La forme de l’eau : explications du film The shape Of Water

Explications de la fin du film

Même si la fin du film est dans l’ensemble plutôt explicite, il reste quelques zones d’ombres une fois le générique démarré.

Le troisième acte de The Shape of Water se focalise en grande partie sur l’état psychologique de Strickland qui se détériore alors qu’il cherche la personne ou les personnes responsables du vol de l’amphibien et alors qu’Elisa, de son côté, devient de plus en plus amoureuse de la créature. Au fur et à mesure que ses sentiments pour la créature grandissent, Elisa se préoccupe de la date à laquelle elle doit le libérer dans l’océan par un canal.

Lors de la dernière séquence entre les trois protagonistes, Strickland suit Elisa et la créature au canal où il leur tire dessus. La créature guérit ses propres blessures, tue Strickland en tranchant la gorge de l’homme avec ses griffes, et emmène Elisa dans l’eau où il guérit ses blessures et semble transformer les cicatrices sur sa gorge en branchies.

Mais comment interpréter tous ces évènements ? On peut faire de nombreuses théories. Beaucoup de spectateurs verront un intrigue conclue de façon très classique, avec les héros qui réussissent à vaincre le méchant, mais nous l’avons vu plutôt, le film s’émancipe grandement des codes du genre et on peut aller au-delà de ce happy end apparent et simpliste.

On l’a vu, le film est une condamnation de l’oppression sociale et morale envers les minorités et ceux qui sont différents. C’est un appel à la liberté et à l’épanouissement des êtres différents, souvent rejetés par la majorité pour des raisons quasiment toujours illégitimes. L’un des plus gros questionnement de la fin est évidemment ailleurs et concerne le personnage d’Elisa, dont le passé était déjà bien mystérieux au début de l’histoire

fin de la forme de l'eau

Elisa est-elle morte ?

“Comment ça ? qu’est-ce que vous êtes en train de me dire ? C’est encore une de vos théories foireuses comme vous faites souvent sur Oblikon avec vos explications de films ? » Peut être bien, mais on assume, et du coup on va jusqu’au bout de notre idée, que l’on vous développe dans les lignes ci-dessous.

Mais pour réellement parler de la fin du film, il faut revenir au début. Quelle est la première chose que nous voyons dans le film ? Un appartement sous l’eau. Et nous voyons Elisa flottant dans l’eau. Une voix off ouvre d’ailleurs le film, c’est celle de Giles, l’ami d’Elisa, et sa présentation se termine par un évocation sur l’amour, et le monstre qui a tenté de tout détruire.

A la fin du film, la voix off de Giles fait son retour, comme pour terminer le récit d’un conte de fées : “Si je te parlais d’elle, que dirais-je, qu’ils vécurent heureux pour toujours, je crois qu’ils l’ont fait, qu’ils étaient amoureux, qu’ils sont restés amoureux, je suis sûr que c’est vrai … Mais quand je pense à elle, à Elisa, la seule chose qui me vient à l’esprit est un poème, chuchoté par quelqu’un d’autre il y a des centaines d’années: “Incapable de percevoir ta forme, je te retrouve tout autour de moi. Cela humilie mon cœur car tu es partout. »

Les propos de Giles ne sont qu’une hypothèse, la vision d’un rêveur, d’un optimiste, d’un artiste qui souhaite que son amie soit toujours en vie. Il choisit de faire de cette histoire un conte, une histoire d’amour, comme Guillermo Del Toro. Mais la réalité de notre monde est souvent bien plus sombre, et on peut aussi penser qu’Elisa est morte et que la créature est repartie seule, ou que les deux soient morts. Qui sait, peut être même que Strickland est toujours en vie…

Même si ces oeuvres ne sont pas toutes très réussies, Guillermo Del Toro essaie toujours d’apporter une certaine finesse et une complexité à ses films. Il serait donc surprenant que la conclusion soit aussi simple qu’elle ne parait. Et même si ce n’est pas aussi flagrant que dans le Labyrinthe de Pan, les ingrédients sont toujours là pour évoquer la tragédie. Et si Strickland, le Samson de l’histoire mourait en tuant tous ses ennemis ?

On se retrouve, une fois de plus, avec un très beau film, et une fin ouverte qui permettra à chacun de se faire sa propre interprétation. Comme Del Toro, comme Giles et Elisa, je suis un romantique, et je choisis donc la fin de conte de fée… sans être certain de détenir la vérité, s’il y en a une !

Comme d’habitude, j’ai beaucoup parlé et je vous laisse maintenant la parole. Comment interprétez vous la fin du film ? Avez-vous vu d’autres aspects que j’ai oublié ?

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17 commentaires
  1. J’ai adoré le film et la critique.
    Je me posais des questions à propos de la couleur verte.
    L’artiste se fait refouler pour sa publicité car la gelée est verte et qu’on la veut rouge.
    Elisa est habillé tout le film en vert jusqu’à la nuit passée avec la creature ou elle mettre du rouge.
    La Cadillac n’est pas verte, elle est sarcelle !
    Et le film se finit par le titre qui s’affiche avec la couleur verte. Si vous avez des idées je suis preneur.

