#Deauville2022 – Les docs de l’oncle Sam

Belushi

Synopsis

Notamment célèbre pour son rôle dans Les Blues Brothers, John Belushi disparaît en 1982 à seulement 33 ans. À travers des images d’archives, des interviews inédites et d’incroyables séquences animées, ce portrait singulier retrace le parcours inattendu d’un acteur hors-norme et d’un homme dévoré par ses démons intérieurs.

Critique

N’ayant vu aucun de films de John Belushi, sachant seulement qu’il était un pote du super cool Dan Aykroyd et mort d’une overdose au mythique Chateau Marmont, je suis allée découvrir ce documentaire sans a priori ou attente. Je me demandais si’il y aurait une différence entre ce que je savais ou croyais savoir du personnage et qui il était réellement.

D’une structure assez classique, le film donne à voir un aperçu de la carrière de Belushi, sa jeunesse, sa gloire. Il nous permet de découvrir (ou de revoir ) John Belushi à ses débuts, déjà le bout-en-train du lycée, SNL et la drogue petit à petit.

Le documentaire se base sur des interviews orales de ses proches notamment du Saturday Night Live comme Harold Ramis, Bill Murray, Dan Aykroyd ou encore Carrie Fisher .

Il y a donc beaucoup d’audio et des images d’archives : des photos, des extraits du SNL ou de films. Certaines parties sont animés et c’est intéressant de trouver cela dans un documentaire.

Une autre base du documentaire est la correspondance entre John Belushi et sa femme, Judy, son amour de jeunesse depuis le lycée, dans laquelle l’acteur est touchant et sincère. C’est dans ces passages là que l’on rentre réellement dans l’intimité de l’acteur. Il y a un côté personnel, presque trop où l’on se dit que l’on n’est pas censés lire cela.

Le documentaire essaie d’expliquer et de comprendre pourquoi, comment il en est arrivé là en faisant ressortir sa fragilité, son insécurité bien qu’il soit paradoxalement ambitieux, confiant et adulé de tous.

Il ne cherche pas à nous faire aimer l’acteur, mais à nous le faire connaître d’une manière plus intime.

Bien que le documentaire soir de qualité, on ne peut s’empêcher d’avoir une impression de déjà-vu : un éternel rise and fall de la star hollywoodienne.

Hollywood Business partie 1 et 2

Synopsis

Pour l’immense majo­ri­té des spec­ta­teurs à tra­vers le monde, il n’y a de ciné­ma que celui amé­ri­cain. On peut le déplo­rer ou s’en réjouir, le ciné­ma s’incarne en Hol­ly­wood. Mais com­ment le ciné­ma amé­ri­cain est-il deve­nu mon­dial ? Inven­té par les frères Lumière, l’essor du ciné­ma est d’abord euro­péen. Alors com­ment Hol­ly­wood va rapi­de­ment écra­ser ses concur­rents euro­péens ? Des pion­niers jusqu’à Net­flix, ce docu­men­taire en cinq par­ties se pro­pose de racon­ter com­ment Hol­ly­wood s’est impo­sé, mal­gré les obs­tacles, comme le pre­mier pro­duc­teur mondial.

Critique

Ce documentaire se divise en cinq parties d’une heure. Malheureusement, je n’ai pu voir que les deux premières et je le regrette car dès la première, on apprend déjà plein de choses sur la création du cinéma. Mais on ne traitera pas ici du cinéma avec C, plutôt des cinémas : la naissance des salles, le business ayant fait du cinéma une industrie majeure des Etats-Unis.

On aurait pu penser que parler de l’économie du cinéma, l’argent tout autour, les studios etc. serait rébarbatif. Ce n’est pas du tout le cas. L’histoire est fluide, bien racontée.

On commence fin 19ème jusqu’en 1927 dans la première partie.

On y apprend par exemple que le nom des premières salles de cinémas – les « Nickelodeon » – vient du coût de la place soit un nickel, ou encore que les producteurs à l’origine des plus grands studios hollywoodiens venaient de divers domaines et avaient un côté visionnaire.

La deuxième partie se focalise sur les luttes de pouvoir entre les différents acteurs de l’industrie du cinéma : lutte entre les studios et les acteurs, entre les studios et les banques. On apprend ainsi que ces studios ont préféré eux-même édicter leur propose code de censure pour éviter que le gouvernement le fasse.

On se rend bien compte de la puissance des studios, prêts à tout prouver aux acteurs les plus populaires qu’ils restent les boss et qu’ils sont au plus haut de la pyramide.

Le documentaire est riche en informations et anecdotes. Il sera normalement disponible début 2023 et il est assurément à voir. Je ne doute pas que les trois parties suivantes seront toutes aussi bonnes.

