La forme de l’eau : explications du film The shape Of Water

Les thématiques du film The Shape of Water

Des fées et des monstres

Nous l’avons évoqué précédemment, le film de Guillermo Del Toro joue avec de nombreux genres : conte de fée, film de monstre et même un peu d’horreur, et bien sûr, de romance. Le tout avec beaucoup d’humour bien sûr.

Pour ce qui est du conte de fée, on pense notamment aux histoires de femmes qui transforment ces hommes victimes d’une malediction (La belle et la bête) en beaux princes charmants. Ces histoires transmettent l’idée que les femmes humanisent les hommes autant qu’elles les apprivoisent. Un concept également très souvent reproduit dans les comédies romantiques produites ces dernières années.

Dans la forme de l’eau, C’est Elisa qui est le moteur de l’action et qui va mettre en place un stratagème pour sauver la créature. En revanche, c’est la créature qui transforme Elisa à la fin du film pour lui permettre de respirer sous l’eau. Elle n’est plus complètement humaine, en tout cas pas comme les autres, mais l’a t’elle vraiment été un jour ? Guillermo Del Toro joue avec le concept d’humanité et s’interroge sur la véritable bonté des êtres humains et de la société.

Les codes du film de monstre sont bien présents, mais la aussi ils sont transgressés. Si le monstre a souvent été objet de désir ou de fascination pour la femme et/ou inversement (King Kong, Le monstre du lac…), l’histoire finit très souvent toujours de la même manière : le monstre est vaincu ou au mieux repart dans son monde, avec le femme qui reste souvent avec un héros humain masculin et brave. Dans The Shape Of Water, il y a un aspect romantique beaucoup plus poussé. L’histoire d’amour prend même le dessus sur les autres enjeux au fur et à mesure que le film avance, et surtout, le monstre n’est pas vaincu à la fin. A moins que le véritable monstre du film soit bien sûr Strickland. Dans tous les cas, le désir romantique est réalisé dans le film, et à la fin, les deux protagonistes peuvent donner libre court à leur amour.

sally hawkins

La tentation de la religion

Strickland, le bad guy du film, fait de nombreuses références à la Bible – en particulier à Samson et à Dalila. Celui-ci semble d’ailleurs clairement se reconnaitre en Samson, et compare d’une certaine manière Elisa à Dalila.

Pour la petite histoire, Samson est un homme puissant avec une force plus grande que tout autre homme. Il tombe amoureux de Dalila. Cependant, il est trahi par Dalila, qui utilise l’amour de Samson envers elle pour apprendre le secret de son pouvoir et elle donne cette information à ses ennemis. Au plus bas, Samson se tourne vers Dieu pour obtenir de l’aide et se voit accorder une fois de plus sa force. Il l’utilise pour faire tomber un temple sur la tête de tous ses ennemis, se suicidant avec eux. Il se croit béni par Dieu avec force, comme l’Amérique d’hier et d’aujourd’hui, et guidé dans son combat pour “le bien”.

Quelles sont les intentions de Del Toro avec la religion alors ? Comme avec Mother de Darren Aronofsky, également présenté à Venise mais beaucoup moins bien accueilli, on peut trouver le parallèle assez superflu et pas très évident. De la manière dont Strickland raconte l’histoire, il considère évidemment la vengeance de Samson contre ses ennemis, même au détriment de sa propre vie, comme une victoire.

Mais dans La forme de l’eau, Strickland est souvent représenté en train de faire preuve d’hypocrisie dans son rapport à la religion et aux autres. Il est orgueilleux mais demande à ceux qui l’entourent de faire preuve d’humilité. Il utilise son propre pouvoir pour saper les autres mais ne tolère pas d’être interrogé par son supérieur. Il est religieux mais utilise la religion pour satisfaire ses propres besoins.

A la fin, après avoir vu la créature survivre à ses nombreuses blessures par balles, il est forcé de reconnaître les failles de cette pensée, comme en témoigne sa réplique : «Tu es un dieu». Toute la vision de Strickland sur la religion est remise en cause à la fin. Bien qu’il ait précédemment dit que les hommes étaient faits à l’image de Dieu, il remet en question ses croyances en reconnaissant la créature comme un dieu.

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17 commentaires
  1. J’ai adoré le film et la critique.
    Je me posais des questions à propos de la couleur verte.
    L’artiste se fait refouler pour sa publicité car la gelée est verte et qu’on la veut rouge.
    Elisa est habillé tout le film en vert jusqu’à la nuit passée avec la creature ou elle mettre du rouge.
    La Cadillac n’est pas verte, elle est sarcelle !
    Et le film se finit par le titre qui s’affiche avec la couleur verte. Si vous avez des idées je suis preneur.

  2. A moments donnés, il est distillé et suggéré que :
    – les cicatrices sur le cou d’Elisa résultent d’une opération chirurgicale “sadique”
    – Elisa est une orpheline recueillie tout enfant abandonnée et sauvée in extremis au bord d’un marigot
    – Elisa adore se branler dans son bain
    On peut en déduire qu’Elisa est donc un monstre mutant né avec des branchies, corrigées/mutilées au prix de son mutisme, du même adn que le dieu mexicain aquatique.
    D’où leurs retrouvailles et relations compatibles des plus normales, le dieu guérisseur avatarien (transhumain germain dérivé de notre lointain ancêtre l’homo tetarus) lui redonnant ses facultés amphibiennes pour le happy end des familles converties aux monstres gentils et t héros pas beaux, tolérance vivre ensemble intégration heureuse tout ça tout ça…
    Outre cette propagande ecoco lgbt balancée pour les statuettes dorées, le scénar cousu de fils gras, comporte plusieurs artifices anti logiques, normal vu le parti pris idéologique manichéen inversé, comme cette absurdité de ne pas avoir directement reconduit en estafette notre fishman évadé à l’océan tout proche, plutôt que de le faire faisander dans une baignoire au sel de guérande et le jeter avec classe dans le trop plein d’égoût, du prochain orage bien affiché en caractères gras sur le calendrier google.

