Cannes 2015 : Dheepan, le film Palme d’Or de Jacques Audiard

Dheepan est le nouveau film du réalisateur Jacques Audiard. Si le langage le plus utilisé dans le film est le Tamoul, langue des personnages principaux, le film se déroule surtout en France, dans une cité de banlieue. Dheepan a permis à Jacques Audiard de remporter la Palme d’Or lors du 68e Festival de Cannes en 2015. Attention, cette critique est garantie 100% spoilers.

Synopsis

Fuyant la guerre civile au Sri Lanka, un ancien soldat, une jeune femme et une petite fille se font passer pour une famille. Réfugiés en France dans une cité sensible, se connaissant à peine, ils tentent de se construire un foyer.

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Critique du film

Comme souvent avec Jacques Audiard, le film ne se résume pas un seul genre et à une seule thématique. Si l’on devait catégoriser la première partie du film, ce serait un film social (Comme, déjà, La loi du marché, également sélectionné au Festival). En suivant l’arrivée en France de cette famille imaginaire, Jacques Audiard parle forcément d’immigration et d’intégration pour les étrangers venus chercher un monde meilleur en France.

Les difficultés de chacun le sont dans cette nouvelle société, bien sûr, mais aussi au sein de cette famille qui n’est pas vraiment la leur. A ce petit jeu là, certains parallèles entre la famille et la société sont plutôt bien sentis. Dheepan est aussi un certain portrait d’une certaine banlieue, d’une certaine population qui les habite, à savoir les “voyous” pour reprendre les termes du film. On pense un peu à The Wire lorsque l’on découvre les codes et le quotidien de cette cité, de manière presque documentaire.

Jacques Audiard fait les choses avec brio, et pour ne jamais perdre l’intérêt des spectateurs, il n’hésite pas, à petite dose, à disséminer quelques dialogues avec de l’humour, entre les personnages de Dheepan (l’homme) et Yalini (la femme), mais aussi par l’intermédiaire de Brahim, le voyou à priori sympathique. Ces trois personnages sont particulièrement réussis et attachants et on peut louer le travail du réalisateur pour éviter tout manichéisme. Ils auront tous, tour à tour, leurs bons moments et leurs moments plus sombres.

Dheepan empêchera par exemple Yalini de rejoindre l’Angleterre, son véritable objectif. Yalini lui montrera également un visage surprenant lorsqu’elle rappellera à Dheepan que cette famille n’est qu’une mascarade tandis que Brahim, par l’intermédiaire de son gang, révélera une nature beaucoup moins agréable que l’image qu’il se donne.

Lorsque les premiers coups de feu retentiront dans la cité et que la tranquillité laissera place à la violence qui rappelle trop la guerre civile vécue au Sri Lanka, les personnages, et le film avec eux, ne seront plus tout à fait les mêmes. Le film ne sera plus vraiment social, il sera plus instinctif, plus brutal, mais aussi paradoxalement plus lyrique.

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Avec la dernière partie de son film, Jacques Audiard, revisite à sa manière la mythe du Vigilante, vu et revu dans le cinéma américain. Mais il le fait avec bien plus de finesse que ce que l’on voit dans le genre habituellement, tout en adoptant une mise en scène et un rythme dynamiques et efficaces qui rappellent le cousin américain. Le bain de sang n’était peut être pas indispensable à cette histoire de famille recomposée qui se suffisait à elle même pour faire un bon film, mais c’est aussi ce qui fait prendre de l’ampleur au film, le sortir de son statut, de son genre, pour prendre une autre dimension.

Alors que le film change de genre, qu’il quitte le film social, presque documentaire pour aller vers la fiction pure et dure, dans l’irréel, c’est le contraire qui s’opère avec ces trois immigrés que nous suivons depuis le début du film. La fausse famille devient réalité, et c’est pour cette réalité que l’homme va choisir de combattre plutôt que le combat abstrait du passé, qu’il aurait pu continuer de suivre. Le film passe progressivement du parcours d’une famille au combat d’un homme. Il s’est d’abord battu pour son territoire, et en reprenant les mêmes armes, en utilisant la même violence, il se bat “pour sa femme”, pour une famille qu’il souhaite construire, et peut être aussi pour se reconstruire un peu lui-même, qui a peut être finalement enfin trouvé une identité qu’il pouvait chercher dans ses combats passé.

Enfin, il y a cette toute dernière séquence sous forme de happy end, qui est certainement la plus ambiguë du film. Beaucoup de spectateurs voudront plus d’explications : Certains la penseront réelle, d’autres la verront comme un rêve, un désir non assouvi par cet homme qui est revenu à ses démons et qui fantasme un idéal déjà inaccessible.

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3 commentaires
  1. J’ai absolument adoré le film et il mérite bien sa palme d’or. L’avant-dernière scène est à mon avis la plus géniale, mais je ne veux pas trop en dire aux spectateurs pour laisser une part de suspense.

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