Après avoir laissé Batman broyer du noir (Ok, c’était plutôt réussi), Flash courir dans le vide (même pas vu, et Aquaman barboter en rond (pas vu le deuxième volet), DC tente une nouvelle fois de remettre l’Universe en ordre. Et cette fois, c’est James Gunn qui s’y colle, avec une mission simple (en théorie) : faire renaître Superman… et accessoirement, relancer tout un univers cinématographique. Rien que ça. On reconnait le savoir faire du monsieur, mais chez Marvel, il restait quand même un électron libre. A-t’il vraiment le profil pour incarner le (super) héros tant attendu des fans de DC ?
Synopsis
Superman se retrouve impliqué dans des conflits aux quatre coins de la planète et ses interventions en faveur de l’humanité commencent à susciter le doute. Percevant sa vulnérabilité, Lex Luthor, milliardaire de la tech et manipulateur de génie, en profite pour tenter de se débarrasser définitivement de Superman. Lois Lane, l’intrépide journaliste du Daily Planet, pourra-t-elle, avec le soutien des autres méta-humains de Metropolis et le fidèle compagnon à quatre pattes de Superman, empêcher Luthor de mener à bien son redoutable plan ?
J’ai grandi avec le Superman de Christopher Reeve. Il n’était pas juste un super-héros parmi d’autres : c’était l’icône, le symbole même du bien absolu, et je dois même mon prénom à cet acteur mythique (et un peu à Dracula, Christopher Lee, mais ça c’est une autre histoire). J’avais aussi une vieille VHS d’épisodes animés de Superman — déjà datés à l’époque — que je regardais en boucle, fasciné par la simplicité et la puissance du personnage.
Puis sont venus Lois & Clark, et là, c’est le cœur qui parle. J’ai adoré cette série, son ton feuilletonnant, l’alchimie entre Teri Hatcher et Dean Cain… Un Superman humain, romantique, vulnérable aussi, qui tranchait avec l’aura divine de Reeve, mais me parlait tout autant. J’ai été amoureux de Teri Hatcher pendant des années suite à cette série, qui a plus qu’un peu fasciné mon regard sur Lois Lane : brillante, fonceuse, drôle et farouchement indépendante. Une journaliste au caractère bien trempé, à la fois piquante et vulnérable. Et oui, les années 90 n’échappait pas à la modernité, même si ce n’était pas tout à fait la même qu’aujourd’hui !
Le Superman Returns de Bryan Singer m’avait plutôt plu à sa sortie. Je le voyais comme un bel hommage aux films d’origine, ambitieux dans sa mise en scène et visuellement soigné. Certes, le film manquait un peu de chaleur, mais j’en garde un souvenir respectueux. Et puis, en 2013, Man of Steel. Visuellement imtéressant, avec un Henry Cavill taillé pour le rôle… mais peut-être seulment d’un point de vue physique ! Le lien ne s’est jamais vraiment créé. Ni dans les films suivants, Batman v Superman, et encore moins dans Justice League. Ce Superman-là m’a toujours semblé un peu distant, trop sérieux, lesté par une vision trop christique, pas assez humaine.
Quand James Gunn a été annoncé à la tête du DCU, je n’ai pas sauté au plafond. J’aime ses Gardiens de la Galaxie, j’ai trouvé The Suicide Squad efficace, généreux… mais je ne suis pas un inconditionnel. Son arrivée chez DC m’a laissé neutre, et l’annonce de son Superman n’a pas immédiatement suscité d’excitation. Ce qui a tout changé pour moi, c’est le casting de Lois Lane. Rachel Brosnahan, extraordinaire dans The Marvelous Mrs. Maisel, est un choix absolument parfait. Elle a l’intelligence, le mordant, le charisme : exactement ce qu’il fallait pour rendre crédible la journaliste intrépide de Metropolis. Sur le papier, il y a de quoi offrir une version rafraichie de la Lois Lane que j’ai aimé dans Lois et Clark avec ce choix.
La première bande-annonce m’avait laissé tiède, trop classique, trop sage. Mais la seconde a clairement ravivé mon intérêt : on y sentait un souffle plus fort, quelques vraies idées en terme d’enjeux, les prémices d’un questionnement sur la place de Superman dans notre monde et (enfin) une Lois mise en avant.
Avec la déception confirmée de F1 (critique par ici), que j’attendais pourtant beaucoup, ce Superman de James Gunn est peu à peu devenu le blockbuster que j’attendaiss le plus cet été. Alors, pari tenu ?

Un film de super héros satisfaisant
Le film propose du James Gunn pur jus, avec une galerie de personnages haute en couleur, une bonne dose d’humour, une bande-son pêchue… et surtout, un Superman fidèle à l’idée qu’on s’en fait (dans l’ensemble). Pour la première fois depuis longtemps, il incarne à nouveau l’espoir, sans cynisme, sans armure. Il n’a peut-être jamais été aussi humain : émotions débordantes, remises en question sincères, erreurs de parcours. Un héros vulnérable, bienveillant, qui fait du bien à voir. Un homme encore jeune, qui manque de maturité et d’expérience…
Mais ce qui surprend le plus, c’est que Gunn en profite pour livrer un film résolument politique. Il tacle l’immigration, la peur de l’autre, la manipulation médiatique, tout en brandissant l’idée que la gentillesse peut encore être un acte de résistance. Un message clair, mais jamais pontifiant — intégré avec malice dans un récit à grand spectacle. Et justement, le spectacle, il est là. Gunn assume totalement le côté cartoonesque du film, avec des personnages bigger than life, des affrontements explosifs et un chien super-héros qui vole la vedette dès qu’il entre en scène. L’univers est foisonnant, généreux, parfois même un peu trop. À force de vouloir tout embrasser (la romance, le conflit mondial, les clins d’œil aux fans, le drame existentiel…), le film se disperse un peu, surtout dans sa deuxième moitié.
La grande aventure prend le pas sur l’intime, et c’est un peu dommage. Le duo Lois/Clark, si bien installé au début, est peu à peu mis en retrait. Rachel Brosnahan, absolument parfaite en Lois Lane, comme je l’espérais, apporte de la légèreté, de l’ironie, une vivacité de jeu qu’on avait rarement vue dans ce rôle. Mais l’émotion, la vraie, manque parfois à l’appel. On sourit, on rit souvent, mais on ne vibre pas tant que ça. Le film manque de moments vraiment poignants, de ces scènes qui vous restent.

Et puis, il faut bien le dire, la menace de destruction massive, les villes à moitié rasées, ça commence à sentir le réchauffé. Ce n’est pas mal fait, loin de là, mais ça reste une mécanique connue.
Pour autant, ce Superman-là, a du cœur. Il a une personnalité, un souffle, un équilibre rare entre ironie et sincérité. Ce n’est pas un film parfait, ni un nouveau classique instantané, mais c’est un blockbuster fait avec sincérité, même s’il manque un peu d’audace. Et surtout : c’est au-dessus de ses concurrents de l’été, à commencer par l’insipide F1 ou le très efficace mais sans surprise Jurassic World 4.
Ce n’est peut-être pas le plus grand film de super-héros de l’histoire, mais c’est sans doute celui dont on avait besoin en 2025. Un blockbuster qui ose croire encore à des choses simples : l’altruisme, le courage, l’honnêteté. Et si ça paraît naïf, c’est peut-être parce qu’on s’est trop habitués au cynisme. Et pour ceux que ça dérange ? Gunn a déjà répondu :
« Je sais bien que certains vont mal le prendre, juste parce que le film parle de gentillesse. Mais qu’ils aillent se faire voir. »