  3. Pourquoi les oeufs? Je crois avoir compris pas mal des symboles. Les doigts noircis la voiture abîmée marquant l’impuissance du personnage. La masturbation dans la baignoire qui annonce ensuite l’acte d’amour dans la même pièce. Bref rien n’est arbitraire. Alors pourquoi l’oeuf…?

  4. Attention de ne pas trahir ce très beau débit de poésie comme il est maladroitement commis dans la critique cinématographique un peu plus haut…

    « Incapable de percevoir ta forme, je te trouve tout autour de moindres
    Ta présence emplie mes yeux de ton amour
    Elle rend humble mon cœur, car tu es partout… »

  5. Oups! Erreur du clavier automatique…

    Attention de ne pas trahir ce très beau début de poésie comme il est maladroitement commis dans la critique cinématographique un peu plus haut…

    « Incapable de percevoir ta forme, je te trouve tout autour de moi
    Ta présence emplie mes yeux de ton amour
    Elle rend humble mon cœur, car tu es partout… »

  6. Je me demande qu’est-ce que Elisa a dit à Strickland en language des signes.

  7. Bonjour. Quel est l´auteur du poème à la fin du film?
    La couleur vert représente l’espoir…. il faut toujours croire en son avenir?le flottement

    Le flottement dans la pièce remplie d’eau m’a fait penser au Titanic instantanément , sans savoir pourquoi. ? Continuer comme cela v’est Super.
    Phipadilou

  8. La cpuleur vert sarcelle est typique aux années 50 début 60. Presque tout était de cette couleur. Je me souviens des appareils ménagers et petits électroménager de mes parents tous vert sarcelle. Les affiches des magasin et la voiture de mon père vert sarcelle. C’était la couleur à la mode à cette époque en Amérique.

  9. Personne n’a vu l’ombre de Darwin flotter ? La théorie de l’évolution… Nos propres facultés ignorées, insondées, inexplorées… tout comme le fond des océans… ou de la conscience
    Personne ne songe que ce film est un symbole de vie, de fécondité, d’éternité, entre l’eau et l’œuf, et ce mouvement lancinant, cette vibration perpétuelle que l’eau propage ?
    Personne ne songe que le « vert sarcelles » nous parle des frontières plus que floues entre le bleu et le vert, et nous plonge au cœur de l’englouti, des profondeurs qui restent à découvrir, en nous et autour de nous ?
    Car la couleur n’existe pas… c’est une longueur d’onde
    J’y vois donc un travail d’alchimiste, une lente fusion entre ce que nous avons été, ce que nous sommes, et ce que nous deviendrons, pour peu que nous prenions conscience de notre humanité.
    Ce film, onirique à souhait, est un appel à notre humanité, à ce qui nous fonde, à ce qui nous lie
    Ce qui flotte ici, ce qui nous entoure et nous forge, ce qui clignote bleu comme clignote « mon frère », c’est mon « âme », celle dont je suis incapable de percevoir la forme… qui rend humble… car elle est partout.
    Nous sommes ce que nous décidons d’être, des êtres vils et sans honneur ou bien des héros. Et nul doute que nous sommes à la croisée des chemins. De nos choix personnels découleront d’infinis possibles, des possibles fragiles, en devenir, et qu’il suffit juste de vouloir pour que nos branchies se révèlent et que s’ouvre la porte d’un nouveau monde …

  10. Alors là mon frère je crois que tu devrais lâcher la drogue, retirer ta chemise aux motifs fleuris, enlever la couronne de fleurs que tu portes au cou, enlever le bandeau que tu as autour de la tête, enlever tes petites lunettes rondes, jeter ton macaron “peace and love” entrer dans ta machine à remonter le temps pour quiter les années 60 et revenir en 2018 ????

  11. DOG 6256 : Il y aurait un moyen de te contacter, pour discuter d’avantage de ton point de vu ?

  12. Bravo pour les commentaires, il y en a qui vont loin…Moi aussi je suis romantique et je vois la créature et la belle vivrent heureux au fond de l’océan…Guillermo del toro est un cinéaste de l’amour, ses films baignent dans un onirisme qui me fait penser à Cocteau et la fin du film quand ils s’enlacent et s’embrassent me fait penser à la fin de la Belle et la bête du dit Cocteau…Merci M Del toro de nous faire rêver…Il était une fois…

  13. A Michèle Sauvage : JE SUIS UNE FILLE pour le cas où le message s’adressait à moi. A Yunity : comment fait-on? Je ne souhaite pas spécialement donner mes coordonnées ici sur le web… ???

  14. Un pan important de l’analyse devrait concerner la dimension mythologique :
    – le cinéma Orpheus, et la créature à la fin qui, tel Orphée, essaie de ramener à la vie son Eurydice/Elisa,
    – ce même cinéma qui diffuse le film du Livre de Ruth (grand-mère du Roi David),
    – Samson et Dalila, bien sûr,
    – les chats de Giles (Thor, Pandore, etc.)
    Il y a tant et tant de références à ces récits anciens…

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