  2. A moments donnés, il est distillé et suggéré que :
    – les cicatrices sur le cou d’Elisa résultent d’une opération chirurgicale “sadique”
    – Elisa est une orpheline recueillie tout enfant abandonnée et sauvée in extremis au bord d’un marigot
    – Elisa adore se branler dans son bain
    On peut en déduire qu’Elisa est donc un monstre mutant né avec des branchies, corrigées/mutilées au prix de son mutisme, du même adn que le dieu mexicain aquatique.
    D’où leurs retrouvailles et relations compatibles des plus normales, le dieu guérisseur avatarien (transhumain germain dérivé de notre lointain ancêtre l’homo tetarus) lui redonnant ses facultés amphibiennes pour le happy end des familles converties aux monstres gentils et t héros pas beaux, tolérance vivre ensemble intégration heureuse tout ça tout ça…
    Outre cette propagande ecoco lgbt balancée pour les statuettes dorées, le scénar cousu de fils gras, comporte plusieurs artifices anti logiques, normal vu le parti pris idéologique manichéen inversé, comme cette absurdité de ne pas avoir directement reconduit en estafette notre fishman évadé à l’océan tout proche, plutôt que de le faire faisander dans une baignoire au sel de guérande et le jeter avec classe dans le trop plein d’égoût, du prochain orage bien affiché en caractères gras sur le calendrier google.

  3. Pourquoi les oeufs? Je crois avoir compris pas mal des symboles. Les doigts noircis la voiture abîmée marquant l’impuissance du personnage. La masturbation dans la baignoire qui annonce ensuite l’acte d’amour dans la même pièce. Bref rien n’est arbitraire. Alors pourquoi l’oeuf…?

  4. Attention de ne pas trahir ce très beau débit de poésie comme il est maladroitement commis dans la critique cinématographique un peu plus haut…

    « Incapable de percevoir ta forme, je te trouve tout autour de moindres
    Ta présence emplie mes yeux de ton amour
    Elle rend humble mon cœur, car tu es partout… »

  5. Oups! Erreur du clavier automatique…

    Attention de ne pas trahir ce très beau début de poésie comme il est maladroitement commis dans la critique cinématographique un peu plus haut…

    « Incapable de percevoir ta forme, je te trouve tout autour de moi
    Ta présence emplie mes yeux de ton amour
    Elle rend humble mon cœur, car tu es partout… »

  6. Je me demande qu’est-ce que Elisa a dit à Strickland en language des signes.

  7. Bonjour. Quel est l´auteur du poème à la fin du film?
    La couleur vert représente l’espoir…. il faut toujours croire en son avenir?le flottement

    Le flottement dans la pièce remplie d’eau m’a fait penser au Titanic instantanément , sans savoir pourquoi. ? Continuer comme cela v’est Super.
    Phipadilou

  8. La cpuleur vert sarcelle est typique aux années 50 début 60. Presque tout était de cette couleur. Je me souviens des appareils ménagers et petits électroménager de mes parents tous vert sarcelle. Les affiches des magasin et la voiture de mon père vert sarcelle. C’était la couleur à la mode à cette époque en Amérique.

  9. Personne n’a vu l’ombre de Darwin flotter ? La théorie de l’évolution… Nos propres facultés ignorées, insondées, inexplorées… tout comme le fond des océans… ou de la conscience
    Personne ne songe que ce film est un symbole de vie, de fécondité, d’éternité, entre l’eau et l’œuf, et ce mouvement lancinant, cette vibration perpétuelle que l’eau propage ?
    Personne ne songe que le « vert sarcelles » nous parle des frontières plus que floues entre le bleu et le vert, et nous plonge au cœur de l’englouti, des profondeurs qui restent à découvrir, en nous et autour de nous ?
    Car la couleur n’existe pas… c’est une longueur d’onde
    J’y vois donc un travail d’alchimiste, une lente fusion entre ce que nous avons été, ce que nous sommes, et ce que nous deviendrons, pour peu que nous prenions conscience de notre humanité.
    Ce film, onirique à souhait, est un appel à notre humanité, à ce qui nous fonde, à ce qui nous lie
    Ce qui flotte ici, ce qui nous entoure et nous forge, ce qui clignote bleu comme clignote « mon frère », c’est mon « âme », celle dont je suis incapable de percevoir la forme… qui rend humble… car elle est partout.
    Nous sommes ce que nous décidons d’être, des êtres vils et sans honneur ou bien des héros. Et nul doute que nous sommes à la croisée des chemins. De nos choix personnels découleront d’infinis possibles, des possibles fragiles, en devenir, et qu’il suffit juste de vouloir pour que nos branchies se révèlent et que s’ouvre la porte d’un nouveau monde …

  10. Alors là mon frère je crois que tu devrais lâcher la drogue, retirer ta chemise aux motifs fleuris, enlever la couronne de fleurs que tu portes au cou, enlever le bandeau que tu as autour de la tête, enlever tes petites lunettes rondes, jeter ton macaron “peace and love” entrer dans ta machine à remonter le temps pour quiter les années 60 et revenir en 2018 ????

  11. DOG 6256 : Il y aurait un moyen de te contacter, pour discuter d’avantage de ton point de vu ?

  12. Bravo pour les commentaires, il y en a qui vont loin…Moi aussi je suis romantique et je vois la créature et la belle vivrent heureux au fond de l’océan…Guillermo del toro est un cinéaste de l’amour, ses films baignent dans un onirisme qui me fait penser à Cocteau et la fin du film quand ils s’enlacent et s’embrassent me fait penser à la fin de la Belle et la bête du dit Cocteau…Merci M Del toro de nous faire rêver…Il était une fois…

  13. A Michèle Sauvage : JE SUIS UNE FILLE pour le cas où le message s’adressait à moi. A Yunity : comment fait-on? Je ne souhaite pas spécialement donner mes coordonnées ici sur le web… ???

  14. Un pan important de l’analyse devrait concerner la dimension mythologique :
    – le cinéma Orpheus, et la créature à la fin qui, tel Orphée, essaie de ramener à la vie son Eurydice/Elisa,
    – ce même cinéma qui diffuse le film du Livre de Ruth (grand-mère du Roi David),
    – Samson et Dalila, bien sûr,
    – les chats de Giles (Thor, Pandore, etc.)
    Il y a tant et tant de références à ces récits anciens…

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