Tout ce qui touche à la peau est tout de suite extrêmement gênant, dérangeant, voire horrifiant lorsque l’on tombe dans le film de genre. Le grand public a frissonné devant James “Buffalo Bill” Gumb, le tueur de femmes dans Le Silence des Agneaux. Celui qui collectionnait les peaux pour se faire un manteau parfait en a fait cauchemarder plus d’un. Dans Martyrs de Pascal Laugier, la peau joue aussi un rôle très important pour un final d’anthologie. Sans parler de Leatherface (Massacre à la tronçonneuse) dans lequel les masques sont fait de peau humaine…
Forcément, avec ce bagage horrifiant, j’anticipe grandement Perfect Skin qui est présenté à l’Etrange Festival. S’agit-il d’un film d’horreur ? Cela sera-t-il insoutenable ?
Critique de Perfect Skin
Rien d’insoutenable pour Perfect Skin, à moins d’être fleur bleue. Le film de Kevin Chicken s’articule plus autour de la relation victime / prédateur que sur les scènes de violence physique.
Le film est la confrontation d’un kidnappeur avec un gros problème mental personnel, qui ne l’empêche aucunement de vivre en société. Et en face, d’une jeune femme un peu perdue, étrangère à la ville et sans le sou.
Bien évidemment, la relation est totalement inégale ! Le prédateur (Richard Brake) domine les échanges, dirige la manœuvre et ne laisse pas grand espace à la jeune Katia (Natalia Kostrzewa). Cette dernière, enfermée dans sa cage, subit de profondes modifications corporelles au service de la réalisation du chef d’oeuvre ultime de Bob.
Des personnages qui se dévoilent au fil de l’histoire
Plutôt que de balancer la sauce et d’expliquer tout d’entrée de jeu, le réalisateur propose de dévoiler l’histoire des personnages au fil de l’eau. On y découvre les problèmes de chacun, ou bien on les devine. Rien de très différenciant en matière de scénario avec cependant une intrigue très bien ficelée. Les personnages sont complexes et rendent Perfect Skin intéressant.
Kevin Chicken parvient subtilement a effacer les barreaux de la cage dans laquelle survit Katia. Les personnages se rapprochent. Elle se transforme radicalement sous les coups d’aiguille de Bob. Lui mûrit et s’épanouit. Paradoxalement, on ne le déteste pas. Bien sûr, on a tout de même pitié de Katia qui n’a rien demandé à personne.
Au final, plutôt que de juger les actes de Bob, c’est la beauté des corps magnifiés qui prime, quel qu’en soit le coût. C’est en cela que le film peut être gênant : Bob nous emmène malgré nous à aimer sa cible artistique… qui a pourtant un prix important, celui de la liberté de sa victime.
Jamais gore, jamais insoutenable.