Hallelujah, les mots de Léonard Cohen

Synopsis

À la fin des années 1960, Leo­nard Cohen signe, comme Bob Dylan, chez Colum­bia, et devient une légende. Mais sa car­rière pren­dra un tour­nant inat­ten­du. Décou­vrez l’histoire qui l’amènera à se recons­truire et à s’affirmer comme l’un des artistes les plus impor­tants de notre époque. Une inou­bliable balade à tra­vers la chan­son “Hal­le­lu­jah”, qui a mar­qué nos vies.

Critique

Difficile de ne pas mentionner la chanson Hallelujah quand on parle de Leonard Cohen. Et difficile de ne pas mentionner Leonard Cohen en parlant de Hallelujah. Monument de la culture, on en compte aisément plus de 120 reprises différentes ! D’ailleurs, allez donc interroger vos voisins, amis, famille, vous verrez que tous ont connu Hallelujah différemment. Certains par Shrek, d’autres par Jeff Buckley, d’autres encore par Bob Dylan…

Le documentaire de Dan Geller et Dayna Goldfine s’attarde donc à nous raconter la vie artistique du songwriter de Montreal, et notamment le chemin de croix que fut l’écriture de la chanson Hallelujah. Ecrit sur plus de 7 ans, Leonard Cohen lui-même estimait avoir du produire quelque chose comme 150 couplets différents pour cette chanson.
Et pourtant, le refus de Columbia de sortir aux USA l’album Various Positions de 1984 aurait pu faire tomber la chanson dans les abîmes de la musique contemporaine.

Mais c’est sans compter sur sa puissance intrinsèque, et donc les multiples reprises qu’elle a connue (d’abord par Bob Dylan, puis par John Cale). John Cale ayant même pu changer la chanson en y insérant d’autres couplets « en stock » de Cohen, pour donner la version que tout le monde entendra par la suite chantée par Jeff Buckley sur l’album Grace. D’autres l’écouteront sur sa 3e version (édulcorée des couplets les plus…coquins dirons nous), chantée par Rufus Wainwright sur la bande originale de Shrek en 2001.

L’histoire de la chanson est exceptionnelle, tout comme sa capacité à être une des rares à être citée 2 fois dans le top 500 des plus grandes chansons de tous les temps de Rolling Stones ! Et à elle seule, elle permet de remplir largement plusieurs documentaires. C’est peut-être d’ailleurs le point faible de Hallelujah, les mots de Léonard Cohen. A vouloir raconter l’histoire de la chanson ET la biographie de son auteur, le récit parfois semble se perdre dans son fil rouge. Mais peut-on le blâmer pour autant tellement les deux histoires sont passionnantes, et totalement entremêlées…

Body Parts

Synopsis

Ce docu­men­taire retrace l’évolution de la repré­sen­ta­tion du sexe à l’écran d’un point de vue fémi­nin, dévoi­lant une réa­li­té déran­geante à tra­vers des scènes ico­niques de l’histoire du ciné­ma et célé­brant les créa­teurs auda­cieux qui s’attèlent à chan­ger les mentalités. 

Critique

Totalement ancré dans la mouvance #MeToo, la réalisatrice Kristy Guevara-Flanagan nous fait partager un pan – passionnant – de l’image du sexe à l’écran depuis l’âge d’or d’Hollywood. Y est retracé l’histoire d’un Hollywood où les femmes avaient leur mot à dire alors de la Belle Epoque à #MeToo en passant par le code Hays des années 30 à 66.

Le documentaire donne la parole à de nombreuses femmes d’Hollywood et leurs expériences. Expériences autour de la représentation du sexe, mais aussi la férocité du male gaze (présentations d’image au public avec une perspective exclusivement masculine) et l’exigence totalement injustifiée de la nudité durant de nombreuses années. Jane Fonda, Rosanna Arquette, Karyn Kusama, Rose McGowan, Emily Meade, Joey Soloway, Angela Robinson ou encore Sarah Scott plaident – et témoignent – en faveur de ce changement (cette révolution ?) de la représentation du sexe – mais surtout des femmes – à l’écran.

Mais ce n’est pas seulement cela. Car Kristy Guevara-Flanagan donne aussi la parole à ceux qui ne sont pas (ou trop peu) représentés à l’écran. Ainsi, Lauren ‘Lolo’ Spencer met en avant la représentativité des personnes handicapées à l’écran, tout comme Alexandra Billings celle des personnes transgenres. En sortant la caméra (et une bonne partie de l’industrie du grand et petit écran) des mains des hommes blancs cisgenres, c’est aussi comme cela que l’on offre une meilleure représentation du sexe à l’écran.

Un documentaire qui passe à une vitesse grand V. A ne pas rater pour les amateurs de cinéma et de série !

