) vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes – de William Carlos Williams à Allan Ginsberg aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura (Golshifteh Farahani), qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…

Critique

© Mary Cybulski
© Mary Cybulski

« Paterson » est le cinéma de la tranquillité. Sans enjeu dramatique particulier, les séquences sont linéaires et répétitives à l’image d’un personnage principal réglé comme une horloge. Il se lève tous les matins aux alentours de 6h15, va travailler puis retrouve sa copine. Seule source d’évasion pour lui, l’écriture de poèmes qui sont sources d’exaltation.

Jim Jarmush arrive très bien à être témoin du quotidien. Il filme le routinier sans jamais être ennuyeux, malgré les plans similaires qui se répètent au fil de la dramaturgie. Le film tient de ce dogmatisme. On est séduit par ce film gentillet mais aucune scène ne nous emporte complètement.

Il y a énormément de comédie grâce à l’intervention du chien. Celui-ci, complètement personnifié, est le principal adversaire de « Paterson » : il convoite sa copine, lui prend sa place sur le fauteuil du salon, aboie pour le remettre à l’ordre.

Lorsqu’on filme le quotidien, il faut également savoir mettre en image l’imprévu. Or, dans le second acte, Jim Jarmush arrive tout en subtilité à bouleverser peu à peu le destin de son protagoniste. Rien de tonitruant mais il est assez perturbé pour remettre en cause un certain nombre d’éléments dans son existence. La poésie est un exutoire, certes un peu surfait, qui n’est pas forcément bien amenée dans le film.

Le duo d’acteurs joue avec une belle justesse. On attendait beaucoup de la star montante, Adam Driver, qui, entre « Star Wars, le Réveil de la Force » et « Midnight Special », a une année cinématographique exceptionnelle. Il est sobre tout en étant efficace. Il semble enfin assumer son côté masculin, délaissant son image de geek ou de jeune premier.

En plus d’illuminer l’écran par sa beauté, Golshifteh Farahani a une fragilité qui émeut facilement. Son personnage est très intéressant, notamment avec sa quête de perfection lorsqu’elle confectionne ses cupcakes qu’elle choisit de faire dans les mêmes coloris que son style vestimentaire. L’actrice a déjà tourné pour Asghar Farhadi, Christophe Honoré ou Louis Garrel. Avec Jim Jarmush, elle prend définitivement cet atout d’actrice internationale et polyvalente.

Antoine Corte

https://www.youtube.com/watch?v=div6UPJYGvk

Total
7
Partages
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Article précédent

#Cannes2016 Critique de Mal de Pierres de Nicole Garcia

Article suivant

#Cannes2016 Critique de Loving de Jeff Nichols

Articles sur le même sujet