Alex De La Iglesia est un réalisateur atypique dans le cinéma espagnol actuel. Si on caricature un peu, il y a d’un coté les auteurs comme Amenabar et Almodovar et de l’autre les réalisateurs de films d’horreur « adultes ». Lui préfère des séries B plus légères, tout en étant très appréciées des cinéphiles.
Synopsis
En plein jour, un groupe d’hommes braque un magasin d’or de la Puerta del Sol à Madrid. José, père divorcé en plein conflit avec son ex-femme, Tony, son complice, sex-symbol malgré lui, Manuel, chauffeur de taxi embarqué contre son gré dans l’aventure, et Sergio, le fils de José, partent en cavale. Objectif : atteindre la France en échappant à la police… Mais arrivé près de la frontière française, dans le village millénaire de Zugarramurdi, le groupe va faire la rencontre d’une famille de sorcières, bien décidées à user de leurs pouvoirs maléfiques pour se venger des hommes…
Critique du film
Un jour de chance, le dernier film d’Alex De La Iglesia sonnait un peu comme un rupture dans la filmographie du réalisateur. Il livrait un film plus sérieux, sur fond de crise économique, ou le cynisme remplaçait l’humour plus léger. Le résultat n’était pas forcément mémorable. Avec Les sorcières de Zugarramurdi, le réalisateur revient à un univers plus proche du sien.
La scène d’ouverture reprend les codes des films de braquage avec brio. La mise en scène est nerveuse et la tension pourrait facilement monter si le réalisateur ne mettait pas autant d’humour. Le résultat est très efficace, et dès le début on rigole des situations et surtout des personnages. Après 30 minutes de fuite vers la frontière française, le film change radicalement de genre, un peu comme Une nuit en enfer en son temps. On passe du film de braquage au film de sorcière. Mais l’humour du réalisateur reste omniprésent.
Le résultat est une honnête série B qui se regarde avec beaucoup de plaisir. Ce qui fait aussi la force du film, c’est que même sans l’humour, le film pourrait être intéressant. Alex De La Iglesia a construit un background suffisamment solide qui ferait pâlir de nombreux films de genre « plus ambitieux ».
Le rythme ne baisse jamais, et toutes les 10/15 minutes, une nouvelle séquence bien pensée vient en remplacer une autre. L’humour est toujours omniprésent et bienvenu, même si certains pourront regretter le machisme du film. En même temps, c’est fait avec tellement de dérision qu’il faut savoir prendre du recul.
Le film ne restera peut-être pas dans les annales, mais c’est aussi la faute à son origine et sa diffusion. Il y a fort à parier que si ce film avait été fait aux US, il aurait pu prétendre au statut de série B culte auprès de nombreux cinéphiles amateurs de films de genre.