Television Event

Synopsis

Ce docu­men­taire évoque l’apogée de la guerre froide à tra­vers le prisme d’une chaîne de télé­vi­sion qui a pro­duit contre toute attente le télé­film le plus regar­dé et le plus contro­ver­sé à ce jour : Le Jour d’après de Nicho­las Meyer. Ce film d’anticipation, qui montre les effets dévas­ta­teurs d’une attaque nucléaire aux États-Unis, a créé un véri­table élec­tro­choc émo­tion­nel auprès de plus de 100 mil­lions de per­sonnes qui l’ont vu lors de sa dif­fu­sion en 1983, mais aus­si un débat natio­nal qui a obli­gé Ronald Rea­gan à chan­ger son dis­cours sur l’usage des armes nucléaires.

Critique

Je ne sais pas vous, mais de notre côté, nous ignorions tout de l’histoire de ce téléfilm, The Day After, et encore plus de l’histoire de sa diffusion aux Etats-Unis !

Car oui, on parle bien ici d’un téléfilm, de son making-of à sa résonance sociale, et même politique ! Nous sommes au début des années 1980, et la guerre nucléaire est alors sur toutes les lèvres, et notamment celles du nouveau president des USA, un certain Ronald Reagan. La chaîne ABC dans le cadre de ses téléfilms se prends alors à l’idée de produire un film autour de cette dernière. Mais d’un point de vue du quotidien des habitants de la petite ville de Lawrence, Kansas. 

television_event

Le documentaire est interessant sur deux points. Le premier est la découverte de l’antichambre de la production des téléfilms. Téléfilms que nous ne présentons plus et qui ont clairement des objectifs différents que les films « cinématographiques ». Notamment par le fait qu’ils doivent par définition pouvoir être vus par des millions de personnes d’un coup, tout en répondant à des exigences publicitaires fortes. Censure, complications dans le montage, incompatibilités d’humeurs entre professionnels du cinéma et de la télévision… le documentaire présente de manière honnête ces sujets.

Mais le plus intéressant est évidemment le sujet et l’impact du film. The day after sera diffusé en 1983 à un pic de la guerre froide, et donnera au public américain en prime time un aperçu de la désolation portée par ce type de guerre. Symbole du « courage » de la chaîne TV qui a porté le projet : quasiment aucun annonceur n’a diffusé de spot suivant le moment de l’attaque ! Cependant, pour les millions d’américains devant leur TV, l’impact sera massif. Prise de conscience, peur… même Reagan changera son discours suite à la diffusion du film. 

Un documentaire qui a ses défauts (de rythme notamment), et qui traite d’un sujet finalement assez loin d’une génération née après la guerre froide ET non américaine. Cependant le travail réalisé est passionnant et on découvre ici la force et la puissance d’influence des chaînes nationales et comment la vision de quelques uns peuvent chambouler une nation entière.

Bonnie

Synopsis 

La légen­daire direc­trice de cas­ting Bon­nie Tim­mer­mann est sous les feux des pro­jec­teurs dans ce docu­men­taire révé­lant pour la pre­mière fois de nom­breuses séquences d’au­di­tion inédites de toutes les plus grandes stars d’au­jourd’­hui, telle une immer­sion dans le métier d’acteur et de ce qui fait l’essence même d’un film. De Bruce Willis à Nata­lie Port­man, en pas­sant par Liam Nee­son et Sigour­ney Wea­ver, faites la connais­sance de celle qui a façon­né la télé­vi­sion et le ciné­ma actuel, une pion­nière qui a trans­for­mé la socié­té en don­nant avant tout le monde leur chance aux mino­ri­tés et de nou­veaux visages à aduler.

Critique

Le nom de Bonnie Timmerman ne vous dit probablement rien et c’est normal. Pourtant vous la connaissez ou du moins vous connaissez les nombreux films sur lesquels elle a travaillé. Qui peut se targuer d’être travaillé sur Pearl Harbor, Heat, la série Miami Vice, Armageddon, Man on fire… Elle a non seulement travaillé avec des acteurs comme Kate Winslet, Ben Affleck, Natalie Portman mais elle les a surtout découvert pour la plupart.

bonnie

Oui, Bonnie est une directrice de casting et une directrice de casting qui a du flair pour ne pas dire visionnaire. Et c’est aussi une personne empathique, sensible qui aime les acteurs, leur art et qui cherche à les connaître et à les mettre à l’aise lors des castings. Et ces dernier le lui rendent bien quand on voit les éloges que lui font Benicio Del Toro, Laura Linney, Giancarlo Esposito, Sigourney Weaver et bien d’autres. On sourit également quand on nos stars d’aujourd’hui à leurs débuts, peu confiants, intimidés…

Bonnie œuvre dans l’ombre mais son influence dans le cinéma américain de ces dernières décennies est remarquable. Aussi petite que charismatique, Bonnie sait tenir tête face à des réalisateurs comme Michael Mann ou Michael Bay quand il s’agit de défendre un acteur dans un rôle. Le documentaire nous permet de comprendre ce qu’est le métier de directeur de casting, un lien essentiel entre le réalisateur et les acteurs, tout cela au service du film. 

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Retrouvez-ici nos chroniques des films en compétition
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